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Le président argentin Milei subit une défaite écrasante aux élections provinciales

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c99909bd8d8a0044231953893b47b35e283281791c8f23c891c6fab812873ff7.jpg Le président Javier Milei, à gauche, et sa sœur, la secrétaire générale de la présidence Karina Milei, au premier plan à droite, apparaissent après la fermeture des bureaux de vote pour les élections législatives provinciales à La Plata, en Argentine, le dimanche 7 septembre 2025. (AP Photo/Gustavo Garello)

Le président argentin Javier Milei a subi dimanche un revers cuisant aux élections provinciales de Buenos Aires, considérées comme un indicateur des résultats de son parti libertaire lors des élections législatives cruciales de mi-mandat du mois prochain.

Le parti récemment fondé par Milei, La Libertad Avanza, n'a recueilli que 34 % des voix dans la plus grande province d'Argentine, perdant largement face à l'opposition péroniste de gauche, qui a obtenu 47 % des voix après le dépouillement de la majorité des bulletins dimanche soir.

Le président Milei a reconnu que la défaite écrasante de 13 points de son parti de droite face à ses rivaux populistes constituait «une défaite claire».

«Si quelqu'un veut reconstruire et aller de l'avant, la première chose à faire est d'accepter les résultats, a-t-il déclaré, l'air sombre, à ses partisans au siège du parti. Ils n'étaient pas positifs. Nous avons subi un revers, et nous devons l'accepter avec responsabilité.»

Alors que les proches de M. Milei sont empêtrés dans un scandale de corruption et peinent à stabiliser une économie en difficulté à l'approche des élections de mi-mandat au Congrès fin octobre, les résultats sont scrutés de près, car ils pourraient ébranler les investisseurs et perturber les marchés mondiaux.

Alors que les analystes anticipaient une défaite de La Libertad Avanza de quelques points face aux péronistes, ses alliés craignent qu'un résultat pire que prévu dans la province de Buenos Aires — qui représente près de 40 % de la population du pays — ne galvanise ses rivaux à un moment critique.

Il doit renforcer la faible minorité de son parti au Congrès, dominé par l'opposition, lors des élections de mi-mandat du mois prochain afin de concrétiser sa vision libertaire radicale pour l'économie argentine en crise.

«Ce résultat est un élément clé pour comprendre le climat social : la position de l'opposition, l'état du péronisme et le niveau de soutien au gouvernement dans la circonscription électorale la plus importante d'Argentine», a expliqué Juan Cruz Díaz, directeur du cabinet de conseil Cefeidas Group à Buenos Aires. Bien qu'il ne s'agisse pas de l'élection nationale principale d'octobre, il s'agit néanmoins d'un signal d'alarme pour le gouvernement, et sa réaction sera cruciale pour comprendre l'évolution de la carte politique.

Bien que M. Milei puisse se vanter d'avoir fait baisser l'inflation à trois chiffres en Argentine et d'avoir mis fin aux dépenses inconsidérées de ses prédécesseurs péronistes, les Argentins n'ont pas encore profité de la reprise économique qui était censée suivre les conséquences de ses sévères mesures d'austérité.

Son gouvernement a levé les restrictions monétaires complexes imposées à l'Argentine dans le cadre d'un plan de sauvetage de 20 milliards $ US du Fonds monétaire international, mais il n'a pas encore gagné la confiance des financiers internationaux qui apporteraient les investissements nécessaires pour créer des emplois et dynamiser la croissance économique.

«Milei a une idéologie très forte, et sa vision est que l'État doit avoir un impact minimal et que les investissements doivent provenir du secteur privé. Mais cela ne s'est pas encore concrétisé», a expliqué Ana Iparraguirre, analyste politique argentine et associée au cabinet de stratégie GBAO, basé à Washington.

L'ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner, qui demeure la dirigeante péroniste la plus influente malgré une condamnation pour corruption qui l'a bannie à vie de la vie politique et assignée à résidence, a profité de l'occasion pour se moquer de son plus grand ennemi politique. 

«Tu as vu ce Milei ? a écrit l'ancienne présidente aux deux mandats (2007-2015) sur le réseau social X. Sors de ta bulle, mon frère (…) La situation devient pesante.»