Début du contenu principal.
L'acteur américain Sidney Poitier, qui a transformé la façon dont les Noirs étaient représentés au grand écran, est décédé jeudi. Il avait 94 ans.
Le grand interprète de «Dans la chaleur de la nuit» et «Devine qui vient dîner?» est décédé jeudi aux Bahamas, a annoncé Eugène Torchon-Newry, directeur par intérim du ministère des Affaires étrangères de cet archipel.
Premier acteur noir à remporter un Oscar pour un rôle principal, en 1964, dans «Le Lys des champs», il a aussi été le premier Afro-Américain à tenir le haut de l'affiche aux États-Unis.
Peu de vedettes de cinéma, noires ou blanches, ont eu une telle influence à la fois à l'écran et à la ville. Avant Sidney Poitier, fils de producteurs de tomates aux Bahamas, aucun acteur noir n'avait connu une carrière soutenue dans de premiers rôles _ ou ne pouvait attirer les foules dans les salles de cinéma sur la seule base de son pouvoir de «star».
Avant lui, peu d'acteurs noirs avaient eu le culot de rompre avec les stéréotypes des personnages noirs de «serviteurs» et de «comiques souriants». Avant lui, les réalisateurs hollywoodiens essayaient même rarement de raconter l'histoire d'un personnage noir.
L'essor de Sidney Poitier reflète les profondes mutations de ce pays dans les années 1950 et 1960 _ il faut revoir «Dans la chaleur de la nuit» et «Devine qui vient dîner?». Alors que les attitudes raciales évoluaient aux États-Unis à l'époque des droits civiques et que les lois sur la ségrégation étaient contestées et invalidées par les tribunaux, Sidney Poitier était l'artiste vers lequel une industrie hollywoodienne prudente se tournait pour raconter des histoires progressistes.
Il a ainsi été le condamné noir évadé qui se lie d'amitié avec un prisonnier blanc raciste (Tony Curtis) dans «La Chaîne» (1958). Il a été l'employé de bureau courtois qui tombe amoureux d'une fille blanche aveugle dans «Un coin de ciel bleu» (1965).
Dans l'un de ses grands rôles à la scène et au grand écran, il a été le jeune père ambitieux dont les rêves se heurtent à ceux des autres membres de sa famille dans «Un raisin au soleil» de Lorraine Hansberry.
Les débats actuels sur la diversité à Hollywood se tournent inévitablement et invariablement vers le parcours de Sidney Poitier. Il aura été pendant des années non seulement la vedette de cinéma noire la plus populaire, mais la seule.