Début du contenu principal.
Ottawa et Québec devraient soutenir les entreprises canadiennes avant de donner des subventions aux entreprises étrangères pour développer la filière batterie, plaide le grand patron de la Banque Nationale.
Laurent Ferreira n’est «pas un grand fan de subventions pour attirer des entreprises étrangères au pays». Il a fait connaître son opinion devant 1300 personnes du milieu des affaires lors d’une allocution, jeudi, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
«À long terme, je ne pense pas que c'est une bonne idée de taxer plus les entreprises canadiennes et de donner des subventions à Stellantis et Volkswagen», tranche-t-il.
Le président et chef de la direction de la Chambre, Michel Leblanc, a semblé surpris par les commentaires de son invité. Il a mentionné que ce genre d’intervention gouvernementale bénéficiait d’un certain appui au sein de la communauté d’affaires.
À la blague, M. Leblanc a toutefois souligné que les deux projets cités étaient en Ontario. «Ok, celles-là sont en Ontario, je suis bien d’accord avec toi», a-t-il dit, provoquant un rire dans la salle.
En entrevue en marge de son allocution, M. Ferreira a précisé que ce commentaire était également valable pour les subventions à la filière batterie déployées au Québec.
Le fédéral et Québec devraient plutôt prioriser le soutien aux entreprises canadiennes, estime le président et chef de la direction de la Banque Nationale. «Mon point là-dessus, c'est que quand on donne des subventions aux compagnies étrangères, c'est qu'elles vont directement dans la poche des actionnaires étrangers qui ne sont principalement pas canadiens. Je doute de ce modèle, à plus long terme, dans la création de richesse.»
Il ajoute que l’économie canadienne a besoin davantage d’investissements au Canada. Il fait référence à un commentaire de son économiste en chef, Stéfane Marion, qui a fait une présentation dans le cadre du même événement, selon lequel les grands régimes de retraite canadiens n’investissaient pas suffisamment au Canada.
L’intervention de M. Ferreira survient au moment où les gouvernements déploient des milliards de dollars pour attirer des entreprises étrangères dans la filière batterie.
Le Canada pourrait consacrer près de 13 milliards $ dans le projet de Volkswagen, qui veut construire une usine de batteries pour véhicules électriques à St. Thomas en Ontario. L’aide à Stellantis pourrait atteindre 15 milliards $ pour son usine de batteries de Windsor.
Le Québec n’est pas en reste. Ottawa et Québec ont accordé une aide de 640 millions $ pour l’usine de Ford à Bécancour. Celle de GM-Posco, pour sa part, a profité d’un soutien de près de 300 millions $ des deux ordres de gouvernement.
Le gouvernement Legault serait sur le point d’officialiser la construction d’un projet du fabricant de cellules suédois Northvolt dans la Vallée-du-Richelieu et une importante aide budgétaire est anticipée.