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Les échantillons analysés «suggèrent que les travaux de construction de l’usine Northvolt» ont favorisé le relargage dans la rivière Richelieu de divers contaminants de l’ancien site industriel.
Des substances toxiques, qui proviendraient d’une autre époque, s’écouleraient dans la rivière Richelieu à partir du site de Northvolt, selon des organisations qui ont présenté leurs résultats lundi matin à Montréal.
Le Comité Action Citoyenne - Projet Northvolt (CAC), la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ont fait analyser des échantillons d’eau et de sédiments qui proviendraient du site de Northvolt par un laboratoire certifié.
Les échantillons analysés «suggèrent que les travaux de construction de l’usine Northvolt» ont favorisé le relargage dans la rivière Richelieu de divers contaminants provenant de l’ancien site industriel.
Les organisations SNAP Québec, SVP et CAC se disent particulièrement préoccupées par la «présence de concentrations élevées de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui dépassent jusqu’à huit fois le critère sédimentaire pour la protection du milieu aquatique».
Le gouvernement canadien considère les HAP comme des substances toxiques et cancérigènes pouvant affecter la santé humaine et l’environnement.
L'écotoxicologue à la Société pour vaincre la pollution Daniel Green a expliqué avoir observé des écoulements d’eau de ruissellement provenant du site de construction de Northvolt à partir de photos satellites et de photos provenant de drones.
Il a précisé que des photos aériennes prises après de fortes pluies au mois de juin et au mois d’août 2024 montrent «que le site est saturé d’eau, engorgé d’eau» et qu’on «voit les traces d’eau de ruissellement se diriger dans la rivière Richelieu» à partir de l’usine en construction.
Il a expliqué que des échantillons d’eau et de sédiments, provenant de ruissellements, ont été recueillis au mois de septembre 2024 par le groupe de citoyens le long du littoral de la rivière Richelieu.
«Il y a des écoulements du site, c’est visible, on a échantillonné des écoulements» et «il y a des échappements du site qui contaminent l’environnement. C’est ce que nos données démontrent», a affirmé Daniel Green lors d'une conférence de presse.
Le biologiste et directeur général de la SNAP Québec, Alain Branchaud, a ajouté que «Northvolt fait des efforts pour empêcher le rejet de contaminants». Mais «est-ce qu’elle en fait suffisamment?, la réponse est non».
L’écotoxicologue Daniel Green a expliqué avoir appliqué le protocole d’échantillonnage de sédiments et d’eau de surface du ministère de l’Environnement du Québec et organisé une formation de citoyens «pour leur montrer comment échantillonner».
Les citoyens ont utilisé «des bouteilles sellées, remises par le laboratoire» qui a analysé les échantillons.
«Ce qui est intéressant dans le fait d’utiliser des citoyens, c’est qu’ils connaissent le territoire, ils passent devant Northvolt tous les jours» et «si nous avons identifié des écoulements, c’est parce que les citoyens nous disaient “ça coule là!"», a expliqué M. Green.
Les contaminants, selon lui, sont sur le site depuis l'époque où l'endroit appartenait à la compagnie CIL, mais ce sont les travaux de Northvolt, a-t-il affirmé, qui permettent aux contaminants de s'échapper du site et d'atteindre la rivière, notamment parce que beaucoup d'arbres ont été coupés.
«C’est une initiative citoyenne, ce sont des fonds de citoyens qui ont permis de faire l’échantillonnage,» mais «ce n’est pas à nous de faire ça», mais au gouvernement, a pour sa part dénoncé Arianne Labonté, membre du comité de citoyens.
La rivière Richelieu est la première victime de cette contamination industrielle, selon SNAP Québec.
«Nous sommes particulièrement inquiets de voir surgir une nouvelle menace à la survie et au rétablissement du chevalier cuivré», a indiqué Alain Branchaud.
Ce poisson n’existe nulle part ailleurs au monde qu’au Québec, dans le secteur situé entre le Lac Saint-Louis et le Lac Saint-Pierre et particulièrement dans l’estuaire de la rivière Richelieu.
«Le cycle de vie de cette espèce unique au Québec la rend particulièrement vulnérable à la contamination aquatique», a ajouté Alain Branchaud.
Les trois organisations demandent «la prise en charge des analyses toxicologiques par les deux ministères de l’Environnement» et aussi «la mise en place d’un système de confinement et de traitement de l’eau pour éviter la contamination de la rivière Richelieu».
À voir aussi : Coupures chez Northvolt: «Une autre tuile qui s’abat sur la compagnie»
Le terrain où compte s'établir Northvolt en Montérégie a longtemps été un site industriel.
Tout au long du 20e siècle, le terrain était la propriété d’entreprises de production d’explosifs.
La municipalité de McMasterville a d’ailleurs été ainsi nommée en l’honneur de William McMaster, premier président de la Canadian Explosives Company en 1910.
Dans les années 2000, et jusqu’en 2015, le site a servi à des entreprises de fabrication de produits chimiques et de peintures.
Durant cette même période, il a également fait l’objet de travaux de décontamination et de végétalisation.