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Les groupes d'entreprises ont continué d'appeler le gouvernement fédéral à prendre des mesures à la suite du conflit des travailleurs portuaires de la Colombie-Britannique, plaidant qu'Ottawa doit veiller à ce qu'une telle perturbation ne se reproduise plus jamais.
Toutefois, le gouvernement fédéral marche sur une corde raide difficile entre les demandes du milieu des affaires et la protection des droits constitutionnels des travailleurs, ont déclaré des experts du travail.
«D'une part, ils ne veulent évidemment pas offenser la très puissante communauté des gens d'affaires. D'autre part, ils ne veulent pas s'aliéner les groupes ouvriers qu'ils courtisent depuis des années», a expliqué Larry Savage, professeur au département d'études sociales de l'Université Brock, en Ontario.
Le syndicat représentant environ 7400 travailleurs portuaires de la Colombie-Britannique a annoncé, vendredi, que les membres avaient voté à près de 75% en faveur de leur dernière offre de contrat, mettant fin à cinq semaines de turbulences qui ont arrêté l'expédition de milliards de dollars de marchandises. Cette situation incluait une grève de 13 jours, qui a commencé le jour de la fête du Canada, affectant plus de 30 terminaux portuaires de la Colombie-Britannique et d'autres sites connexes.
Après l'annonce des résultats du vote de ratification, le ministre fédéral du Travail, Seamus O'Regan, a publié une déclaration indiquant qu'il ordonnait aux fonctionnaires fédéraux d'examiner l'ensemble du dossier afin d'éviter qu'une perturbation portuaire de cette ampleur ne se produise à l'avenir.
«Cette mésentente a entraîné de graves perturbations au sein de nos chaînes d'approvisionnement, fragilisant notre réputation sur la scène internationale en tant que partenaire d'échanges commerciaux fiable. Nous ne voulons plus jamais que ça se reproduise», a écrit M. O'Reagan, ajoutant que d'autres détails seront communiqués sous peu.
Le gouvernement libéral a subi d'intenses pressions pour régler le différend portuaire dans les dernières semaines, a évoqué M. Savage.
Des groupes d'entreprises et certains dirigeants politiques ont appelé à une législation de retour au travail au milieu du conflit, et affirment que des mesures concrètes sont encore nécessaires maintenant qu'il a pris fin. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante demande au gouvernement fédéral de désigner les ports comme un service essentiel, et renonce à sa promesse d'interdire les travailleurs de remplacement.
La grève et l'incertitude qu'elle a causée ont coûté cher aux petites entreprises, a affirmé samedi le président de la fédération, Dan Kelly, par voie de communiqué.
«Bien que l'arrêt de travail soit terminé, il faudra des semaines pour que l'arriéré de travail soit traité et, par conséquent, les conséquences financières pour les petites entreprises à travers le Canada seront difficiles pour les mois à venir», a-t-il écrit.
M. Kelly a dit que la situation montre un besoin urgent de repenser les lois du travail canadiennes afin que l'économie en général et la réputation internationale du Canada soient prises en compte dans les cas de grèves et de «lock-out» dans des domaines critiques.
La Chambre de commerce du Canada est également intervenue. Son vice-président, Robin Guy, a publié une déclaration disant qu'Ottawa doit «envisager de fournir de nouveaux outils qui peuvent être utilisés lors des conflits de travail dans les secteurs qui sont essentiels à la chaîne d'approvisionnement du Canada».
Les changements réclamés par les groupes de gens d'affaires, s'ils étaient adoptés, affaibliraient les droits et les pouvoirs des travailleurs dans les négociations et balayeraient les questions clés sous le tapis, a affirmé Barry Eidlin, professeur agrégé de sociologie à l'Université McGill, spécialisé dans les mouvements ouvriers et la politique du travail.
Toutefois, certains changements seraient également difficiles à adopter, a-t-il dit. Les travailleurs ont des droits constitutionnels en matière d'action ouvrière, y compris la grève.
Les libéraux et le NPD ont promis une législation antibriseurs de grève dans le cadre de leur accord de confiance, a noté M. Savage, ce que le mouvement syndical demande depuis plus de deux décennies.