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Les enquêteurs génétiques du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec et les corps policiers sont sur le point de s’affranchir de leur dépendance aux laboratoires privés américains.
Les enquêteurs génétiques du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec (LSJML) et les corps policiers sont sur le point de s’affranchir de leur dépendance aux laboratoires privés américains.
De nouvelles technologies mises à leur disposition pourraient même les aider à élucider des crimes non résolus.
La direction du laboratoire a présenté aux médias, mardi, les nouveaux outils technologiques et procédures qui viennent d’être implantés ou qui sont en voie de l’être.
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Outre l’avancement de dossiers non résolus, ces technologies viendront soutenir les enquêtes sur les personnes disparues, l’identification de restes humains et, surtout, la résolution de crimes graves tels que des meurtres, tentatives de meurtres, agressions sexuelles et crimes en série.
«Pour nos familles au Québec ou les victimes elles-mêmes, c'est important de pouvoir donner des réponses, de pouvoir orienter et soutenir les services de police dans leurs enquêtes», a fait valoir la directrice générale du laboratoire, Suzanne Marchand, lors d’un breffage technique sur ces nouveaux outils.
La résolution de dossiers qui demeurent un mystère pour les forces policières, communément appelés «cold cases», apparaît désormais réalisable, selon la directrice de la biologie au LSJML, Diane Séguin.
«Ces technologies ont beaucoup de potentiel. On travaille actuellement sur certains dossiers. On a beaucoup d'espoir que certains dossiers soient résolus par ces nouvelles techniques d'enquête», a-t-elle confié. Les représentantes du laboratoire ont toutefois averti à quelques occasions qu’elles n’avaient aucune intention d’aborder des dossiers spécifiques.
Jusqu’ici, plusieurs des expertises requises par les policiers devaient être demandées à des laboratoires américains privés. Avec la mise en place des nouvelles technologies présentées mardi, «on n'a sincèrement rien à envier à quelque laboratoire que ce soit dans le monde. Au contraire, on est très bien outillés et à partir du moment où ce sera définitivement mis en place, nous n'aurons pas - et les corps de police n'auront pas - à recourir à des laboratoires autres que le laboratoire du Québec», a affirmé Mme Marchand.
Déjà, toutefois, l’équipe de quelque 90 personnes affectées aux analyses de scènes de crimes ne chômait pas, a raconté Mme Séguin.
«Au Québec, on analyse environ 7000 demandes dans divers types de dossiers, que ce soit des meurtres, des tentatives de meurtre, des agressions armées, des introductions par effraction, etc., ce qui correspond à 25 000 échantillons d'ADN analysés par année.»
Les experts du laboratoire pourront ainsi, par exemple, relier des individus, notamment des membres de gangs criminels, entre eux à partir des dossiers communs dans lesquels leur ADN a été trouvé, par l’analyse de réseaux d’ADN. Il sera également possible, dans les dossiers de crimes graves non résolus ou d’identification de restes humains, de déterminer certaines caractéristiques de l’apparence physique comme la couleur des yeux, des cheveux ou de la peau, par le biais du phénotypage, une forme de portrait-robot génétique.
Aussi, la technique d’identification par patronyme-Y, basée sur l’analyse du chromosome Y qui ne varie pas de père en fils, sera très utile pour établir une lignée paternelle familiale et obtenir, notamment, le nom de famille possible d’un suspect.
Enfin, le laboratoire sera doté d’un appareil portatif permettant d’établir un profil génétique en à peine deux à trois heures pour fins de comparaison, ce qui pourrait aider à orienter rapidement une enquête dès l’arrivée sur une scène de crime.