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«Les Canadiens qui sont encore là-bas, ils devraient commencer à les évacuer.»
Ottawa doit faire plus pour aider les citoyens canadiens à quitter le Liban, affirme le fils d'un couple de Canadiens tués la semaine dernière lorsqu'une bombe israélienne a frappé leur voiture dans le sud du pays.
S'exprimant depuis Bahreïn lors d'une entrevue téléphonique, Kamal Tabaja a déclaré qu'il avait du mal à dormir en sachant que d'autres membres de sa famille, dont son frère canadien, ont du mal à trouver un moyen sûr de quitter le pays.
«Les Canadiens qui sont encore là-bas, ils devraient commencer à les évacuer, en envoyant des avions ou bateaux», a déclaré Kamal Tabaja.
Le gouvernement fédéral travaille depuis des mois sur des plans pour une éventuelle évacuation militaire, mais pour l'instant, Affaires mondiales Canada exhorte les gens à partir par leurs propres moyens pendant qu'il existe encore des options pour le faire.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré que quelque 45 000 Canadiens pourraient se trouver au pays, bien que seulement environ la moitié d'entre eux se soient inscrits à l'ambassade à Beyrouth.
Vendredi, le ministère a commencé à réserver des blocs de sièges sur des vols commerciaux partant de Beyrouth vers d'autres pays. Les passagers canadiens sont responsables de trouver leur chemin de retour au Canada à partir de ces endroits.
Mme Joly a déclaré en fin d'après-midi lundi que «pour aider les Canadiens à quitter le pays rapidement», le gouvernement avait obtenu 800 sièges supplémentaires pour les trois prochains jours réservés aux Canadiens, aux résidents permanents et à leur famille immédiate. Le prochain vol partirait mardi, a-t-elle déclaré.
«Si vous êtes un citoyen canadien au Liban, vous devez partir maintenant, a-t-elle pressé dans un message sur les réseaux sociaux . Si on vous offre un siège, prenez-le maintenant.»
S'exprimant avant la mise à jour de Mme Joly, M.Tabaja a déclaré qu'il pensait qu'il faudrait environ deux semaines avant que son frère, qui vit à Beyrouth, puisse prendre un vol.
«Tu dois juste essayer de tenir bon, se dit M. Tabaja lorsqu'il pense à son frère. Tu dois continuer à te battre. Tu dois survivre jusqu'à ce que tout cela soit terminé.»
Le premier ministre Justin Trudeau était à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, lundi pour marquer la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. S'adressant aux journalistes, M. Trudeau a déclaré qu'on lui avait demandé de répondre aux informations selon lesquelles Israël se prépare à des opérations terrestres limitées au Liban.
Il a réitéré qu'il avait parlé avec le président du Liban et que le Canada demandait un cessez-le-feu dans ce pays et dans la région.
«Nous savons à quel point il est extrêmement difficile pour tant de personnes de voir les bouleversements dans la région, et le Canada continue de travailler avec ses partenaires dans la région et dans le monde entier pour faire pression en faveur d'un cessez-le-feu. Nous devons voir la fin de la violence contre les civils», a-t-il déclaré.
Le ministère libanais de la Santé estime que les frappes israéliennes ont tué plus d'un millier de personnes au cours des deux dernières semaines dans une escalade majeure des hostilités entre Israël et le groupe militant du Hezbollah, qui échangent des tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre dernier.
Alors qu'Israël et le Hezbollah ont juré de poursuivre leur combat, d'autres pays occidentaux ont commencé à intensifier leurs plans de sortie pour leurs citoyens, craignant un conflit régional encore plus large.
Certains pays européens ont commencé à retirer leurs diplomates et leurs citoyens du Liban lundi, l'Allemagne utilisant un avion militaire.
M.Tabaja a expliqué qu'Ottawa devrait faire beaucoup plus, non seulement pour évacuer les citoyens, mais aussi pour condamner la violence en cours et aider à empêcher que davantage de civils soient blessés.
Affaires mondiales Canada n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Mme Joly a déclaré qu'un cessez-le-feu immédiat était nécessaire et qu'il ne devait pas y avoir de guerre au Liban.
Elle a déclaré sur les réseaux sociaux la semaine dernière qu'elle avait parlé à M. Tabaja et à son frère après la mort de leurs parents, le père de 75 ans Hussein Tabaja et la mère de 70 ans Daad Tabaja.
«Je condamne le meurtre de ces deux personnes innocentes qui fuyaient la violence lors d'une frappe (des Forces de défense israéliennes), a écrit Joly. Nous refusons de laisser les civils supporter le coût de ce conflit.»
Kamal Tabaja a déclaré qu'il avait appelé ses parents lundi dernier et les avait encouragés à fuir leur village du sud du Liban dans le district de Nabatieh.
«Je leur ai dit: 'Ce n'est pas normal, je pense qu'il est temps de partir', se souvient Tabaja. Tout le monde était coincé dans les embouteillages pendant environ six à sept heures (…) c'était comme un goulot d'étranglement. Tout le monde était coincé là-bas.»
Il a expliqué que lui et son frère ont commencé à s'inquiéter quand, après leur dernière conversation dans la soirée, minuit est venu sans aucune nouvelle de leurs parents. Ils ont commencé à contacter les hôpitaux locaux et à lancer des appels à l'aide sur les réseaux sociaux, a-t-il dit.
C'est ainsi qu'ils ont appris qu'un véhicule avait été incinéré à proximité des bombardements israéliens.
Il correspondait à la description du véhicule de leurs parents. La plaque d'immatriculation correspondait. La montre de sa mère a été retrouvée dans l'épave.
M. Tabaja a dit que les corps de ses parents ont été officiellement identifiés dans un hôpital samedi grâce à des tests ADN, et qu'ils ont été enterrés plus tard dans la journée. Personne n'a pu assister à l'enterrement parce que la plupart des membres de leur famille au Liban ont été déplacés à cause du conflit, a-t-il dit. Cela comprenait son frère.
«J'ai dit: 'Je ne veux pas que tu partes. Je ne veux pas enterrer plus de gens'».
La famille a immigré au Canada à la fin des années 80 pour fuir la guerre civile libanaise, a-t-il dit. Ils se sont d'abord vu refuser la résidence permanente et sont retournés au Liban pendant un certain temps, mais sont revenus plus tard en tant que réfugiés et ont pu obtenir la citoyenneté.
Ils vivaient à Ottawa, a-t-il dit. Finalement, ils sont retournés au Liban pour aider ses grands-parents maternels malades, a-t-il dit, mais ils revenaient souvent pour lui rendre visite.
M. Tabaja a déclaré qu'il était dans un «déni complet» concernant la mort de ses parents et qu'il voulait qu'on se souvienne d'eux comme des «personnes aimantes et généreuses». Ils aimaient le plein air, a-t-il dit, et passer du temps avec leur famille.
«J'ai beaucoup de souvenirs de mon père et de ma mère dans les parcs, les rivières, les lacs, au Liban et au Canada, a-t-il dit. Je chéris toutes ces images dans mon esprit. C'étaient des gens heureux.»
Pour M. Tabaja, la fin de la violence ne peut pas arriver assez tôt. Il a déclaré avoir reçu une vague de soutien du monde entier après la mort de ses parents.
«Les gens les aimaient, a-t-il dit. Partout où ils allaient, ils laissaient une trace.»