Économie

Le fer du Québec représente un fort potentiel, selon un dirigeant d'ArcelorMittal

«Le Québec peut devenir une référence mondiale dans la production d'un acier faible en carbone.»

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20241008171028-2024100814108-67057595c7cf8b89e4e2fb22jpeg.jpg Des camions géants transportent du minerai de fer alors qu'ArcelorMittal annonce un investissement le vendredi 20 mai 2011 à Fermont, au Québec. (Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

Le Québec est en bonne position avec son fer de haute pureté pour devenir «une référence mondiale» dans la production d'acier à faible empreinte carbone, selon le président et chef de la direction d'ArcelorMittal Exploitation minière Canada, Mapi Mobwano.

Le dirigeant était de passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), mardi, pour parler notamment des activités d'un des plus importants fournisseurs de minerai de fer au monde sur la Côte-Nord.

M. Mobwano a vanté la qualité du fer dans la fosse du Labrador. Cette immense formation géologique traversant le nord du Québec et Terre-Neuve-et-Labrador contiendrait plus de 80 milliards de tonnes de minerais de haute pureté.

Peu d'endroits sur la planète parviennent à produire un fer de cette qualité, qui est essentiel à la transition énergétique et pour décarboner l'économie, a-t-il affirmé dans une salle du centre-ville de Montréal.

«Le fer de haute pureté devient l'ingrédient essentiel à deux grands marchés: la décarbonation de l'industrie sidérurgique elle-même et l'utilisation du fer de haute pureté dans les technologies propres», a dit M. Mobwano.

La demande pour les minerais de haute pureté pourrait connaître une croissance de plus de 300 % d'ici 2050. Au Canada seulement, les besoins sont estimés à la hauteur de 113 millions de tonnes d'acier par année pour la transition énergétique, a-t-il évoqué.

«Tous les facteurs sont réunis pour le Québec. Et le Québec peut devenir une référence mondiale dans la production d'un acier faible en carbone», a-t-il soutenu dans son allocution.

Selon lui, «les opportunités sont immenses» et devraient permettre «d'accroître notre part du marché en augmentant la capacité de production de la fosse du Labrador».

ArcelorMittal souhaite d'ailleurs augmenter sa production pour atteindre 30 millions de tonnes d'ici trois ans.

La filière minière au Canada du groupe basé au Luxembourg exploite un complexe minier à Mont-Wright, une mine à Fire Lake et une usine de bouletage à Port-Cartier sur la Côte-Nord.

Un choix à faire

Au regard des besoins à venir au pays, M. Mobwano invite à une «réelle discussion nationale» pour déterminer le type d'acier que nous souhaitons privilégier pour décarboner l'économie canadienne.

«Voulons-nous importer de l'acier de l'extérieur et par conséquent importer l'équivalent de 40 millions de tonnes de CO2 chaque année? Ou ce serait mieux pour nous d'utiliser un acier faible en carbone rendu possible par l'utilisation de fer de haute pureté qu'on retrouve ici?», a-t-il posé comme question dans son discours.

«Je pense que le Québec a tout en main pour être le chef de file et les besoins sont là. La hausse de la demande est inévitable. Nous avons une ressource exceptionnelle», a ajouté le dirigeant d'entreprise.

Il croit qu'une société comme Hydro-Québec pourrait jouer un rôle important dans le développement du fer dans la province alors que l'acier est nécessaire dans les composantes d'énergies propres. Il a donné l'exemple d'une éolienne de trois mégawatts qui contient en moyenne 335 tonnes d'acier.

«Imaginez si Hydro-Québec utilisait principalement l'acier d'ici, l'opportunité que ça va présenter pour développer cette fosse du Labrador et aussi l'économie du Québec», a mentionné M. Mobwano lors d'une période de questions avec le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

M. Mobwano a indiqué que des discussions ont déjà eu lieu avec la société d'État dont des représentants ont visité récemment les sites de l'entreprise.

Québec et Ottawa ont ajouté le fer de haute pureté à leur liste de minéraux critiques et stratégiques.

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste