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Le départ brutal de Tucker Carlson de Fox News la semaine dernière a fait dérailler sa sortie.
Tucker Carlson pense-t-il vraiment que les États-Unis devraient envahir leur voisin du nord pour le «libérer de la tyrannie» du gouvernement libéral de Justin Trudeau? On ne le saura peut-être jamais.
Un documentaire de Fox News axé sur cette question devait être diffusé lundi, mais ce ne sera finalement pas le cas, puisque le départ brutal l’animateur vedette la semaine dernière a fait dérailler sa sortie.
«Il n'y a plus de nouveaux épisodes de Tucker Carlson Originals prévus» sur le service de diffusion en continu Fox Nation, a fait savoir un porte-parole de la chaîne d’information américaine.
M. Carlson, qui était l'un des animateurs les plus populaires de Fox News, ciblait occasionnellement le Canada et son gouvernement libéral dans son émission diffusée à heure de grande écoute. Il était aussi un fervent partisan du «convoi de la liberté» de l'année dernière.
Près d'un an après cette manifestation importante, lors de laquelle des personnes manifestant contre les mesures sanitaires ont bloqué l’accès au centre-ville d'Ottawa et à plusieurs passages frontaliers, M. Carlson a demandé en ondes pourquoi les États-Unis n'avaient pas encore pris de mesures en réponse aux restrictions de santé publique du Canada — qui, au moment où il a fait ces commentaires, avaient majoritairement été retirées.
«Pourquoi est-ce qu'on n'envoie pas une force armée dans le nord pour libérer le Canada de Justin Trudeau? Et je le pense», a affirmé M. Carlson le 26 janvier.
En entrevue avec La Presse Canadienne, un ancien ambassadeur des États-Unis au Canada a souligné que ce genre de commentaire, combiné à la présence dominante de M. Carlson dans le paysage médiatique, était dangereux.
«Certaines personnes au Canada ont pensé que c'était de l’humour, mais ce n'était pas une blague, à cause des gens qu'il attire et qui le suivent», a mentionné Bruce Heyman, qui a été le représentant de l'ancien président Barack Obama à Ottawa de 2014 jusqu'au jour de l'investiture de Donald Trump, en janvier 2017.
«Je pense que c'était un acteur dangereux», a-t-il tranché.
Blague ou pas, ce commentaire de M. Carlson a rapidement été condamné au nord de la frontière. Le député néo-démocrate Matthew Green a notamment demandé le soutien unanime de ses collègues, le 31 janvier, pour une motion condamnant les propos de l’animateur à la Chambre des communes – sans toutefois l’obtenir.
Le lendemain, M. Carlson n’a pas manqué l’occasion de se moquer de cette démarche du député du NPD, affirmant que les Canadiens apprécieraient, selon lui, ses idées.
Le mois dernier, Fox a publié une bande-annonce pour «Ô Canada».
On pouvait y voir un montage de personnes en train d’être arrêtées — dont le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, et des membres influents du «convoi de la liberté» —, le tout enrobé d’extraits de plusieurs anciens présidents américains parlant de la libération des citoyens d'autres pays.
M. Bernier a expliqué avoir accordé une entrevue à Fox en janvier ou février pour le documentaire au sujet de son arrestation, en juin 2021, alors qu'il participait à des manifestations contre les mesures liées à la COVID-19.
M. Carlson avait d’ailleurs reçu M. Bernier en entrevue lors de son émission peu de temps après l'arrestation, qui a eu lieu au Manitoba.
«J'ai été mis en prison pour un non-crime pendant 12 heures», a dénoncé M. Bernier en entrevue lundi.
Il a insisté sur le fait que les médias canadiens n'avaient pas couvert l'événement de manière adéquate: «Je sais que beaucoup de Canadiens n’ont pas réellement su ce qui est arrivé au chef d'un parti national luttant pour la liberté de choix.»
À l’époque, les médias ont cité une porte-parole de la GRC qui a déclaré que M. Bernier avait été arrêté pour «la poursuite de l’infraction de violation des ordonnances de santé publique en vigueur au Manitoba».
Concernant la déclaration controversée de M. Carlson, M. Bernier a indiqué qu’il pensait que l’animateur faisait une blague et qu'il n'était pas d'accord avec l'idée que les États-Unis s'ingèrent dans les affaires canadiennes.
Il a néanmoins soutenu que Fox était «la seule plateforme» offerte à lui pour faire passer son message, car les médias canadiens l’ignorent.
«Ils m'ont demandé de parler de mon expérience en tant que chef d’un parti national, et je l'ai fait», a-t-il souligné.