Le décès d’une skieuse de 6 ans survenu en janvier dernier dans un accident de remontée mécanique à la station Val Saint-Côme était évitable, a tranché le Bureau du coroner dans son rapport publié mercredi. Parmi les facteurs analysés par la coroner Julie-Kim Godin, la jeune Lily Leblanc n’était pas accompagnée d’un moniteur ou d’un adulte dans la remontée.
L’enfant est décédée d’une asphyxie; coincée dans le mécanisme de la remontée de type T-bar, elle a été tirée vers le haut et a été étouffée dans le collet de son manteau, a statué la coroner.
Élève de ski avec deux autres enfants, la petite Lily était restée coincée dans le T-bar après la chute d’un de ses compagnons, qui lui était accompagné d’un moniteur dans la remontée.
La jeune skieuse était en paire avec un autre élève dans le trajet. Cet enfant est parvenu à se déprendre et à retrouver son moniteur au bas de la piste, à la demande de ce dernier, dit la coroner dans son rapport des événements.
«On est vraiment attristé par cet événement. [...] Toute la grande famille de Val Saint-Côme est avec la famille de la petite Lily»
Informé de la situation par l’enfant, le moniteur a avisé le préposé de la remontée mécanique que Lily se faisait «traîner par le manteau». Un préposé a arrêté la remontée, mais le personnel n’avait toujours pas de contact visuel avec l’enfant.
«Après discussion entre les préposés et le moniteur, le T-bar est remis en fonction», peut-on lire dans le rapport. Un préposé a fini par apercevoir Lily dans une position inhabituelle et en déséquilibre. Dès lors, un déploiement d’urgence a été mis en œuvre. Après des tentatives de réanimation à l’infirmerie du mont de ski lanaudois et le transport à l’hôpital, le décès de l’enfant a été constaté.
Les recommandations de la coroner
Pour éviter pareille situation à l’avenir, il faudra assurer le plus possible la présence de personnel en tout temps avec les enfants et clarifier les consignes d’évacuation dans la remontée, et ce, à la grandeur du Québec, recommande la coroner. Elle en appelle au soutien de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) en la matière.
Il faut «rehausser la formation des moniteurs et les bonnes pratiques pour la gestion d’une école de ski» et «identifier les meilleures manières de rehausser le nombre de moniteurs et d’employés dédiés aux cours pour enfants […] afin d’être en mesure d’intervenir rapidement si un élève est séparé de son groupe ou se trouve en difficulté», a écrit la coroner Godin. Même principe pour les opérateurs, préposés et employés en matière de communication.
Par voie de communiqué, l'ASSQ a affirmé accueillir «avec intérêt» les recommandations de la coroner Godin.
«L’Association tient à réaffirmer son engagement à accompagner l’ensemble de ses membres dans l’atteinte de meilleures pratiques afin que les sports de glisse en station demeurent -des plus sécuritaires», peut-on lire.
De plus, l'ASSQ a indiqué qu'elle formait un comité de travail formé d'experts de l'industrie qui aura comme tâche de revoir son Guide des bonnes pratiques des écoles de ski. Les opérateurs et préposés aux remontées mécaniques du réseau bénéficieront également d'une nouvelle formation.
«Nos pensées sont envers la famille et l’équipe de Val Saint-Côme qui revivent à travers la publication de ce rapport cette journée tragique du 29 janvier 2023.»
C'est fini, le T-bar à Val Saint-Côme
La direction de la station de Val Saint-Côme a pris acte des recommandations de la coroner, à qui elle a confirmé qu’il n’aurait plus de remontée de type T-bar sur son mont «et que, dorénavant, les élèves seront toujours accompagnés d’un moniteur dans les remontées mécaniques».
«Nous appliquerons les recommandations de la coroner», a indiqué François Gagnon, président-directeur général de la station touristique, par le biais d’un communiqué relayé par une firme de relations de presse. «La mise en œuvre de celles-ci est une priorité pour notre équipe afin d’éviter qu’un drame comme celui-ci se reproduise et d’assurer la sécurité de toute la grande famille de Val Saint-Côme.»
«L'une des premières choses qu'on a fait, par respect pour la famille, c'est de jamais remettre le T-bar en fonction. [...] Aussi, on a pris la décision de le démanteler. On va le remplacer par des tapis skis», a précisé M. Gagnon en entrevue avec Noovo Info.
«Toutes nos pensées sont encore et toujours avec la famille et les proches de la victime qui revivent des moments douloureux à la sortie de ce rapport», s’est attristé M. Gagnon.
Avec des informations d'Émile Bérubé-Lupien et de Marie-Michelle Lauzon pour Noovo Info

