Le ministre danois des Affaires étrangères a convoqué le plus haut diplomate américain en poste au Groenland pour des entretiens après que la principale chaîne de télévision nationale a rapporté mercredi qu'au moins trois personnes proches du président Donald Trump menaient des opérations d'influence secrètes sur le territoire.
Dans une longue déclaration écrite, le département d'État américain a confirmé que le chef de mission adjoint à Copenhague, Mark Stroh, avait rencontré des responsables du ministère danois des Affaires étrangères. Il a refusé de commenter «les actions de citoyens américains au Groenland».
«Le gouvernement américain ne contrôle ni ne dirige les actions des citoyens.»
Le département d'État a indiqué que M. Stroh avait eu «une conversation productive et avait réaffirmé les liens étroits entre le gouvernement du Groenland, les États-Unis et le Danemark».
Il a ajouté que les États-Unis attachaient une grande importance à leurs relations avec le Danemark, membre fondateur de l'OTAN, et le Groenland, M. Stroh a souligné que M. Trump et ses principaux collaborateurs avaient tous assuré respecter «le droit du peuple groenlandais à déterminer son propre avenir».
«Nous continuons de favoriser l'engagement et la coopération avec le Danemark et le Groenland afin de renforcer la sécurité et la prospérité de nos nations», a-t-il déclaré.
M. Stroh est le deuxième diplomate américain à être convoqué par un membre européen de l'OTAN cette semaine, alors que l'administration Trump revoit sa politique étrangère.
À VOIR AUSSI | Annexion du Canada: marche à suivre pour Donald Trump
La France a convoqué l'ambassadeur des États-Unis, Charles Kushner, à son ministère des Affaires étrangères après qu'il eut envoyé une lettre au président français Emmanuel Macron, alléguant que le pays n'avait pas fait assez pour lutter contre l'antisémitisme.
La Maison-Blanche n'a pas immédiatement commenté la convocation du Danemark.
M. Trump a affirmé à plusieurs reprises qu'il souhaitait faire du Groenland une juridiction américaine. Il n'a pas exclu le recours à la force militaire pour prendre le contrôle de cette île arctique, riche en minéraux et stratégiquement située.
Le Danemark et le Groenland ont déclaré que l'île n'était pas à vendre.
Opérations d'influence
La chaîne publique DR a rapporté que des sources gouvernementales et sécuritaires danoises, non nommées, ainsi que des sources non identifiées au Groenland et aux États-Unis, pensaient qu'au moins trois ressortissants américains liés à Donald Trump menaient des opérations d'influence secrètes sur le territoire.
L'une de ces personnes aurait dressé une liste de Groenlandais amis des États-Unis, recueilli les noms d'opposants de M. Trump et incité des habitants à signaler des cas susceptibles de servir à dénigrer le Danemark dans les médias américains, selon la chaîne de nouvelle. Deux autres auraient tenté d'entretenir des contacts avec des responsables politiques, des hommes d'affaires et des habitants, selon le reportage.
DR a indiqué que son reportage se fondait sur des informations provenant de huit sources, qui estiment que l'objectif est de fragiliser les relations avec le Danemark au sein de la société groenlandaise. Elle a déclaré ne pas avoir été en mesure de déterminer si ces Américains agissaient de leur propre initiative ou sur ordre d'autrui. Elle a affirmé connaître leurs noms, mais a choisi de ne pas les publier afin de protéger ses sources.
L'Associated Press n'a pas pu confirmer cette information de manière indépendante.
«Nous sommes conscients que des acteurs étrangers continuent de s'intéresser au Groenland et à sa position au sein du Royaume du Danemark, a affirmé le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, dans un communiqué. Il n'est donc pas surprenant que nous soyons confrontés à des tentatives extérieures visant à influencer l'avenir du Royaume dans le futur.»
«Toute tentative d'ingérence dans les affaires intérieures du Royaume nous sera bien entendu inacceptable», a prévenu M. Rasmussen.
La coopération entre les gouvernements du Danemark et du Groenland «est étroite et fondée sur la confiance mutuelle», a-t-il ajouté.
Le Service danois de sécurité et de renseignement estime que, «le Groenland est la cible de campagnes d'influence de toutes sortes» susceptibles de créer des divisions dans les relations entre le Danemark et le territoire semi-autonome.
Il estime que «cela pourrait se faire en exploitant des désaccords existants ou inventés, par exemple en lien avec des cas individuels bien connus, ou en promouvant ou en amplifiant certains points de vue au Groenland concernant le Royaume, les États-Unis ou d'autres pays ayant un intérêt particulier pour le Groenland.»
Le service, connu sous son acronyme danois PET, a indiqué avoir «renforcé continuellement» ses efforts et sa présence au Groenland ces dernières années en coopération avec les autorités locales, et qu'il continuerait à le faire.
