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Le coroner fait 18 recommandations pour mieux protéger la vie des signaleurs routiers

Entre autres, il recommande de voir à remplacer les signaleurs routiers par des moyens technologiques.

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94c6e5b050f555bcff6f5233dc0214bf8f3495729871bb6253dd10ae285bc8e7.jpg Une enseigne du Bureau du coroner, photographiée le 15 mai 2025, à Montréal. LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov (LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov)

Le coroner Arnaud Samson formule 18 recommandations pour mieux protéger la vie des signaleurs routiers, à la suite du décès de l'un d'eux, heurté par un camion lourd en 2024. 

Pour mener à bien son enquête, le coroner Samson ne s'est pas limité à ce décès, il a tenu compte de plusieurs décès survenus dans des circonstances similaires.

Ainsi, il l'écrit lui-même: «signaleur routier: un travail à haut risque». Un signaleur est «entièrement tributaire du comportement des usagers de la route, ce qui l’expose à un danger excessif de blessures graves, voire de décès».

En conséquence, le coroner recommande de voir à remplacer les signaleurs routiers par des moyens technologiques, comme des feux de circulation temporaires à détection automatique ou des barrières de contrôle de la circulation télécommandées à l’aide de caméras.

«Le moyen le plus sûr de prévenir les accidents consiste à limiter autant que possible la présence de signaleurs routiers en bordure des voies publiques. Chaque fois que cela est possible, il faut privilégier d’autres méthodes de gestion de la circulation, telles que la signalisation normalisée, les dispositifs techniques ou encore la planification des travaux à des moments moins achalandés», écrit le coroner Samson dans son rapport.

De même, le coroner recommande d'interdire le recours à un signaleur routier dans les zones où la vitesse affichée est supérieure à 50 km/h.

«Le risque de décès pour un piéton heurté par un véhicule circulant à 50 km/h est de 75 %», souligne le coroner dans son rapport.

«Les statistiques américaines révèlent en 2017 que les policiers qui dirigent la circulation sont plus à risque de décéder au cours de ce type de travail que par arme à feu», rapporte le coroner.

 

Deux types de signaleurs

Aussi, il recommande d'interdire le cumul des fonctions de signaleur routier et de signaleur de chantier.

«Un signaleur ne peut et ne doit jamais occuper simultanément ces deux rôles, et ce, même s’il détient les deux formations spécifiques requises», écrit le coroner Samson dans son rapport.

«Le signaleur de chantier intervient exclusivement à l’intérieur du chantier. Il a pour responsabilité d’orienter les véhicules lourds et la machinerie, notamment lors des manœuvres de recul, sans agir sur la circulation publique», explique le coroner.

«Le signaleur routier dirige la circulation des usagers de la route sur la voie publique lors de travaux routiers, sans intervenir directement à l’intérieur du chantier.»

L'homme de 60 ans qui faisait l'objet de l'enquête du docteur Samson agissait justement à titre de signaleur routier et de signaleur de chantier dans un chantier de construction résidentielle, à Québec, le 6 juillet 2024. Il dirigeait la circulation sur la route lorsqu'il a été heurté par une semi-remorque.

«Cet accident s’est produit dans une zone de circulation complexe et dynamique, à une intersection où le signaleur devait simultanément gérer (signaleur de chantier) une manœuvre de recul, une livraison, et la circulation générale (signaleur routier) sur voie publique», explique le coroner Samson.

Le coroner recommande également aux municipalités de recourir à une présence policière ou à l’utilisation de radars photo dans les zones où un signaleur routier est en fonction, «afin d’assurer un niveau de sécurité conforme aux responsabilités qui incombent aux gestionnaires de ces voies publiques».

Certaines recommandations s'adressent à la CNESST. Ainsi, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail devrait adapter ses effectifs «afin de pouvoir augmenter les inspections de chantiers de construction».

Aussi, la CNESST devrait sensibiliser «les milieux de travail concernés que le recours à un signaleur routier soit un mode de contrôle de la circulation exceptionnel de dernier recours», conclut le coroner.

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste