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Le conflit israélo-iranien sera au centre du Sommet du G7, affirme Starmer

Le premier ministre britannique a parlé brièvement aux journalistes avant sa rencontre avec Mark Carney dimanche.

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Le premier ministre canadien, Mark Carney (à gauche), échange une poignée de mains avec son homologue britannique, Keir Starmer, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le 15 juin 2025. Le premier ministre canadien, Mark Carney (à gauche), échange une poignée de mains avec son homologue britannique, Keir Starmer, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le 15 juin 2025. (Stefan Rousseau/Pool via Associated Press)

Le conflit grandissant entre Israël et l'Iran sera au centre des discussions à l'occasion du Sommet du G7, alors que les communautés juive et iranienne du Canada craignent pour les personnes prises dans les violences.

Le premier ministre Mark Carney devait arriver dimanche à Kananaskis, en Alberta, pour accueillir le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants lors de son premier sommet d'envergure.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre britannique Keir Starmer a mentionné que l'escalade du conflit au Moyen-Orient serait au cœur de la réunion, qui débutera officiellement lundi.

«C'est l'occasion de discuter avec nos co-dirigeants de l'évolution rapide de la situation et de défendre ensemble notre position forte : une désescalade de ce conflit est nécessaire dans l'intérêt de la région et du monde», a-t-il indiqué aux journalistes à Ottawa avant une rencontre avec M. Carney sur la colline du Parlement.

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Déjà vendredi, M. Carney avait exhorté Israël et l'Iran à faire preuve d'une grande retenue et de tenter de trouver une solution diplomatique à la crise.

Israël et l'Iran s'échangent des tirs de missiles depuis trois jours. L'État hébreu a averti qu'elle pourrait avoir recours à une force encore plus grande.

Hamed Esmaeilion, un militant des droits de la personne canado-iranien, a raconté que ces 48 heures avaient été «pleines de suspense» pour sa famille et ses amis vivant en Iran, notamment ses parents et son frère.

Il a indiqué que les membres de sa famille ne vivent pas à Téhéran, mais que ses amis vivant dans la capitale subissent un stress intense. 

«Ils sont désespérés, ne savent pas où aller et restent chez eux à écouter les explosions», a-t-il mentionné lors d'une entrevue.

M. Esmaeilion a accusé le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, «de n'avoir aucun respect pour la vie humaine». Il craint que les civils paient le prix du conflit.

«Je sais que tout le monde aurait espéré que ce régime se soit déjà effondré, mais ce processus doit être démocratique. La guerre n'aidera pas si elle se poursuit et si elle met en danger la vie des civils», a-t-il ajouté.

M. Esmaeilion, qui a perdu sa femme et sa fille lors de la destruction du vol PS752 par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en 2020, a souligné que les frappes israéliennes ont compromis la perspective de demander des comptes au régime iranien pour avoir abattu l'avion de ligne.

Israël a déjà tué plusieurs hauts commandants du CGRI. «Ce que j'entends d'autres familles de victimes (…), c'est qu'elles ne sont pas mécontentes de leur disparition, mais qu'elles auraient préféré juger ces criminels devant un tribunal plutôt que sur le champ de bataille», a expliqué M. Esmaeilion.

Un bilan qui s'aggrave

Le ministère iranien de la Santé a estimé dimanche que 224 personnes avaient été tuées depuis le début des attaques israéliennes. Le porte-parole Hossein Kermanpour a indiqué sur les réseaux sociaux que 1277 autres personnes étaient hospitalisées.

Israël, pour sa part, a indiqué que les frappes de représailles de l'Iran avaient jusqu'à présent tué 14 personnes et blessé 390 autres.

Dan Moskovitz, le principal rabbin du temple Sholom, à Vancouver, s'est dit grandement attristé par le bilan qui s'est aggravé en Israël.

Il a dit que le pays était densément peuplé, notamment à Tel-Aviv et à Haïfa.

«C'est comme si un missile balistique tombait au centre-ville de Toronto ou de Vancouver, alors qu'Israël cible stratégiquement l'infrastructure nucléaire iranienne, sa production d'armes et les dirigeants de son armée», a-t-il comparé.

Mark Carney doit rencontrer Donald Trump lundi matin lors du sommet en Alberta. M. Moskovitz croit qu'il est crucial que les dirigeants du G7 discutent du conflit au Moyen-Orient.

«Je pense qu'il incombe aux dirigeants occidentaux de défendre leurs valeurs et leurs peuples contre la menace existentielle que représente un Iran nucléaire», a-t-il avancé.

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a également incité les dirigeants du G7 à «réaffirmer le droit d'Israël de se défendre et d'agir de manière décisive contre la menace d'un Iran doté de l'arme nucléaire».

Dans un communiqué publié dimanche soir, Affaires mondiales Canada a mentionné que le gouvernement «surveille de près l'évolution rapide des tensions entre Israël et l'Iran et exhorte toutes les parties à privilégier la désescalade et la protection des civils».

«Le Canada condamne l'attaque iranienne contre Israël et appelle les deux parties à la retenue. De nouvelles actions pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour l'ensemble de la région», a-t-il été précisé.

Le bilan des morts s'est alourdi dimanche, Israël ayant ciblé le siège du ministère iranien de la Défense à Téhéran et des sites qu'il accuse d'être associés au programme nucléaire iranien, tandis que des missiles iraniens ont échappé aux défenses aériennes israéliennes et se sont écrasés sur des bâtiments en plein cœur d'Israël.

Dans l'État hébreu, au moins dix personnes ont été tuées lors de frappes iraniennes dans la nuit de samedi à dimanche, selon les services de secours du Magen David Adom. Le principal aéroport international et l'espace aérien du pays sont restés fermés pour un troisième jour.

Dans une publication sur les médias sociaux publiée dimanche, Donald Trump a vivement mis en garde l'Iran contre toute riposte contre des cibles américaines au Moyen-Orient, prédisant qu'Israël et l'Iran concluraient «bientôt» un accord pour mettre fin à l'escalade de leur conflit.

Le président américain a par ailleurs rejeté le plan présenté par Israël aux États-Unis visant à tuer Khamenei, a déclaré à l'Associated Press un responsable américain au courant du dossier. Ce responsable n'était pas autorisé à commenter ce sujet sensible et a requis l'anonymat.

Les Canadiens avertis

Les Canadiens présents dans la région sont avertis que des débris militaires ont été signalés à «divers endroits» en même temps que les frappes. Le gouvernement a exhorté les Canadiens à suivre les conseils des autorités locales.

Le Canada a lancé un site web dédié à la réponse aux crises et recommande aux Canadiens d'éviter tout voyage en Israël et en Iran, ainsi que tout voyage non essentiel en Jordanie. Il recommande la plus grande prudence pour les voyages au Qatar.

— Par Maura Forrest à Montréal, d'après des informations de l'Associated Press et de Nono Shen à Vancouver