Une nouvelle étude suggère que les forêts canadiennes sont de plus en plus exposées aux incendies de forêt graves, soulignant ce que les auteurs décrivent comme un besoin urgent d'atténuer de manière proactive «la menace accrue que posent les changements climatiques».
L'étude menée par des chercheurs canadiens et publiée dans la revue Science a examiné la gravité des incendies de 1981 à 2020.
«Les augmentations généralisées, ainsi que les diminutions limitées, du nombre de jours de feu à haute intensité entre 1981 et 2020 indiquent une situation d'incendie de plus en plus grave et une saison des incendies plus difficile dans le contexte des changements climatiques au Canada», peut-on lire dans l'étude.
Le coauteur Xianli Wang, scientifique au Service canadien des forêts, indique qu'il y a eu en moyenne deux jours supplémentaires propices aux incendies de grande intensité entre 2000 et 2020, par rapport aux deux décennies précédentes. Dans certains secteurs, ce nombre s'élevait plutôt à cinq jours.
Deux jours peuvent sembler peu, mais il n'a fallu que quelques heures à l'incendie de forêt dévastateur de l'été dernier à Jasper, en Alberta, pour s'étendre à environ 60 kilomètres carrés.
«Il s'agit simplement d'une situation d'incendie plus dramatique qu'auparavant», a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la répartition géographique des incendies de forêt graves, M. Wang a affirmé que les résultats suggèrent que la saison record de 2023 au Canada n'était pas une aberration, mais «un aperçu de l'avenir».
«Vous verrez ce type d'incendie de grande ampleur se répandre», a prévenu M. Wang.
L'étude suggère que le principal facteur environnemental de la gravité des incendies est le combustible sec, comme les brindilles et les feuilles, alors que l'effet des conditions météorologiques chaudes, sèches et venteuses se faisait plus sentir dans les régions du nord.
Les résultats démontrent, selon l'étude, «le rôle essentiel que joue la sécheresse» dans la gravité d'un incendie.
Alors que les changements climatiques allongent la saison des incendies, l'étude indique que le printemps et l'automne ont connu plus de jours d'incendie de haute intensité au cours des dernières décennies. Ces augmentations ont coïncidé avec les secteurs qui ont également connu les mois d'été les plus sévères.
«Souvent, on pense que seuls les incendies d’été sont graves – ils brûlent des flammes plus hautes, ils détruisent tout – mais qu'au printemps, ce n’est pas si grave. Ce n’est plus le cas.»
Les plus fortes augmentations du nombre de jours propices aux incendies graves ont été enregistrées dans une zone au nord du Québec et une autre couvrant les Territoires du Nord-Ouest, le nord-ouest de l'Alberta et le nord-est de la Colombie-Britannique.
Ces deux régions abritent de vastes étendues de conifères. Les zones où les jours de faible intensité d'incendie sont plus nombreux se trouvent principalement dans les forêts de feuillus et les forêts mixtes du sud, indique l’étude.
La gravité est une mesure des dommages causés par un incendie à la végétation et au sol de la forêt. Bien que le feu soit un élément naturel de l’écosystème, M. Wang a affirmé que les incendies graves peuvent dans certains cas brûler si fort et si profondément qu’ils anéantissent les graines emmagasinées dans le sol, affectant ainsi la repousse de la forêt.
Les résultats pourraient, selon l’étude, aider les décideurs à choisir les meilleurs moments et emplacements pour les brûlages dirigés – des incendies planifiés et contrôlés destinés à soutenir la régénération naturelle – tout en réduisant les risques d’incendie pour les communautés voisines.

