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«Tout est sur la table.»
L'«entente de soutien et de confiance» entre le NPD et les libéraux à Ottawa fera l'objet d'un réexamen minutieux lorsque le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, rencontrera son caucus à Montréal la semaine prochaine pour la réunion présessionnelle.
La décision des libéraux d'imposer le mois dernier un arbitrage exécutoire pour mettre fin à l'arrêt de travail dans les deux principales sociétés ferroviaires du pays pourrait mettre un terme à l'entente.
La leader du gouvernement à la Chambre, Karina Gould, a soutenu la semaine dernière que l'entente avec le NPD durerait jusqu'à sa date d'échéance prévue en juin prochain.
Mais le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de travail, Matthew Green, a déclaré que le NPD réévaluait son soutien à l'entente depuis que le ministre du Travail, Steve MacKinnon, a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d’imposer l'arbitrage exécutoire moins de 24 heures après que le Canadien Pacifique Kansas City et le Canadien National ont mis en lock-out leurs travailleurs. Les parties n'avaient pas pu conclure une entente à la table de négociation avant les arrêts de travail annoncés.
M. Singh a ensuite estimé que le gouvernement libéral avait franchi une «ligne dans le sable».
Il est désormais clair que l'avenir de l'entente de soutien sera au cœur des préoccupations des députés néo-démocrates qui se réuniront à Montréal la semaine prochaine pour planifier leur stratégie d'automne avant la reprise des travaux de la Chambre des communes le 16 septembre.
Le député ontarien estime qu'en tant que seul «parti travailliste» du Canada, le NPD a la responsabilité de prendre des «mesures audacieuses» pour assurer un soutien aux travailleurs et à leurs familles, ainsi qu'aux autres Canadiens qui «luttent dans cette économie».
«Tout est sur la table. Et je dirais avec force que tout est sur la table», a-t-il martelé.
M. Singh et le premier ministre Justin Trudeau avaient conclu il y a plus de deux ans cette entente qui prévoit que le NPD appuiera le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau jusqu’en juin de l’année prochaine lors de votes clés aux Communes, en échange de progrès sur certaines priorités néo-démocrates.
Plusieurs des mesures sociales que les libéraux ont mises en place ces dernières années étaient de fait des priorités du NPD. On songe par exemple aux prestations pour soins dentaires, une aide ponctuelle au loyer pour les locataires à faible revenu et le doublement temporaire du remboursement de la TPS.
Les néo-démocrates ont également utilisé l’entente pour faire progresser des dossiers qui leur tiennent à coeur, comme l’assurance médicaments et l’interdiction de recourir à des «briseurs de grève» dans les milieux de travail sous réglementation fédérale.
Les deux partis ont également négocié la création d'un fonds pour accélérer la construction de logements, qui a alloué des milliards de dollars pour contribuer à construire plus de 750 000 unités au Canada.
Si les néo-démocrates se retirent de l’entente, cela ne signifie pas que des élections anticipées seront déclenchées. Le parti votera plutôt «à la pièce» sur les projets de loi libéraux.
M. MacKinnon a refusé de confirmer que son parti souhaite maintenant réévaluer la pertinence de l’entente en raison de la décision du gouvernement dans le dossier des chemins de fer.
Le cabinet de Mme Gould a rappelé les commentaires de la leader du gouvernement aux Communes: elle est «confiante» que l’entente tiendra jusqu’à son terme l'an prochain. Le député Green croit que Mme Gould «n'a aucune idée à quel point les gens sont en colère».
«Je peux vous assurer que nous ne serons pas tenus pour acquis de cette façon, que les libéraux peuvent simplement faire un vœu pour qu'une simple présence les maintienne au gouvernement.»
La plupart des priorités de l'entente ont par ailleurs été réalisées, à l'exception du dépôt d'une loi sur les soins de longue durée pour renforcer les normes dans les centres de soins de longue durée et de l'adoption de certaines réformes électorales.
Lors de la révision de l'entente, les néo-démocrates envisageront de l'utiliser afin de «lutter pour obtenir plus» du gouvernement libéral, a déclaré M. Green, notamment en ce qui concerne le soutien aux travailleurs et à leurs familles.
«Étant donné la situation actuelle, il faut prendre des mesures supplémentaires pour que cette entente en vaille la peine aux yeux des Canadiens», a-t-il déclaré.
La retraite du caucus néo-démocrate à Montréal la semaine prochaine aura lieu quelques jours avant l'élection partielle fédérale dans une circonscription montréalaise le 16 septembre. Le NPD espère enlever aux libéraux la circonscription de LaSalle—Émard—Verdun. Ils avaient enlevé ce bastion libéral en 2011, lors de la «vague orange au Québec».
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a tenu la semaine dernière une conférence de presse à Ottawa pour demander à M. Singh de rompre l'entente avec les libéraux. Il l'a accusé d'avoir trahi les travailleurs en signant une «coalition coûteuse» qui, selon lui, place MM. Singh et Trudeau avant les Canadiens.
Les sondages nationaux suggèrent que la position de M. Poilievre sur les droits des travailleurs et l'économie trouve un écho auprès des Canadiens. Il continue de détenir une avance importante dans les intentions de vote au pays, devant les libéraux et les néo-démocrates.