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«Le monde a besoin de plus du Canada. Les États-Unis aussi. Nos autres alliés aussi.»
Bien que le Canada ne puisse échapper à l’attraction gravitationnelle d’un voisin de plus en plus instable, un nouveau rapport trace la voie à suivre pour que les intérêts canadiens deviennent plus importants pour son partenaire le plus proche.
«Le monde a besoin de plus du Canada. Les États-Unis aussi. Nos autres alliés aussi», affirme le rapport du Forum des politiques publiques, un groupe à but non lucratif qui réunit des experts pour les conseiller sur des questions politiques importantes. «Mais c’est à nous de faire en sorte que cela se produise.»
Le rapport, qui sera rendu public mercredi, suggère que le Canada devrait approfondir dès maintenant sa coopération avec les États-Unis dans des secteurs clés.
Des responsables et des groupes d’entreprises ont parcouru le pays pour tisser des liens avec les démocrates et les républicains autour d'intérêts bilatéraux, s’assurant ainsi que le Canada est prêt à faire face à n’importe quel scénario après les élections de novembre.
La révision imminente de l’Accord Canada États-Unis-Mexique (ACÉUM) en 2026 est au cœur des préoccupations des Canadiens qui serrent la main de leurs homologues américains. Les deux candidats à la présidence vendent des politiques protectionnistes qui pourraient semer de l’incertitude pour le commerce canadien.
Même si les États-Unis sont le plus important partenaire commercial du Canada, le rapport souligne que le Canada est une «économie en déclin» en comparaison avec des États comme la Californie, le Texas et New York, qui ont des économies de taille égale ou supérieure.
D’autres intervenants ont averti que la relation entre les deux pays est passée de «stratégique» à «transactionnelle», le Canada devenant moins important que d’autres endroits dans le monde.
«Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, estime Edward Greenspon, l’un des coauteurs du rapport. Nos alliés ont besoin de nous et nous devons nous battre pour rester pertinents dans un monde qui est beaucoup plus sous pression.»
Le Forum des politiques publiques et l'École Munk des affaires mondiales de l’Université de Toronto se sont associés l’année dernière pour étudier comment le Canada pourrait gérer les risques.
Le rapport constate que la situation n’est pas désespérée. Si Ottawa peut aligner ses intérêts nationaux sur ceux de ses partenaires proches, en particulier les États-Unis, il existe des opportunités qui jouent en faveur des atouts du Canada.
«Nous devons nous mettre à l’ordre du jour dès le début, peu importe qui remporte la présidence et qui contrôle le Congrès», lit-on dans le rapport.
Au lieu de mettre «tous nos œufs» dans le panier de l’ACÉUM, le Canada devrait se concentrer sur quatre secteurs à fort impact: la sécurité dans l’Arctique, les minéraux critiques, l’énergie et l’environnement, ainsi que la haute technologie, comme l’intelligence artificielle et l’informatique quantique.
Le rapport suggère que ces secteurs devraient être «continentalisés», ce qui nécessiterait une production et des investissements des deux côtés de la frontière. M. Greenspon soutient qu'il faudrait semer des graines dès maintenant dans des secteurs qui comptent vraiment au niveau national et international.
La sécurité dans l’Arctique revêt une importance croissante pour les Américains, qui veulent repousser les activités russes et chinoises dans le Grand Nord. Le rapport indique qu’une augmentation des investissements canadiens dans l’Arctique démontrerait à Washington que le Canada ne se dérobe pas de ses responsabilités et rapprocherait le pays de l'objectif de l’OTAN de consacrer 2 % du produit intérieur brut à la défense.
Après des jours de pression publique de la part des politiciens américains lors du sommet des dirigeants de l'OTAN de cette année à Washington, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada s'attendait à atteindre cet objectif pour la première fois en 2032.
Le rapport de politique publique souligne également les vastes ressources du Canada en minéraux critiques, qui sont nécessaires aux économies vertes et numériques. Les États-Unis sont un marché avide et d'autres alliés cherchent à s'éloigner de la Chine comme source de ces matériaux.
«Alors que la géopolitique du XXe siècle a été marquée par des batailles pour l'accès au pétrole brut, le XXIe siècle pourrait bien être défini par une lutte pour les minéraux critiques», souligne le rapport.
Le Canada pourrait également avoir plus d'importance pour le réseau électrique américain et les objectifs environnementaux des États-Unis, que ce soit par le biais de petits réacteurs nucléaires modulaires, d'uranium, de gaz naturel ou d'expériences autour du captage du carbone.
Les États-Unis devront augmenter le transport d'électricité d'environ 60 % d'ici 2030 et pourraient devoir le tripler d'ici 2050, selon une étude de l'Université de Princeton.
Le rapport indique que le Canada et les États-Unis devraient travailler ensemble afin d'établir des normes pour les technologies de prochaine génération et conclure des accords pour encourager les entreprises à bâtir des chaînes d'approvisionnement et des achats communs de part et d'autre de la frontière.
Ottawa devrait d'abord et avant tout faire comprendre aux Canadiens que la situation mondiale pose des défis, mais apporte également des occasions d'affaires, croit M. Greenspon.