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Les observateurs s'attendent à une déclaration finale vague concernant la guerre de la Russie en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient.
Le Brésil accueille dimanche et lundi un sommet des pays du BRICS, composé d'économies en développement. Des sujets urgents, comme l'attaque israélienne contre l'Iran, la crise humanitaire à Gaza et les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, devraient y être abordés avec prudence.
Des analystes et des diplomates estiment que le manque de cohésion au sein des BRICS+, dont la taille a doublé l'année dernière, pourrait affecter leur capacité à devenir un pôle d'influence sur la scène internationale. Ils perçoivent également l'ordre du jour modéré du sommet comme une tentative des pays membres de se tenir à l'écart de l'attention de M. Trump.
Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, mettra certaines de ses priorités, telles que les débats sur l'intelligence artificielle et le changement climatique, au cœur des discussions, en l'absence de dirigeants clés.
Le président chinois Xi Jinping ne participera pas à un sommet des BRICS pour la première fois depuis son accession à la présidence en 2012. Le président russe Vladimir Poutine, qui interviendra par visioconférence, continue d'éviter de se rendre à l'étranger en raison d'un mandat d'arrêt international émis après l'invasion russe de l'Ukraine.
La retenue attendue à Rio marque une rupture avec le sommet de l'année dernière, organisé par la Russie à Kazan, où le Kremlin avait cherché à développer des alternatives aux systèmes de paiement dominés par les États-Unis, lui permettant d'échapper aux sanctions occidentales imposées après le début de la guerre en Ukraine, en février 2022.
Une source impliquée dans les négociations a déclaré vendredi aux journalistes que certains membres du groupe souhaitaient un langage plus agressif sur la situation à Gaza et l'attaque israélienne contre l'Iran. Cette source a requis l'anonymat, n'étant pas autorisée à s'exprimer publiquement sur le sujet.
«Le Brésil souhaite que le sommet reste aussi technique que possible», a avancé Oliver Stuenkel, professeur à la Fondation Getulio Vargas, un groupe de réflexion et une université.
Par conséquent, les observateurs s'attendent à une déclaration finale vague concernant la guerre de la Russie en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient.
Une déclaration édulcorée et non controversée pourrait être facilitée par les absences de MM. Poutine et de Xi, a ajouté M. Stuenkel. Ces deux pays ont prôné une position anti-occidentale plus affirmée, contrairement au Brésil et à l'Inde, qui privilégient le non-alignement.
Un responsable du gouvernement brésilien a déclaré jeudi à l'Associated Press que le groupe devrait produire trois déclarations communes et une déclaration finale, «toutes assez peu marquées par les tensions géopolitiques actuelles». Ce responsable a requis l'anonymat, n'étant pas autorisé à s'exprimer publiquement sur les préparatifs du sommet.
João Alfredo Nyegray, professeur de commerce international et de géopolitique à l'Université catholique pontificale du Paraná, a déclaré que le sommet aurait pu contribuer à montrer une alternative à un monde instable, mais qu'il ne le fera pas.
«Le retrait du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et l'incertitude quant au niveau de représentation de pays comme l'Iran, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis confirment la difficulté pour les BRICS de s'imposer comme un pôle cohérent de leadership mondial, a déclaré M. Nyegray. Ce moment exige une articulation de haut niveau, mais nous constatons en réalité une dispersion.»
Le Brésil, pays qui préside le bloc, a retenu six priorités stratégiques pour le sommet: la coopération mondiale dans le domaine de la santé; le commerce, l’investissement et la finance; les changements climatiques; l'encadrement de l’intelligence artificielle; le maintien de la paix et la sécurité; ainsi que le développement institutionnel.
Après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Brésil a décidé de se concentrer sur des questions moins controversées, telles que la promotion des relations commerciales entre les membres et la santé mondiale, a expliqué Ana Garcia, professeure à l’Université fédérale rurale de Rio de Janeiro.
«Le Brésil souhaite minimiser les dommages et éviter d’attirer l’attention de l’administration Trump afin de prévenir tout risque pour l’économie brésilienne», a ajouté Mme Garcia.
Si le Brésil continue de plaider en faveur de la réforme des institutions mondiales dirigées par l’Occident, une politique fondamentale du groupe, le pays souhaite éviter d’être la cible de droits de douane – une situation difficile à laquelle il a jusqu’à présent largement échappé.
Le président Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 100 % contre le bloc s’il prenait des mesures visant à affaiblir le dollar.
Le président iranien Massoud Pezeshkian et le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi seront également absents. Ces deux pays ont rejoint les BRICS en 2024, aux côtés de l'Éthiopie, de l'Indonésie et des Émirats arabes unis. L'Arabie saoudite a été invitée et participe aux discussions d'adhésion, mais n'a pas encore envoyé sa lettre de confirmation.
Outre les nouveaux membres, le bloc compte 10 pays partenaires stratégiques, une catégorie créée lors du sommet de l'année dernière, qui comprend la Biélorussie, Cuba et le Vietnam.
Cette expansion rapide a conduit le Brésil à inscrire des questions de gestion interne – officiellement appelées développement institutionnel – à l'ordre du jour afin de mieux intégrer les nouveaux membres et de renforcer la cohésion interne.
Malgré des absences notables, le sommet est important pour les participants, notamment dans le contexte d'instabilité provoquée par la guerre tarifaire de M. Trump, a indiqué Bruce Scheidl, chercheur au groupe d'étude des BRICS de l'Université de São Paulo.
«Le sommet offre la meilleure opportunité aux pays émergents de réagir, en recherchant des alternatives et en diversifiant leurs partenariats économiques», a-t-il ajouté. Pour le président brésilien, ce sommet constituera une pause bienvenue dans un contexte national difficile, marqué par une baisse de popularité et un conflit avec le Congrès.
La réunion représente également une opportunité de faire avancer les négociations sur le climat et les engagements en matière de protection de l'environnement avant la COP 30 de novembre, qui se tiendra à Belém, en Amazonie.