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Le Bloc veut protéger la disposition de dérogation

Il veut aussi s'assurer que les juges du plus haut tribunal du pays maîtrisent le français.

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Le chef du Bloc québécoirs, Yves-François Blanchet, a fait mardi un point de presse de campagne devant la Cour suprême du Canada, à Ottawa. Le chef du Bloc québécoirs, Yves-François Blanchet, a fait mardi un point de presse de campagne devant la Cour suprême du Canada, à Ottawa. (LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld)

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet s'est rendu mardi devant le lieu emblématique de la Cour suprême du Canada pour défendre le recours à la clause de dérogation prévue dans la Constitution, présentant cette disposition comme «un rempart pour préserver la prérogative et la souveraineté des Parlements du Québec et des provinces».

M. Blanchet a fait ce plaidoyer dans le contexte où les libéraux de Mark Carney dénoncent l'utilisation préventive de cette disposition souvent appelée «clause nonobstant» - tant dans le cas de la Loi sur la laïcité de l'État que de celle de la réforme de la Charte québécoise de la langue française, connue comme étant la loi 96.

«Les Parlements du Québec et des provinces sont (....) souverains. Un Parlement est toujours souverain lorsqu'il est dans sa juridiction, on ne devrait pas utiliser des recours pour l'empêcher d'exercer ses droits dans le sens de mesures très consensuelles au sein de la population», a martelé M. Blanchet.

Selon lui, une façon de protéger la disposition de dérogation «nous fait passer forcément par la nomination des juges». Le Bloc québécois souhaite que le Québec puisse sélectionner lui-même qui sont les juges à la Cour suprême représentant la province.

Quant à l'ensemble des neuf juges du plus haut tribunal au Canada, ils devraient aussi avoir d'autres critères à respecter aux yeux de M. Blanchet.

«Il y a bien sûr le fait que les juges de la Cour suprême doivent avoir une maîtrise du français et une connaissance, à partir de ce canal-là, de ce qu'est le Québec. Les juges qui sont sélectionnés par Ottawa, quel que soit le niveau, doivent être (…) au-dessus de tout soupçon en matière d'allégeance politique», a-t-il dit.

🍁 Élections fédérales 2025

Le chef bloquiste a profité de son point de presse pour ajouter une nouvelle demande à sa liste, soit celle d'appuyer la démarche de Québec visant à ce que la province puisse participer pleinement à la sélection des juges de cours supérieures plutôt qu'Ottawa gère, à lui seul, ces nominations.

«On sera en soutien aux démarches de Québec», a lancé M. Blanchet.

M. Blanchet tente de convaincre les électeurs d'élire un gouvernement minoritaire puisqu'il espère obtenir «la balance du pouvoir». Il ne s'est pas montré découragé, mardi, par le fait qu'un coup de sonde de Pallas montre que 40 % des électeurs du Québec souhaitent l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire.

«Il reste trois semaines de campagne électorale durant laquelle on pourra parler davantage des enjeux de la campagne et le moins possible des sondages qui pourraient influencer la campagne», a soutenu le chef bloquiste.

Arrêt de campagne à Lachute, dans les Laurentides

Il s'est rendu, plus tard mardi, dans la circonscription d'Argenteuil–La Petite-Nation, une circonscription des Laurentides que les bloquistes espèrent ravir aux libéraux.

Rencontrant des bénévoles et militants bloquistes en compagnie de son candidat de la région, Martin Héroux, M. Blanchet a montré des signes d'encouragement.

«Je vois (…) quelque chose que – on va se le dire, on est entre nous – en principe, ça faisait un bout que je n’avais pas senti: une organisation avec ce dynamisme-là dans une circonscription sur laquelle on a l'œil», a-t-il dit aux bloquistes réunis dans une brûlerie de Lachute.

L'ancien maire de Laval Marc Demers était présent, de même qu'une femme qui a déclaré à M. Blanchet qu'elle était sa cousine avant d'immortaliser leurs retrouvailles impromptues au moyen d'une photo.

«On a besoin que vous travailliez fort, que vous convainquiez d'autre monde, que vous enrôliez d'autre monde et que vous meniez une campagne exceptionnelle, à la mesure de la candidature exceptionnelle que vous avez dans Argenteuil–La Petite-Nation», a ajouté M. Blanchet aux quelques dizaines de personnes présentes.

M. Héroux a exprimé un certain optimisme quant à ce qu'il entend en frappant aux portes des résidants de la circonscription.

«Si je me fiais juste à mes portes, je pense qu'on aurait les deux pieds sur la bavette du poêle. Mais ce n’est pas ça, évidemment. Il faut travailler très fort, mais je pense que ça va bien», a-t-il résumé au cours d'une mêlée de presse.

Au dernier scrutin fédéral, en 2021, les libéraux l'ont emporté dans Argenteuil–La Petite-Nation en devançant les bloquistes de seulement 3 points de pourcentage.

M. Héroux admet avoir entendu, depuis le début de la présente campagne électorale, certains électeurs bloquistes se poser des questions sur la meilleure façon de voter dans le contexte d'incertitude économique engendrée par la guerre tarifaire qu'a déclenchée le président américain.

«C'est plus des questions ''Est-ce que je devrais avoir peur?'' C'est plus ça et plus ça va, plus cette question-là est adoucie, je vous dirais», conclut le candidat et comédien.

Selon des projections de l'agrégateur de sondage Canada 338, les libéraux ont de bonnes chances de garder leur siège dans Argenteuil–La Petite-Nation.

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste