Début du contenu principal.
Janvier n'est pas terminé, mais avec 1144 décès attribuables à la COVID-19 signalés ce mois-ci au Québec, il s'agit déjà du cinquième mois le plus meurtrier de la pandémie de COVID-19 dans la province.
Deux experts en santé affirment que le nombre élevé de décès est dû, en partie, à la lenteur de la campagne québécoise pour fournir des doses de rappel aux personnes de 70 ans et plus vivant en dehors des soins institutionnels.
«J'ai l'impression qu'il y a un nombre considérable de décès et d'hospitalisations qui auraient pu être évités si nous avions administré notre troisième dose plus tôt», a déclaré le Dr Quoc Dinh Nguyen, gérontologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal lors d'une entrevue, mardi.
À lire également:
Au 21 janvier, environ 87 % des décès liés à la COVID-19 au cours des 28 jours précédents étaient des personnes de 70 ans et plus. Et contrairement aux vagues précédentes, la plupart des personnes décédées vivaient à domicile plutôt que dans des foyers de soins de longue durée ou des résidences privées pour aînés.
De plus, parmi les personnes de 70 ans et plus décédées au cours de la vague actuelle, 22 % n'étaient pas vaccinées et 34,7 % avaient reçu une troisième dose de vaccin plus de sept jours avant leur décès. Le ministère de la Santé indique que 76 % des Québécois de 60 ans et plus ont reçu trois doses d'un vaccin contre la COVID-19 et que 94 % en ont reçu au moins deux.
Le Dr Donald Vinh, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill, est d'accord avec le Dr Nguyen. Il a déclaré que les statistiques de ce mois-ci -- un nombre inférieur de décès dans les établissements de soins de longue durée, mais un nombre plus élevé dans la communauté -- sont le résultat du délai dans l'administration de la troisième dose au Québec.
«Des équipes de vaccination se sont rendues dans ces établissements», a noté le Dr Vinh en entrevue, mardi, faisant référence aux résidences privées pour aînés et aux CHSLD.
«Alors c'était génial - sauf si vous n'étiez pas une personne âgée dans un établissement», a-t-il déclaré. «Si vous habitiez dans la communauté, c'est là que se trouvait l'écart.»
Le Québec a commencé à administrer des troisièmes doses dans les centres de soins de longue durée à la mi-octobre. Le gouvernement n'a offert les doses de rappel aux personnes de 80 ans et plus vivant dans la communauté qu'un mois plus tard, lorsque la campagne pour donner une troisième dose aux résidents des établissements de soins de longue durée et des résidences privées pour aînés touchait à sa fin. Les rendez-vous pour les doses de rappel n'ont ouvert aux personnes de 70 ans et plus qu'à la fin novembre.
Les personnes âgées qui vivaient à la maison n'ont peut-être pas su qu'elles avaient besoin d'une troisième dose, ou elles ont peut-être eu du mal à prendre rendez-vous, a indiqué le Dr Vinh.
Selon les données de l'Institut de santé publique du Québec, 66,4 % des personnes décédées de la COVID-19 ce mois-ci vivaient dans la communauté, comparativement à 33,6 % en janvier 2021.En avril et mai 2020, les deux mois les plus meurtriers de la pandémie, moins de 10 % des victimes de la COVID-19 vivaient à domicile et la majorité des décès signalés concernaient des personnes qui vivaient dans des établissements de soins de longue durée.
Une autre raison pour laquelle janvier a vu une augmentation des décès est liée à l'explosion des cas fin décembre, lorsque les autorités ont signalé plus de 50 000 nouveaux cas sur plusieurs jours, a déclaré le Dr Vinh. Ce nombre n'incluait pas les résultats positifs des tests rapides effectués à l'extérieur des centres de test officiels.
«Ce que la pandémie nous a montré, c'est que l'augmentation des cas communautaires précède l'augmentation des décès», a dit le Dr Vinh, ajoutant que la province aurait dû en faire plus pour ralentir la propagation de la maladie fin décembre.
«Ce pic de décès n'est pas surprenant, étant donné qu'il suit le pic de cas, mais il est décevant, car il était évitable.»
Le Québec a signalé plus de décès liés à la COVID-19 que toute autre province, à la fois depuis le début de la pandémie et au cours des deux dernières semaines, selon les données du gouvernement fédéral. La province, qui représente moins de 23 % de la population canadienne, a signalé 45,5 % de tous les décès attribués à la COVID-19 signalés dans tout le pays au cours des deux dernières semaines.
Tara Moriarty, professeure à l'Université de Toronto qui a rédigé un rapport pour la Société royale du Canada sur la mortalité liée à la pandémie, a déclaré que le Québec dispose d'un système de déclaration des décès meilleur -- et plus rapide -- que les autres provinces. La province teste également plus de personnes pour la COVID-19 après le décès que presque toute autre province, a-t-elle ajouté.
Dans certaines parties du pays, a-t-elle souligné, les statistiques de décès de la première vague sont toujours signalées et elle s'attend à ce que le nombre de morts dans d'autres parties du pays continue d'augmenter.
«Je pense qu'il est vraiment crucial en ce moment qu'à travers le pays, tout le monde comprenne que ce qu'ils voient au Québec se passe très probablement ou se passera bientôt dans leur propre province», a-t-elle déclaré lors d'une récente entrevue.
«Je pense que les gens doivent regarder le Québec et comprendre que c'est probablement la réalité de ce qui se produit.»