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Il s'agissait d'une rencontre «positive, à large portée, qui a duré trois heures», selon une source.
Le premier ministre Justin Trudeau a rencontré Donald Trump à sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, vendredi soir, lors d'un souper où plusieurs convives étaient invités à l'occasion du week-end de l'Action de grâce aux États-Unis.
L'avion de M. Trudeau a atterri en fin de journée à West Palm Beach, non loin de l'endroit où l'équipe de transition du président américain élu le 5 novembre dernier, Donald Trump, est basée dans sa propriété de Mar-a-Lago. La nouvelle administration Trump entamera officiellement son mandat en janvier.
Sur une photo republiée sur le réseau social X, vers 23 h 45 vendredi, l'on peut apercevoir messieurs Trudeau et Trump attablés avec Mike Waltz, son conseiller à la sécurité nationale dans sa future administration, ainsi que Doug Burgum, secrétaire de l'Intérieur désigné.
M. Trudeau est également assis à côté de Howard Lutnick, secrétaire au Commerce désigné par Trump. Le ministre canadien de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, s'y trouve également. Plusieurs de ces hommes influents sont accompagnés de leurs épouses.
Une source proche du dossier a indiqué à The Associated Press qu'il s'agissait d'une rencontre «positive, à large portée, qui a duré trois heures». Cette personne, qui a requis l'anonymat parce qu'elle n’était pas autorisée à prendre la parole publiquement, a affirmé que des sujets, comme le commerce, la sécurité frontalière, le fentanyl, la défense, l’Ukraine, l’OTAN, la Chine et les pipelines, ainsi que la réunion du G7 l’an prochain au Canada.
Bien que M. Trump ait qualifié le premier ministre canadien, Justin Trudeau, de «faible» et de «malhonnête» au cours de son premier mandat à la Maison-Blanche, de 2017 à 2021, les liens entre les deux pays voisins sont demeurés parmi les plus étroits au monde. M. Trudeau est le premier dirigeant des pays du G7 à rendre visite à Donald Trump depuis les élections américaines de novembre dernier.
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La première rencontre entre les deux dirigeants a eu lieu après une semaine mouvementée au cours de laquelle Donald Trump a menacé d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance des pays les plus proches des États-Unis.
Pour ne pas mettre sa menace à exécution, il exige que le Canada et le Mexique mettent un terme aux passages illégaux aux frontières et empêchent les drogues illicites, comme le fentanyl d'entrer aux États-Unis.
Plus tôt dans la journée de vendredi, le premier ministre Trudeau a expliqué qu'il pensait que les menaces tarifaires du président élu contre le Canada et le Mexique devraient être prises au sérieux.
«L'une des choses qu'il est vraiment important de comprendre, c'est que Donald Trump, lorsqu'il fait des déclarations comme celles-là, a l'intention de les mettre en pratique. Cela ne fait aucun doute», a déclaré M. Trudeau lors d'une conversation avec des journalistes quelques heures plus tôt dans le comté de Queens, à l'Île-du-Prince-Édouard.
Qui sont les membres de la future administration Trump rencontrés?
Doug Burgum dirigera le nouveau Conseil national de l'énergie de Donald Trump, supervisant un panel sur les permis, la production, la réglementation et le transport. Sa nomination a été saluée par la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a déclaré qu’ils «renforceraient la sécurité énergétique, alimenteraient la croissance économique et démontreraient le pouvoir de la collaboration transfrontalière» ensemble.
Howard Lutnick, qui a été choisi pour superviser le programme tarifaire de Donald Trump, a qualifié les tarifs douaniers d’«outil formidable» pour protéger les travailleurs américains.
Mike Waltz, un membre du Congrès de Floride en poste depuis trois mandats, a critiqué Justin Trudeau sur les réseaux sociaux pour sa gestion des questions liées à la Chine et a récemment publié un article selon lequel le chef conservateur Pierre Poilievre allait «renvoyer Trudeau en 2025» et «commencer à sortir le Canada du pétrin progressiste dans lequel il se trouve».
Justin Trudeau a appelé Donald Trump lundi soir après la publication sur les réseaux sociaux et a évoqué la dépendance mutuelle des deux économies.
Le premier ministre Trudeau a convoqué une réunion avec les premiers ministres provinciaux mercredi à leur demande pour discuter de l'approche de la nouvelle administration américaine sur le commerce et de ses préoccupations concernant la frontière canadienne.
Au cours d'un débat au Parlement cette semaine sur la menace tarifaire de Trump, la vice-première ministre Chrystia Freeland a souligné une longue liste de dirigeants de l'industrie qu'elle a rencontrés depuis les élections américaines : acier, automobile, fonds de pension, pétrole et gaz, nucléaire, aluminium, électricité, banques et même des entreprises d'IA.
«C'est l'équipe Canada», a-t-elle déclaré.
Mais la dernière fois que les libéraux de Trudeau ont réuni un tel effort, ils étaient un gouvernement majoritaire relativement nouveau. Ils ont également reçu beaucoup d'aide de personnalités conservatrices clés, comme l'ancienne cheffe conservatrice Rona Ambrose et, surtout, l'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui connaissait personnellement Trump et son ancien secrétaire au Commerce Wilbur Ross.
Asa McKercher, titulaire de la chaire Hudson sur les relations canado-américaines à l'université St. Francis Xavier, a expliqué que ces relations faisaient désormais défaut.
«Vous vous souvenez de la vidéo de M. Mulroney chantant pour M. Trump lors de sa fête d'anniversaire ? Nous n'avons rien de tel cette fois-ci», a déclaré M. McKercher.
«Le cœur de l’administration Trump est M. Trump lui-même, et il est donc très important d’avoir une bonne relation avec M. Trump.»
Justin Trudeau et Donald Trump se connaissent bien, mais on peut se demander dans quelle mesure le premier ministre Trudeau pourra former un front uni cette fois-ci. Son gouvernement a moins de capital politique, car son parti libéral est à la traîne dans les sondages d’opinion et il manque de temps avant les prochaines élections, qui doivent avoir lieu dans les 11 prochains mois.
Après la rencontre de Justin Trudeau avec les premiers ministres provinciaux, le bureau du premier ministre de l’Ontario Doug Ford a envoyé une déclaration aux médias critiquant Ottawa pour avoir été «lent à réagir» et «coincé sur la défensive». Plusieurs premiers ministres ont également déclaré que les plaintes de Donald Trump étaient légitimes.
«L’approche d’Équipe Canada est bonne, mais c’est vraiment une question de diplomatie libérale et canadienne», a déclaré M. McKercher.
«Ce gouvernement est sous assistance respiratoire. Les investisseurs le savent, l’opposition le sait. Les Américains le savent aussi. Le Canada n'a pas forcément une main forte à jouer pour construire des ponts si le gouvernement Trudeau quitte le pouvoir dans huit ou neuf mois.»
Sebastian Skamski, attaché de presse du chef conservateur Pierre Poilievre, a déclaré que le bureau de Justin Trudeau n'avait pas demandé l'aide de M. Poilievre pour réseauter avec la nouvelle administration américaine.
On a demandé à Mme Freeland si elle inviterait M. Poilievre à se joindre à elle lors d'une conférence de presse le 8 novembre, et elle a déclaré qu'elle ne parlerait pas en son nom. Elle a dit avoir cependant parlé avec certains conservateurs et néo-démocrates, bien qu'elle n'en ait nommé aucun.
Lors de la même conférence de presse, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré : «La question est de savoir si Pierre Poilievre voudra être partisan et défendre les intérêts du Canada.»