Le candidat du président américain Donald Trump à un poste de gouverneur de la Réserve fédérale (Fed), Stephen Miran, a assuré jeudi devant les sénateurs qu’il y siégerait en toute indépendance, l’opposition démocrate voyant au contraire en lui un «laquais».
Si les sénateurs américains confirment rapidement la nomination de M. Miran, celui-ci pourrait être en mesure de siéger au comité fixant les taux d’intérêt de la banque centrale des États-Unis dès sa prochaine réunion, les 16 et 17 septembre.
À la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche, M. Miran a jusqu’ici été un défenseur zélé de l’agenda économique du président Trump, qui comprend des droits de douane élevés et des pressions permanentes sur la Fed, sommée de baisser les taux directeurs pour favoriser l’emprunt et soutenir l’activité.
M. Trump l’a désigné pour occuper le siège laissé vacant par Adriana Kugler. Recrue de l’ancien président démocrate Joe Biden, Mme Kigler avait annoncé sa démission surprise début août.
Le mandat que doit reprendre M. Miran court jusqu’à fin janvier 2026.
L’opposition démocrate accuse M. Trump de vouloir façonner une Fed aux ordres, qui baisse les taux pour servir ses intérêts à court terme sans se soucier de contenir l’inflation qui érode le pouvoir d’achat des Américains.
«Indépendant d’esprit»
Passé jeudi sur le gril devant une commission du Sénat, chargée de le confirmer au poste de gouverneur, M. Miran a assuré à de multiples reprises qu’il se tiendrait à l’abri des interférences politiques.
«Si je suis confirmé à la Réserve fédérale, j’agirai de manière indépendante en fonction de ma propre analyse de l’économie, des données économiques», a-t-il ainsi affirmé, qualifiant l’indépendance de l’institution d’«essentielle».
«Il est important que la Fed reste préservée des cycles politiques», a-t-il aussi déclaré.
Mais la sénatrice démocrate Elizabeth Warren lui a reproché d’avoir, en tant que conseiller, fait «des déclarations de plus en plus absurdes pour soutenir toutes les initiatives inconsidérées» de l’exécutif.
Le président américain veut selon elle «des laquais» à la Fed.
M. Miran a surpris les élus démocrates. Il a expliqué qu’il ne comptait pas démissionner de son poste de président du CEA, mais plutôt prendre un congé sans solde, le mandat à la Fed étant de courte durée. Il a dit avoir reçu un avis juridique en ce sens.
«Je pense que c’est extrêmement dangereux» de garder un lien avec la Maison-Blanche et de vouloir retrouver plus tard son poste de conseiller, a pointé le sénateur démocrate Ruben Gallego, estimant que M. Miran serait ainsi incité à exécuter la volonté du président.
«Êtes-vous une marionnette de Donald Trump?», a demandé le sénateur républicain de Louisiane, John Kennedy.
«Pas du tout, je suis très indépendant d’esprit», a répondu M. Miran.
«Vous engagez-vous à ignorer la rhétorique de tous les politiciens?» a poursuivi M. Kennedy.
«Je m’y engage», a enchaîné M. Miran.
Le cas Cook en suspens
Le conseil des gouverneurs de la Fed comprend sept personnes: six gouverneurs et un président (actuellement Jerome Powell). Ils font partie du comité de douze personnes votant sur la politique monétaire.
Le siège d’une autre gouverneure est en jeu actuellement, celui de Lisa Cook, accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables.
Le président Trump entend la révoquer sans délai. Mme Cook a saisi la justice pour rester en poste.
Selon le Wall Street Journal, qui cite jeudi des sources anonymes, le ministère de la Justice a ouvert une enquête au sujet des prêts immobiliers litigieux. M. Trump avait estimé que la simple suspicion d’une mauvaise conduite justifiait son renvoi. Sollicité par l’AFP, le ministère n’a pas donné suite.
