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Le quotidien où il a travaillé pendant plus de 40 ans a annoncé la triste nouvelle mardi.
Célèbre chroniqueur de La Presse ayant influencé plusieurs générations d'artisans des médias, Pierre Foglia s'est éteint à l'âge de 84 ans.
Dans un texte sur le site du quotidien montréalais, mardi soir, le journaliste André Duchesne écrit que Pierre Foglia était atteint de la maladie de Parkinson et qu'il a reçu l’aide médicale à mourir alors qu’il était entouré de ses proches.
Son parcours est riche de plus de 4000 chroniques publiées dans le quotidien montréalais de 1978 à 2015.
«Pierre Foglia c'est le plus grand chroniqueur de la presse écrite de l'histoire au Québec et le plus grand chroniqueur que La Presse ait connu», a expliqué à La Presse Canadienne le chroniqueur à La Presse, Alexandre Pratt. «C'est un chroniqueur qui était tellement populaire que les gens découpaient ses articles et les apposaient sur leur porte de frigidaire.»
M. Pratt, qui a travaillé pendant de longues années aux côtés de Foglia, le décrit comme un «maître de l'anecdote, qui avait un sens de l'observation extraordinaire et qui était capable de soutirer des confidences à ses sources».
«Son travail a inspiré plusieurs générations de journalistes au Québec, dont la mienne», a ajouté son ancien collègue.
Habile conteur avec un regard oblique sur les gens qui l'entouraient et sur l'actualité, Pierre Foglia se faisait discret, laissant ses mots imprimés sur le papier journal comme son unique discours dans la sphère publique.
Pierre Foglia est le fils d'Italiens émigrés en France. Lui-même débarquera à Montréal au début des années 1960, en étant d'abord typographe pendant quelques années. Il parlera toujours avec une certaine nostalgie et un grand respect de ce métier.
Il commence son parcours comme journaliste au Journal de Sherbrooke, puis à Chicoutimi, et revient à Montréal en 1966 au quotidien La Patrie, alors dirigé par Yves Michaud. Au Montréal-Matin, il est chef de pupitre aux sports.
Pierre Foglia devient officiellement employé de La Presse le 7 novembre 1972 à titre de journaliste sportif, amorçant un mariage qui s'étalera sur plus de 40 ans.
Il commentera l'actualité politique et les enjeux de société dans le quotidien montréalais, s'attirant de nombreux fidèles chaque semaine touchés par son style et son originalité.
Dans Foglia, l'Insolent, l'auteur Marc-François Bernier souligne que le chroniqueur disait avec dérision que Dieu l'a créé pour «bâcler des chroniques de rien avec parfois un homme dedans, son chat, sa fiancée et quelques nouvelles de météo».
On y note aussi que Foglia se dira chroniqueur de l'accessoire, du dérisoire, «pompiste du rien» (1989), et qu'il raconte de «petites histoires de rien du tout» en ne s'intéressant qu'à «des univers beaucoup plus modestes».
Passionné de vélo, Pierre Foglia a couvert le Tour de France à huit reprises entre 1992 et 2003. Ses récits et portraits ont fait l'objet d'un livre illustré intitulé Le Tour de Foglia et chroniques françaises.
En février 2015, Pierre Foglia annonçait sa retraite, soulignant que son collègue et ami Ronald King lui avait déjà dit que les chroniques d’adieu étaient ridicules ou pathétiques.
Le chroniqueur y allait donc d'un relevé des titres de livres préférés de ses lecteurs au cours de leur vie - «la liste, la maudite liste» - et son propre aperçu de ses lectures récentes les plus inspirantes.
Dans une rare présence à l'écran, questionné sur son rapport à l'écriture par son fils Manuel pour La vie d'artiste à Radio-Canada, Pierre Foglia rappelait qu'il venait d'une famille très pauvre où l'art était absent à son jeune âge.
Il confiait que sa mère était femme de ménage dans une bibliothèque, et l'accompagnant à l'âge de 10 ou 11 ans, il avait un jour pris un livre et lu l'histoire.
«C'est comme ça que je suis entré dans la culture, par un livre. Et encore, je ne suis pas devenu un intellectuel, je suis devenu un gars qui avait du plaisir à lire des histoires. Et je suis encore un gars qui a du plaisir à lire des histoires», soulignait-il dans cet entretien diffusé en 1998.