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Âgé de 38 ans, il a plaidé non coupable d'espionnage économique en vertu de la Loi sur la protection de l'information du Canada.
Yuesheng Wang, un ancien employé d'Hydro-Québec accusé d'espionnage au profit de la Chine, a témoigné mardi que son premier salaire lui avait été versé six semaines après son embauche, car il n'avait pas été formé sur la manière de remplir les formulaires de paie.
L'homme de 38 ans a plaidé non coupable d'espionnage économique en vertu de la Loi sur la protection de l'information du Canada. M. Wang est accusé d'avoir partagé des recherches confidentielles d'Hydro-Québec avec des entités chinoises en vue de la commercialisation de technologies de batteries.
À la barre de son procès, qui se tient sur la Rive-Sud de Montréal, M. Wang s'est décrit comme un nouvel employé déboussolé arrivé dans l'entreprise en 2016, ne parlant ni français ni anglais et n'ayant reçu aucune formation adéquate, notamment sur le code de déontologie et les normes de travail de la société.
«Je ne me souviens de rien, car je n'étais là qu'un mois et je ne savais même pas comment remplir les formulaires de l'entreprise», a déclaré M. Wang.
Témoignant en mandarin par l’intermédiaire d’un interprète, il a déclaré au juge Jean-Philippe Marcoux de la Cour du Québec: «À cette époque, j’étais confronté à une barrière linguistique. Je ne parlais ni anglais ni français et j’avais l’impression que les gens ne souhaitaient pas vraiment me parler.»
M. Wang, ressortissant chinois et résident de Candiac, nie avoir espionné pour la Chine. Il a précisé mardi qu’il n’était plus membre du Parti communiste chinois et qu’il ne l’avait été que durant ses études universitaires.
Le procès a révélé que la publication d’un article scientifique en mars 2022, dans lequel le nom de M. Wang était mentionné, avait déclenché une enquête interne au sein de la société d’État. L'enquête a ensuite été transférée à la Gendarmerie royale du Canada.
La Couronne allègue également que M. Wang, alors qu’il travaillait à Hydro-Québec, a soumis des candidatures à des universités chinoises dans le cadre du programme des Mille Talents, un outil de recrutement utilisé par le gouvernement chinois pour inciter des scientifiques formés à l’étranger à revenir travailler en Chine. Dans ses demandes, M. Wang se serait engagé à aider des entités chinoises à commercialiser des technologies de batteries liées à des domaines de recherche confidentiels d'Hydro-Québec.
De 2016 à 2022, M. Wang a travaillé à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec, situé à Varennes, qui étudie les technologies de batteries avancées et les systèmes de stockage d'énergie.
Il affirme que les informations qu'il a partagées dans ses demandes au programme chinois étaient accessibles au public et provenaient des travaux de recherche sur les batteries sodium-ion menés avant son arrivée au Québec. La recherche sur les batteries sodium-ion était «très en vogue» durant son doctorat, a-t-il déclaré, bien que le sujet soit étudié par les scientifiques depuis plus de 40 ans. Ses recherches universitaires sur les batteries au sodium ont donné lieu à au moins 400 citations et à neuf brevets en Chine, a-t-il indiqué.
M. Wang a déclaré au tribunal que sa décision de venir au Québec était principalement motivée par l'opportunité de travailler avec le Dr Karim Zaghib, universitaire de renommée internationale et ancien cadre d'Hydro-Québec. M. Zaghib lançait l'Institut de recherche au moment de l'embauche de M. Wang.
M. Wang a obtenu le poste malgré son incapacité à parler français et sa maîtrise limitée de l'anglais. L'accusé a relaté un incident survenu en 2017, lié à une erreur dans la construction d'une batterie, qui l'a empêché de publier un article. «Pour un chercheur comme moi, si j'avais envoyé les résultats de mes travaux avec une telle erreur, cela aurait ruiné ma réputation et celle d'Hydro-Québec», a témoigné M. Wang.
«Ensuite, des rumeurs ont circulé et on disait que j'étais une personne très difficile et que plus personne ne voulait travailler avec moi.»
Plus tôt au cours du procès, la poursuite a présenté une vidéo de l'interrogatoire de sept heures mené par un agent de la GRC contre M. Wang. Cet interrogatoire portait sur divers documents, dessins et autres travaux universitaires que M. Wang s'était envoyés par courriel sans le consentement d'Hydro-Québec.
Des témoins d'Hydro-Québec ont rappelé que la propriété intellectuelle créée au sein du centre d'excellence appartient à la société.
Les avocats de la défense indiquent que M. Wang commentera la preuve de la Couronne mercredi.
M. Wang est également jugé pour quatre autres chefs d'accusation: utilisation frauduleuse d'un ordinateur, abus de confiance, actes préparatoires accomplis pour le compte d'une entité étrangère et communication de ses intentions à cette entité – la République populaire de Chine. Une autre accusation, celle d'obtention frauduleuse d'un secret commercial, a été abandonnée.