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L'ancien chef national de l'APN demande une réunion d'urgence

Il exhorte l'actuelle cheffe nationale, Cindy Woodhouse Nepinak, à convoquer une réunion d'urgence des chefs de tout le pays afin de présenter une liste de demandes aux gouvernements.

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fc2aef512f6e5101953588d9295e7b1fcab4ac23f466853e647f592ee15c3d77.jpg Phil Fontaine pose pour une photo à Toronto, le jeudi 2 décembre 2021. (Tijana Martin | La Presse canadienne)

L'ancien chef national de l'Assemblée des Premières Nations réclame une réunion d'urgence des chefs afin de formuler des demandes aux gouvernements canadiens, qui cherchent à accélérer l'approbation de projets qu'ils considèrent comme étant dans «l'intérêt national».

Phil Fontaine a déclaré que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux tentent de détruire les droits et les intérêts des Premières Nations en s'efforçant d'accélérer l'approbation des projets d'une manière qui ne «respecte pas les Premiers Peuples».

«Cela faisait longtemps que je n'avais pas assisté à un rassemblement comme celui-ci pour démontrer notre engagement indéfectible envers la protection de nos terres, de nos ressources et de nos eaux», a expliqué M. Fontaine devant des centaines de manifestants devant Queen's Park lundi.

Les dirigeants des Premières Nations se sont réunis à l'Assemblée législative de l'Ontario pour s'opposer à un projet de loi qui donnerait au gouvernement du premier ministre Doug Ford le pouvoir de suspendre les lois provinciales et municipales pour certains projets dans des zones jugées d'importance économique.

Des mesures similaires sont envisagées en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec. Le gouvernement fédéral devrait aussi déposer un projet de loi sur les procédures accélérées dans les prochains jours. Les dirigeants des Premières Nations ont averti qu'ils n'hésiteraient pas à relancer le mouvement de défense des droits des Autochtones «Idle No More» si les gouvernements allaient de l'avant sans leur contribution.

M. Fontaine a indiqué qu'il souhaitait que la Cheffe nationale actuelle, Cindy Woodhouse Nepinak, convoque une réunion d'urgence des chefs de tout le pays afin de présenter une liste de revendications aux gouvernements.

«C'est absolument important. Il est urgent que la cheffe nationale convoque cette réunion», a-t-il déclaré, ajoutant que les Premières Nations sont exclues de «toutes les discussions très importantes qui ont lieu en ce moment».

«Nous devons prendre les choses en main. Et nous le ferons avec la plus grande bienveillance possible, mais aussi avec la plus grande détermination possible pour exprimer, une fois de plus, qui nous sommes: les Premiers Peuples, les peuples visés par les traités.»

L'appel de M. Fontaine a été lancé alors que le premier ministre Mark Carney rencontrait les premiers ministres à Saskatoon lundi pour discuter d'une liste provisoire de projets «d'intérêt national» et d'un projet du gouvernement fédéral visant à accélérer leur développement.

Cette loi cherche à accélérer le travail sur certains projets grâce à un processus d'approbation réglementaire simplifié, remplaçant ainsi les examens prévus par la Loi sur l'évaluation d'impact.

Après sa rencontre avec les premiers ministres lundi, M. Carney s'est engagé à ce que la loi sur les projets d'édification nationale inclue une consultation significative.

«Tous les premiers ministres conviennent que les partenariats avec les Autochtones et l'équité seront essentiels à la réussite, a-t-il expliqué aux journalistes lors d'une conférence de presse. La prochaine loi fédérale exigera une consultation significative des peuples autochtones, tant lors de la détermination des projets d'intérêt national que lors de l'élaboration des conditions de chaque projet.»

Les dirigeants des Premières Nations ont averti que le dépôt de la loi sans consultation appropriée violerait leurs droits et compromettrait les traités qu'ils ont signés avec la Couronne.

Dans une lettre envoyée à M. Carney vendredi, la cheffe Woodhouse Nepinak a expliqué que, bien que l'Assemblée des Premières Nations soutienne les efforts visant à protéger le Canada de l'incertitude géopolitique et économique, les droits des Premières Nations en vertu du droit international et de la Constitution sont «en jeu dans cette loi».

Le gouvernement fédéral a remis aux dirigeants des Premières Nations un bref document d'information sur la législation lundi dernier et leur a demandé de faire part de toute préoccupation concernant le plan avant la fin de la semaine, alors même que les chefs des Prairies géraient des évacuations d'urgence liées aux feux de forêt et que les dirigeants s'affairaient à monter l'opposition à la législation provinciale.

«Le consentement libre, préalable et éclairé des Premières Nations doit d'abord être obtenu, a écrit Mme Woodhouse Nepinak dans sa lettre à M. Carney. Sinon, cette législation, comme tant d'autres avant elle, sera entachée de conflits et de litiges prolongés, car les droits des Premières Nations auront une fois de plus été bafoués.»