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Le remplaçant d'Hubble, Webb, s'est envolé samedi matin.
Le télescope spatial le plus grand et le plus puissant du monde s'est envolé, samedi, pour observer notamment la lumière des premières étoiles et des galaxies et parcourir l'univers à la recherche d'indices de vie.
Le télescope spatial James Webb s'est envolé de la Guyane française, sur la côte nord-est de l'Amérique du Sud, transporté par une fusée européenne Ariane dans le ciel du matin de Noël.
Il est le fruit d'une collaboration internationale entre l'Agence spatiale canadienne (ASC), la NASA et l'Agence spatiale européenne. «Grâce à des investissements stratégiques en recherche-développement dans le domaine spatial et à notre expertise de renommée mondiale en astronomie, en sciences et en génie, la contribution du Canada ouvre des possibilités scientifiques extraordinaires aux astronomes canadiens, qui seront parmi les premiers à avoir accès aux données recueillies par le télescope Webb et à les étudier», a écrit l'Agence spatiale canadienne dans un communiqué.
L'ASC a précisé que le Canada a fourni «deux éléments essentiels» au télescope Webb: «le détecteur de guidage de précision qui guidera le télescope avec une extrême précision - d'un millionième de degré - pendant toutes les observations» et «l'imageur et spectrographe sans fente dans le proche infrarouge (NIRISS), l'un des quatre instruments scientifiques du télescope qui doit permettre aux astronomes d'observer des galaxies lointaines et d'étudier l'atmosphère d'exoplanètes afin de déterminer leur habitabilité.»
L'appareil d'observation de 10 milliards de dollars s'est précipité vers sa destination à 1,6 million de kilomètres, soit plus de quatre fois au-delà de la lune. Il lui faudra un mois pour y arriver et cinq mois de plus avant que ses yeux infrarouges soient prêts à commencer à balayer le cosmos.
Dans un premier temps, l'énorme miroir et le pare-soleil du télescope doivent se déployer ; ils ont été pliés à la manière d'un origami pour s'insérer dans la coiffe de la fusée. Sinon, l'observatoire ne sera pas en mesure de remonter dans le temps 13,7 milliards d'années comme prévu, à peine 100 millions d'années après la formation de l'univers Big Bang.
L'administrateur de la NASA, Bill Nelson, a déclaré que Webb est une machine à remonter le temps qui fournira "une meilleure compréhension de notre univers et de notre place dans celui-ci : qui nous sommes, ce que nous sommes, une recherche qui est éternelle".
«Nous allons découvrir des choses incroyables que nous n'avons jamais imaginées», a déclaré Bill Nelson après le décollage. Mais il a fait une mise en garde: «Il y a encore d'innombrables choses qui doivent fonctionner et elles doivent fonctionner parfaitement ? nous savons que dans toute grande récompense, il y a un grand risque.»
Conçu pour succéder au télescope spatial Hubble vieillissant, le James Webb, longtemps retardé, porte le nom de l'administrateur de la NASA dans les années 1960. La NASA s'est associée aux agences spatiales européenne et canadienne pour construire et lancer le nouveau télescope de 7 tonnes, avec des milliers de personnes de 29 pays qui y travaillent depuis les années 1990.
Avec le lancement le jour de Noël, dans un contexte où il y a une augmentation mondiale des cas de COVID-19, moins de spectateurs que prévu assistaient au lancement sur le site en Guyane française.
Partout dans le monde, les astronomes attendaient avec impatience de voir le télescope enfin prendre son envol après des années de contretemps. Des problèmes techniques de dernière minute ont retardé le lancement de près d'une semaine, puis des rafales de vent l'ont repoussé à Noël.
Des acclamations et des applaudissements ont éclaté à l'intérieur et à l'extérieur de la salle de contrôle après le lancement sans faille de Webb. Des scientifiques en liesse criaient au milieu de panneaux indiquant : «Bon Voyage Webb». Quelques-uns des contrôleurs portaient des tuques de père Noël. Les caméras de l'étage supérieur de la fusée ont donné un dernier aperçu du télescope scintillant, avant qu'il ne s'envole.
«Nous avons livré aujourd'hui un cadeau de Noël à l'humanité», a déclaré le directeur général de l'Agence spatiale européenne, Josef Aschbacher. «C'est très éprouvant pour les nerfs. Je ne pourrais pas faire de lancements tous les jours. Ce ne serait pas bon pour mon espérance de vie», a indiqué Josef Aschbacher.
La pièce maîtresse du télescope : un miroir plaqué or de plus de 6,5 mètres de diamètre. Le télescope est protégé par un pare-soleil à cinq couches, essentiel pour maintenir le miroir collecteur de lumière et les détecteurs infrarouges thermosensibles à des températures inférieures à zéro. Il est environ de la taille d'un terrain de tennis, soit 21 mètres sur 14 mètres.
Si tout se passe bien, le pare-soleil s'ouvrira ouvert trois jours après le décollage, il prendra au moins cinq jours pour se déplier et se mettre en place. Ensuite, les segments du miroir devraient s'ouvrir, environ 12 jours après le début du vol.
Au total, des centaines de mécanismes de déclenchement doivent fonctionner - parfaitement - pour que le télescope réussisse.
«Comme rien de ce que nous avons fait auparavant», a déclaré le directeur du programme de la NASA, Greg Robinson.
L'astronaute-astronome à la retraite Steven Hawley est plus stressé par le déploiement de Webb que lors de celui de Hubble, qu'il a mis en orbite depuis la navette spatiale Discovery en 1990. C'est parce que Webb sera trop loin pour être réparé, comme cela était nécessaire lorsque Hubble a connu quelques défectuosités.
Les réparations spatiales effectuées par les astronautes ont transformé Hubble, qui a révolutionné la compréhension de l'univers par l'humanité en posant ses yeux sur ce qui s'est passé il y a 13,4 milliards d'années. C'est maintenant à Webb de se rapprocher encore plus du Big Bang, il y a 13,8 milliards d'années.
La NASA vise 10 ans de vie opérationnelle pour Webb. Les ingénieurs ont délibérément laissé le réservoir de carburant accessible pour un remplissage si un jour, une technologie devient disponible pour l'atteindre en vaisseau spatial.
Par The Associated Press et La Presse canadienne