Début du contenu principal.
L’activité en Allemagne, première économie européenne, est entrée en récession au premier trimestre, une faiblesse temporaire selon le gouvernement mais à contre-courant du reste de l’Europe.
L’activité en Allemagne, première économie européenne, est entrée en récession au premier trimestre, une faiblesse temporaire selon le gouvernement mais à contre-courant du reste de l’Europe.
Pénalisée par l’inflation élevée et la remontée des taux d’intérêt, l’activité mesurée par le Produit intérieur brut (PIB) a chuté de 0,3 % entre janvier et mars sur un trimestre, après un recul de 0,5 % entre octobre et décembre, en données corrigées des variations de saison et de calendrier, a indiqué jeudi l’institut national des statistiques Destatis.
Il s’agit d’une récession au sens technique, c’est-à-dire deux trimestres de baisse à la suite. C’est une première depuis la pandémie de coronavirus, qui avait provoqué une chute du PIB allemand au premier et deuxième trimestre 2020.
Sur un an, l’indicateur chute de 0,5 %. Ce chiffre, définitif, revoit à la baisse une précédente estimation de fin avril qui indiquait plutôt une stagnation (0,0 %) de l’activité.
«Ce n’est pas une surprise, même si l’ampleur de cette révision est effrayante», a commenté Jens Oliver Niklasch, analyste pour LBBW.
L’industrie allemande, longtemps dépendante du gaz russe bon marché, a été durement touchée l’an dernier après l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Les approvisionnements ont été coupés et les prix ont grimpé.
Malgré cela, l’économie semblait mieux résister que prévu en début d’année, grâce à des aides publiques massives, un recours accru au gaz liquéfié et un début de baisse des prix du gaz depuis l’automne.
L’industrie a profité également de la réouverture de la Chine et d’une atténuation des difficultés d’approvisionnement sur les marchés internationaux, relançant l’export.
La perspective d’une récession semblait s’éloigner. Mais «cet optimisme a laissé place à plus de réalisme (...) l’Allemagne est bien tombée dans une récession hivernale», commente Carsten Brzeski, expert pour la banque ING.
La publication de divers indicateurs économiques du mois de mars l’ont illustré.
Après plusieurs mois de hausse, la production du secteur manufacturier, centrale pour le modèle économique allemand, a baissé de 3,4 % sur un mois. La production de véhicules automobiles a notamment diminué de 6,5 % et la construction de 4,6 %.
Les commandes industrielles ont elles aussi rechuté lourdement en mars, de 10,7 % sur un mois, du jamais vu depuis le creux de la pandémie. Et les exportations, essentielles pour ce secteur, ont fortement reculé à 5,2 %
Ce retournement tient notamment à la baisse de la consommation intérieure en raison de l’inflation. Celle-ci reste très élevée, à plus de 7,2 % en avril malgré une diminution progressive.
Les hausses de taux directeur menées tambour battant par la Banque centrale européenne (BCE) pour combattre cette hausse des prix ont enfoncé le clou, freinant considérablement l’activité.
À l’étranger, les partenaires commerciaux du pays ont moins importé de produits «made in Germany» que d’habitude. En cause : «les turbulences géopolitiques, les taux d’inflation élevés et la perte du pouvoir d’achat», selon l’institut économique DIHK.
Malgré ce ralentissement, le gouvernement allemand reste optimiste, avec une prévision de croissance de 0,4 % en 2023.
«Les perspectives de l’économie allemandes sont très bonnes, nous sommes en train de surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés», a assuré le chancelier Olaf Scholz devant la presse.
Son ministère de l’Economie a parlé d’une «faiblesse hivernale» avant «une nette amélioration» attendue ensuite.
Tout le monde n’est pas aussi optimiste. Le FMI a prévu en avril que l’activité économique allemande se contracterait de 0,1 % cette année, avant un rebond de 1,1 % en 2024.
La situation allemande dénote par rapport à ses voisins européens, où le risque de récession s’est progressivement estompé grâce à la baisse des prix de l’énergie.
«L’Allemagne est très largement considérée comme le potentiel mouton noir de l’Europe», déclare Guillaume Dejean, analyste pour Global Market Insight.
En Belgique et en France, l’activité économique a ainsi progressé respectivement de 0,4 % et 0,2 % au premier trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent. L’Italie a de son côté vu son PIB grimper de 0,5 %.