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La première ministre britannique a démissionné jeudi. Le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni, Ralph Goodale, pense que les relations entre les deux pays vont se poursuivre «sans être affectées». Ce n'est pas l'avis d'experts commerciaux.
De nouvelles turbulences politiques en Grande-Bretagne risquent de retarder davantage les négociations commerciales avec le Canada, mais le haut-commissaire du Canada à Londres est plus optimiste, soutiennent des experts.
La première ministre britannique Liz Truss a démissionné jeudi après un mandat tumultueux de 45 jours marqué par des politiques économiques qui ont secoué les marchés financiers et une rébellion au sein de son parti politique qui a anéanti son autorité.
Mme Truss est ainsi devenue la troisième chef à la tête des conservateurs à être renversé en autant d'années, prolongeant l'instabilité qui a secoué la Grande-Bretagne depuis sa rupture avec l'Union européenne.
Le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni, Ralph Goodale, pense que les relations entre les deux pays vont se poursuivre «sans être affectées».
«Certaines réunions prévues ce mois-ci peuvent être reportées au mois prochain, a-t-il expliqué. Mais les questions qui sont d'une importance capitale pour nos deux pays transcendent les différences politiques.»
Cela inclut un accord commercial en suspens. «Je ne prévois aucun retard, quel qu'il soit, a-t-il affirmé. Les deux pays, au plus haut niveau, sont totalement engagés dans cette voie. Le processus est bien avancé.»
Pourtant, des experts commerciaux canadiens craignent que la mise en place d'un autre cabinet britannique retarde les négociations.
«S'il y a un nouveau chef et de nouveaux ministres en place, il leur faut du temps pour se mettre au courant de leurs dossiers», rappelle Trevin Stratton, conseiller économique principal chez Deloitte Canada.
«Tous les accords en cours de négociation pourraient être suspendus pendant un certain temps jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau dirigeant», soulève aussi M. Stratton, qui a conseillé la Chambre de commerce du Canada sur la manière dont les entreprises canadiennes pourraient profiter du Brexit.
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Depuis le Brexit, le Royaume-Uni s'est concentré sur l'approfondissement des liens avec des pays à l'extérieur de l'Europe, en particulier des membres du Commonwealth comme le Canada.
Un accord de continuité est actuellement en place, qui maintient la plupart des règles de l'ancienne Union européenne jusqu'à ce que le Canada signe un nouvel accord commercial avec la Grande-Bretagne.
Lawrence Herman, un avocat commercial de Toronto, soutient que le tumulte pourrait nuire à la finalisation rapide d'un nouvel accord.
«Les troubles politiques au Royaume-Uni se répercuteront inévitablement sur les relations bilatérales, ralentissant les avancées dans de nombreux domaines politiques, y compris le commerce international», écrit-il dans un courriel envoyé depuis la Grande-Bretagne, où il est en voyage d'affaires.
«Bien que la relation commerciale de base se poursuive, il n'y aura aucun progrès dans les négociations d'un nouvel accord commercial avant un certain temps, du moins jusqu'à ce que la situation politique au Royaume-Uni soit stabilisée.»
Selon Raph Goodale, trois sessions de négociation sur un nouvel accord ont déjà eu lieu et une quatrième, prévue fin novembre ou début décembre, devrait se dérouler comme prévu.
Alors que certaines questions peuvent être reportées «jusqu'à ce que la nature du cabinet britannique soit réglée», l'ordre du jour de cette session est déjà établi et la direction politique a déjà été donnée aux négociateurs.
«Je ne prévois aucun contretemps majeur dans le processus», indique M. Goodale.
La finalisation des détails d'un nouvel accord commercial peut prendre un certain temps, alors que les priorités de la Grande-Bretagne évoluent dans un contexte de crise du coût de la vie et de récession imminente.
Les politiques économiques peu réglementées qui ont permis à Mme Truss d'être élue par son parti, notamment une réduction d'impôts non financée, se sont avérées désastreuses dans le monde réel, à une époque où l'inflation est très élevée et la croissance faible.
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M. Stratton fait remarquer que ces politiques ont mis la livre sterling en chute libre, le dollar canadien faisant des gains sur la livre sterling qui pourraient entraîner une baisse des exportations vers le Royaume-Uni.
Selon lui, la démission de Mme Truss pourrait ramener les taux de change à la normale, tandis que son parti a eu un désir assez constant de signer de nouveaux accords commerciaux.
«Cette démission en soi n'aura pas nécessairement un impact énorme sur nos relations commerciales, compte tenu des liens économiques de longue date qui existent entre les deux pays», explique M. Stratton.
La Chambre de commerce anglo-canadienne croit que ces liens sont passés au premier plan, maintenant qu'il est tout aussi facile d'exporter vers le Canada que d'exporter vers l'Europe.
«Le Brexit, en rendant beaucoup plus difficile de faire des affaires avec l'Europe, a uniformisé les règles du jeu», mentionne Martin Buckle, le trésorier du groupe de Toronto.
«Le Canada a une image si positive au Royaume-Uni que les gens voient ici la prochaine étape d'une expansion mondiale.»
M. Buckle espère que le dysfonctionnement en Grande-Bretagne n'entrave pas les liens entre le renseignement et l'armée, mais il s'attend à ce que les pourparlers commerciaux du Canada se déroulent en douceur une fois que la rancœur de Londres se sera calmée.
«Les fonctionnaires qui y travaillent se sont beaucoup entraînés depuis le Brexit, ce sont donc des gens assez intelligents.»
Les conservateurs disent qu'ils prévoient d'installer un nouveau chef d'ici la fin de la semaine prochaine. Ils détiennent la majorité aux Communes, bien que le parti d'opposition appelle à des élections.