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La vérificatrice générale étudiera la mise à jour du système de paie fédéral

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1800a2bc756dada396f0821311ab50e54bac554430ab530b07eb59c0c111a850.jpg Le Centre des services de paye de la fonction publique est photographié à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, le mercredi 27 juillet 2016. LA PRESSE CANADIENNE/Ron Ward ( LA PRESSE CANADIENNE/Ron Ward)

La tentative difficile du gouvernement fédéral de moderniser son système de paie sera examinée par la vérificatrice générale du Canada, alors que le gouvernement entame la transition vers un nouveau programme de paie. 

Ottawa a annoncé en juin l'attribution d'un contrat de 10 ans à Dayforce, d'une valeur de près de 351 millions $, pour remplacer le système de paie Phénix, qui a été la source de problèmes importants. Le contrat permet une extension possible sur 20 ans.

Claire Baudry, porte-parole du Bureau du vérificateur général du Canada, indique que le rapport devrait être déposé au Parlement en 2026.

Elle précise que les décisions concernant la portée et le calendrier de l'audit n'ont pas encore été prises.

Le système de paie Phénix a été lancé en 2009 pour un coût initial de 309 millions $ et a commencé à traiter la paie des fonctionnaires en 2016.

Les problèmes liés à Phénix sont apparus presque immédiatement, entraînant des erreurs généralisées sur les chèques de paie des employés et des retards de paiement.

Le gouvernement a cherché à s'attaquer à ces problèmes en embauchant davantage d'agents de rémunération et en utilisant l'intelligence artificielle.

Un haut fonctionnaire fédéral a déclaré en juin que la résolution des problèmes de paie causés par Phénix avait coûté plus de 5 milliards $ aux contribuables et que le gouvernement continuerait de financer l'exploitation simultanée de deux plateformes de paie de la fonction publique, le temps qu'Ottawa se débarrasse de ce système sujet aux problèmes.

Jeremy Link, porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada, a déclaré à La Presse Canadienne dans un courriel qu'au cours des deux prochaines années, le ministère prévoyait identifier les conditions spécifiques à respecter avant que les ministères puissent mettre en œuvre Dayforce. Ces conditions comprennent notamment la réduction de l'arriéré de paiements non traités.

M. Link a indiqué que le gouvernement tente de déployer le nouveau système «progressivement, en plusieurs vagues», avec un nombre limité de ministères adoptant le nouveau système à la fois.

«D'après les travaux réalisés à ce jour, les paramètres actuels indiquent que tous les cas en attente doivent être résolus avant la migration», a expliqué M. Link, ajoutant que le ministère travaille à déterminer si certains types de cas pourraient être exclus.

M. Link a dit que le moment exact du déploiement de Dayforce reste à déterminer et dépendra de l'ampleur du travail accompli au cours des deux prochaines années.

Un changement attendu

Sharon DeSousa, présidente nationale de l'Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), a déclaré que le syndicat accueille favorablement une enquête «approfondie et indépendante» sur le système de paie fédéral.

Elle a ajouté que l'AFPC réclamait cette mesure «depuis le premier jour».

«Près de dix ans plus tard, le fiasco salarial du gouvernement continue de laisser tomber les fonctionnaires fédéraux, et il nous faudra encore des années avant un nouveau système de paie, a affirmé Mme DeSousa. Personne ne devrait vivre avec l'angoisse constante de se demander si sa paie est exacte, s'il peut payer son loyer, son épicerie ou ses factures.»

«Il est plus que temps de réparer ce système de paie défaillant. Une autre décennie d'échecs n'est pas envisageable.»

Le vérificateur général s'est déjà penché à deux reprises sur les problèmes de paie de Phénix. En 2017, il a conclu que Services publics et Approvisionnement Canada n'avait pas réussi à identifier et à résoudre les problèmes de manière à ce que les employés reçoivent leur paie exacte à temps.

En 2018, après avoir examiné de plus près la mise en œuvre de Phénix, le vérificateur a conclu que le projet Phénix constituait «un échec incompréhensible en matière de gestion et de supervision de projet». Il affirmait alors que les dirigeants de Phénix avaient privilégié certains aspects, comme le calendrier et le budget, au détriment d'aspects essentiels, comme la fonctionnalité et la sécurité.

Le rapport de 2018 indiquait que Phénix n'avait pas répondu aux besoins des utilisateurs, avait coûté des centaines de millions de dollars au gouvernement fédéral et avait affecté financièrement des dizaines de milliers de ses employés.

Le nouvel audit ne fera «que souligner ce que nous savons déjà: le gouvernement a pris beaucoup de retard sur sa promesse de régler ce problème, et les fonctionnaires fédéraux sont encore loin de pouvoir compter sur leur salaire», selon Nathan Prier, président de l'Association canadienne des employés professionnels (ACEP).

En 2024, M. Prier a indiqué que plus de 800 membres de l'ACEP étaient toujours aux prises avec des problèmes liés à Phénix, un nombre en hausse depuis deux ans.

«Près d'un tiers des fonctionnaires fédéraux continuent de rencontrer des problèmes de rémunération, qu'ils soient surpayés, sous-payés ou pas payés du tout, a-t-il affirmé dans un courriel. Cela signifie que des milliers de personnes n'ont pas pu payer leur prêt immobilier ou leur loyer, ont vu leur cote de crédit chuter et ont été confrontées à d'importants problèmes fiscaux.»

Au-delà de ceux dont la rémunération a été directement impactée, M. Prier a déclaré que «chaque employé du secteur public doit désormais y réfléchir à deux fois avant de changer d'emploi ou d'accepter une promotion par crainte de se retrouver pris dans le désordre de Phénix». 

Avec des informations de Kyle Duggan pour La Presse canadienne

Catherine Morrison

Catherine Morrison

Journaliste