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Regardez les étiquettes et la signalisation dans les magasins... mais ces deux indices peuvent être trompeurs.
Déterminer dans quelle mesure un produit est canadien peut être un véritable casse-tête, et les experts affirment que quiconque tente de soutenir les options locales devra faire ses recherches et se préparer à faire des choix.
Il est compliqué d’identifier l’origine d’un article, car les entreprises utilisent une vaste gamme de messages pour présenter des articles comme canadiens alors qu’ils peuvent être fabriqués ici avec des ingrédients d’ailleurs ou fabriqués avec des produits canadiens, mais appartenant à une société mère internationale.
«C’est extrêmement délicat et il est plus difficile d’acheter canadien qu’on ne le pense», affirme Mike von Massow, professeur et économiste au Collège d’agriculture de l’Ontario à l’Université de Guelph.
Il indique que les Canadiens qui cherchent à acheter des produits canadiens dans le cadre des tensions commerciales avec les États-Unis devront faire des choix quant à leur degré de rigueur et peut-être même exclure certains articles de leur liste d’achats.
En cherchant à acheter des produits canadiens, les consommateurs se rendront compte, comme lui et d’autres experts, que bon nombre de leurs produits américains préférés n’ont pas d’alternative canadienne, car les acteurs du pays ne les fabriquent pas ou ne peuvent pas les cultiver en ce moment, voire pas du tout, en raison du climat.
«Pensez au brocoli frais, par exemple. À cette période de l’année, il est beaucoup moins probable que ce soit du brocoli canadien… parce que nous avons énormément de neige.»
Il en va de même pour la laitue et d’autres légumes qui ne sont généralement pas cultivés dans les serres canadiennes en hiver, ainsi que pour des fruits comme les oranges, qui ne sont pas originaires du Canada parce que le climat ne permet pas de les cultiver.
Les Canadiens à la recherche de tels produits devront peut-être plutôt penser moins à acheter canadien et plus à acheter des produits fabriqués ailleurs qu’aux États-Unis, selon M. von Massow.
Ils pourraient également envisager d’acheter leurs produits en fonction de ce qui est de saison au Canada ou de ce qui peut être conservé pendant une longue période.
«Nous avons des courges que nous pouvons acheter directement à l’agriculteur et garder dans notre sous-sol, car elles se conservent très bien», donne-t-il en exemple.
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Pour obtenir plus d’informations sur la provenance d’un produit, le professeur recommande de regarder les étiquettes et la signalisation dans les magasins, mais prévient que les deux peuvent être trompeurs.
Les produits alimentaires étiquetés «Fabriqué au Canada», par exemple, peuvent être fabriqués à partir d’ingrédients provenant d’ailleurs, à condition que «la dernière transformation substantielle du produit» ait été faite au Canada, selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Par exemple, la transformation du fromage, de la pâte, de la sauce et d’autres ingrédients pour créer une pizza serait considérée comme une transformation substantielle.
Pour les produits non alimentaires, la dernière transformation substantielle du produit doit avoir eu lieu au Canada et au moins 51 % des coûts de production ou de fabrication doivent avoir été réalisés au pays, spécifie Melissa Tehrani, avocate montréalaise chez Gowling WLG.
Pendant ce temps, «Produit du Canada» signifie que la totalité ou la quasi-totalité des pièces, de la transformation et de la main-d’œuvre utilisées pour fabriquer le produit sont canadiennes, bien qu’elles puissent contenir une petite quantité d’aliments importés, comme des épices, des additifs, des vitamines et des arômes.
Pour les produits non alimentaires, l’étiquette ne peut être utilisée sur les articles que lorsqu’au moins 98 % des coûts de production ou de fabrication du produit ont été engagés au Canada.
«C’est un seuil très élevé à atteindre, affirme Mme Tehrani. Mais, même si vous ne pouvez pas respecter la mention “Fabriqué au Canada” ou la mention plus stricte “Produit du Canada”, il peut toujours y avoir un moyen de montrer la fierté canadienne.»
C’est là qu’entrent en jeu les étiquettes indiquant que les produits ont été assemblés, cousus, rôtis, mis en conserve, raffinés, brassés, distillés, emballés et préparés au Canada.
Bien qu’elles indiquent souvent le travail effectué ici, Mme Tehrani rappelle que les ingrédients peuvent provenir de l’extérieur du pays.
Ce qui complique ces étiquettes, c’est le fait que le lieu où ce travail est effectué ou la provenance des articles peuvent changer.
Le professeur von Massow connaît des entreprises ontariennes qui produisent de la salsa dans la province avec des tomates, des poivrons et des oignons cultivés dans la province pendant certaines périodes de l’année, mais pas à d’autres.
«Les gens regarderont donc et diront que ce n’est pas marqué “Produit du Canada”, mais, dans certains cas, c’est peut-être le cas à certaines périodes de l’année», précise-t-il.
«Dans ces circonstances, voulons-nous pénaliser les travailleurs canadiens, si nous voulons acheter un produit canadien?»
Les mêmes questions se posent pour les grandes entreprises américaines comme PepsiCo, qui, selon M. von Massow, produit les chips de pommes de terre Lay’s à Cambridge, en Ontario, avec des travailleurs canadiens et des pommes de terre canadiennes.
Même l’épicier chez qui vous achetez un produit peut ajouter de la complexité au sentiment d’achat canadien.
«Vous pourriez acheter un produit canadien chez Costco ou Walmart, qui sont des entreprises américaines, mais est-ce que cela atteint votre objectif?» questionne M. von Massow.
«Et est-ce mieux que d’acheter un produit américain chez un détaillant canadien?»
Il n’y a pas de bonne réponse, selon M. von Massow.
Chaque acheteur devra décider lui-même dans quelle mesure il prend au sérieux le mouvement d’achat canadien en fonction de son niveau de confort, de ses préférences, de son revenu, de la proximité des magasins et même du temps qu’il lui faudra pour rechercher des articles.
«C’est très déroutant et c’est difficile, conclut M. von Massow. Mais si les gens sont très motivés à le faire, ils peuvent le faire, mais ils doivent y investir du temps.»