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«La principale raison de ces températures record est l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.»
La Terre a connu son année la plus chaude jamais enregistrée en 2024, avec un tel bond que la planète a temporairement dépassé un seuil climatique majeur, ont annoncé vendredi plusieurs agences de surveillance météorologique.
La température moyenne mondiale atteinte l'année dernière a facilement dépassé le record de chaleur de 2023. Elle a même dépassé le seuil de réchauffement à long terme de 1,5 degré Celsius par rapport à la fin des années 1800, une cible qui avait été fixée dans l'Accord de Paris en 2015.
Le service climatique Copernicus de la Commission européenne, le bureau météorologique du Royaume-Uni et l'agence météorologique japonaise en sont tous venus à cette conclusion. Ils ont publié leurs résultats à l'unisson, vendredi.
L'équipe européenne a calculé un réchauffement de 1,6 degré Celsius, l'équipe japonaise a trouvé 1,57 degré et l'équipe du Royaume-Uni a mesuré 1,53 degré. Les équipes de surveillance américaines – la NASA, la National Oceanic and Atmospheric Administration et l’organisme privé Berkeley Earth – devaient publier leurs résultats plus tard vendredi.
«La principale raison de ces températures record est l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère» provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, a déclaré Samantha Burgess, responsable stratégique du climat chez Copernicus.
«Alors que les gaz à effet de serre continuent de s’accumuler dans l’atmosphère, les températures continuent d’augmenter, y compris dans l’océan. Le niveau de la mer continue de monter, alors que les glaciers et les calottes glaciaires continuent de fondre.»
L’année dernière, la température moyenne a éclipsé d’un huitième de degré la marque de 2023, selon les données de l'équipe européenne. C’est un bond important, puisqu'habituellement, les records de température mondiale n'ont été dépassés que de quelques centièmes de degré chaque année, ont soulevé les scientifiques.
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Les 10 dernières années sont les 10 plus chaudes jamais enregistrées et sont probablement les plus chaudes depuis 125 000 ans, a soutenu Mme Burgess.
Le 10 juillet 2024 a été la journée la plus chaude enregistrée sur Terre, avec une température moyenne de 17,16 degrés, a constaté Copernicus.
De loin, le plus grand contributeur au réchauffement climatique est la combustion de combustibles fossiles, selon plusieurs scientifiques. Un réchauffement naturel temporaire du Pacifique central dû à El Niño a ajouté une petite quantité et une éruption volcanique sous-marine en 2022 a fini par refroidir l'atmosphère, car elle a mis plus de particules réfléchissantes dans l'atmosphère ainsi que de la vapeur d'eau, a mentionné Mme Burgess.
«C'est un voyant d'avertissement qui s'allume sur le tableau de bord de la Terre et qui indique qu'une attention immédiate est nécessaire», a affirmé Marshall Shepherd, qui est professeur de météorologie à l'Université de Géorgie.
«L’ouragan Helene, les inondations en Espagne et les incendies de forêt en Californie sont les symptômes de ce changement de vitesse malheureux. Il nous reste encore quelques vitesses à passer.»
«Les alarmes liées au changement climatique retentissent presque constamment, ce qui peut rendre le public insensible à l’urgence, comme les sirènes de police à New York», a reconnu Jennifer Francis, qui est scientifique pour le Woodwell Climate Research Center.
«Dans le cas du climat, cependant, les alarmes sont de plus en plus fortes et les urgences vont désormais bien au-delà de la simple température.»
Le monde a subi 140 milliards $ US de pertes liées aux catastrophes climatiques l’année dernière. L’Amérique du Nord a été particulièrement touchée, selon un rapport de la compagnie d’assurance Munich Re.
«L’accélération de la hausse des températures mondiales veut dire qu'il y aura plus de dommages aux biens et d’impacts sur la santé humaine et les écosystèmes dont nous dépendons», a prévenu Kathy Jacobs, scientifique spécialiste de l’eau à l’Université de l'Arizona.
C'est la première fois qu'une année dépasse le seuil de 1,5 degré Celsius, à l'exception d'une mesure de 2023 réalisée par Berkeley Earth, qui a été initialement financée par des philanthropes sceptiques quant au réchauffement climatique.
Les scientifiques n'ont pas tardé à souligner que l'objectif de 1,5 degré concerne le réchauffement à long terme, désormais défini comme une moyenne sur 20 ans. Le réchauffement depuis l'époque préindustrielle sur le long terme est désormais de 1,3 degré Celsius.
«Le seuil de 1,5 degré n'est pas seulement un chiffre, c'est un signal d'alarme. Le dépasser, même pour une seule année, montre à quel point nous sommes dangereusement proches de dépasser les limites fixées par l'Accord de Paris», a averti Victor Gensini, qui est climatologue à la Northern Illinois University.
Une étude de grande envergure des Nations unies réalisée en 2018 a révélé que maintenir la hausse de la température de la Terre en dessous de 1,5 degré Celsius pourrait sauver les récifs coralliens de l’extinction, empêcher la perte massive de la calotte glaciaire en Antarctique et éviter la mort et la souffrance de nombreuses personnes.
Les calculs européens et britanniques prévoient qu’avec un refroidissement de La Niña au lieu du réchauffement d’El Niño de l’année dernière, 2025 ne sera probablement pas aussi chaude que 2024. Ils prévoient qu’elle viendra au troisième rang des années les plus chaudes de l'histoire.
Toutefois, les six premiers jours de janvier ont été en moyenne légèrement plus chauds et constituent le début d’année le plus chaud à ce jour, selon les données de Copernicus.
Les scientifiques restent divisés sur la question de savoir si le réchauffement climatique s'accélère.
Il n'y a pas assez de données pour observer une accélération du réchauffement atmosphérique, mais la teneur en chaleur des océans semble non seulement augmenter, mais augmenter à un rythme plus rapide, a analysé le directeur de Copernicus, Carlo Buontempo.
«Nous sommes confrontés à un climat et à des défis totalement nouveaux, des défis climatiques auxquels notre société n'est pas préparée», a déclaré M. Buontempo.