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La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal dénonce l'exportation de chevaux vivants vers le Japon à des fins de consommation humaine, une pratique qui devait être interdite par le gouvernement fédéral.
Selon l'organisme, plus de 40 000 de ces équidés ont été transportés vers le pays depuis 2013, passant souvent des heures sans eau, nourriture ou repos.
Dans une lettre aux ministres, la SPCA a invité la population canadienne à soutenir la campagne, qui appelle le gouvernement canadien à honorer son engagement d'interdire l'envoi de chevaux par avion-cargo. Vers la fin janvier, plus de 2000 personnes avaient appuyé la campagne.
«Ça fait plus d'un an que le premier ministre a mandaté la ministre d'interdire l'exportation de chevaux à l'étranger. (...) On veut rappeler au gouvernement libéral et à la ministre leur promesse, et on demande une reddition de compte sur l'absence d'interdiction encore à ce jour», a déclaré en entrevue Erin Martellani, coordonnatrice de la défense des animaux et de l'éducation à la compassion à la SPCA de Montréal.
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Une pétition signée par plus de 36 000 personnes a d'ailleurs été déposée à la Chambre des communes, le 7 février dernier, par le député néo-démocrate de la Colombie-Britannique Alistair MacGregor. Le gouvernement fédéral devra y répondre officiellement d'ici la fin du mois de mars.
«Plusieurs organisations de protection animale se sont jointes pour faire pression sur le gouvernement. Le but est de bombarder les députés et d'inciter les Québécois, qui ne sont pour la plupart pas au courant, à se manifester et à se prononcer là-dessus», ajoute la coordonnatrice.
En décembre 2021, le premier ministre du Canada avait confié à la ministre de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau, le mandat d'interdire cette pratique, mais plus de 2000 chevaux ont tout de même été exportés par avion depuis.
«C'est inacceptable qu'ils n'aient pas déjà analysé le problème et l'enjeu avant de faire l'engament lors de la campagne électorale. Ils se sont engagés auprès des Canadiens dans leur plateforme sans faire leur devoir et sans vérifier si c'était possible», déplore Erin Martellani.
Contactée par courriel, la ministre Bibeau a indiqué que son équipe travaillait toujours dans le but de respecter cet engagement.
«Dans le cadre du processus d'interdiction d'exportation des chevaux vivants destinés à l'abattage, nous discutons actuellement avec les principaux intervenants et évaluons différentes approches afin de déterminer la meilleure marche à suivre. L'Agence canadienne d'inspection des aliments continue d'appliquer les règlements pertinents pour s'assurer que les chevaux sont aptes au voyage et transportés sans cruauté», pouvait-on lire dans la déclaration obtenue en janvier.
Selon la SPCA de Montréal, le trajet entre les parcs d'engraissement canadiens vers les sites japonais s'étale généralement sur plus de 24 heures _ la loi permettant jusqu'à 28 heures de transport.
«Peut-être que les règlements en ce moment sont appliqués parce que la loi a été modifiée, mais on pense que le délai est inacceptable. (...) Après 24 heures, il y a un risque de déshydratation grave et ça les prédispose aussi à des coliques intestinales», explique Mme Martellani.
L'organisme dénonce également le fait que les chevaux soient «entassés à trois ou quatre par caisse», et ce, «sans égard à leur compatibilité».
«C'est juste impossible d'évaluer la compatibilité des chevaux quand des dizaines arrivent et sont mis rapidement dans des caisses. S'ils étaient identifiés pour savoir s'ils étaient compatibles, peut-être que l'argument tiendrait la route, mais ils sont entassés de façon arbitraire», soutient-elle.
Étant des animaux de proie dotés d'un fort instinct de fuite, les chevaux sont aussi «laissés pendant des heures sur le tarmac des aéroports» et vivent un stress considérable en raison du bruit et des stimuli inconnus.
«Le tarmac d'un aéroport bruyant doit être terrifiant pour eux. (...) Ces chevaux ont vécu uniquement sur des sites d'engraissement, et donc n'ont pas été habitués au transport comme le sont les chevaux de course», poursuit la coordonnatrice.
De son côté, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a assuré que ses inspecteurs vétérinaires étaient présents à chaque expédition aérienne de chevaux afin de certifier l'exportation conformément à la Loi sur la santé des animaux.
Elle soutient que la période maximale de 28 heures est «basée sur des consultations approfondies et des revues de la littérature scientifique», et que la majorité des expéditions destinées à l'exportation sont des vols directs en provenance de Calgary durant entre 10 et 12 heures.
«Les inspecteurs de l'ACIA travaillent avec diligence à l'application de la Loi et du Règlement sur la santé des animaux, et vérifient que les chevaux soient aptes à voyager et qu'ils soient transportés sans cruauté. De plus, les exigences relatives aux conteneurs et à la densité de peuplement du Règlement sur les animaux vivants doivent être respectées», a déclaré l'agence par courriel.
L'ACIA a également précisé que sur les quelque 41 000 chevaux exportés au Japon depuis 2013, seuls cinq étaient décédés.
«Il n'y a eu aucun décès en vol depuis que le Règlement sur la santé des animaux a été mis à jour en février 2020. La dernière mort en vol d'un cheval exporté au Japon remonte à 2014», indiquait la déclaration.