Justice

Le voleur du portrait de Churchill condamné à deux ans de prison

Jeffrey Wood a plaidé coupable, admettant avoir volé le portrait et avoir sciemment commis un acte de falsification en fabriquant un faux.

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3d5f22eafc193abf38f0c8d57fde8832a1c0056403f354255f4ad7525bcc433f.jpg Jeffrey Wood, au centre, arrive au palais de justice d'Ottawa le vendredi 14 mars 2025. Selon la police, le portrait a été volé au Château Laurier entre le 25 décembre 2021 et le 6 janvier 2022, puis remplacé par un faux. LA PRESSE CANADIENNE/Chris Tanouye (Chris Tanouye | La Presse canadienne)

L'homme originaire de l'Ontario qui a plaidé coupable d'avoir volé un portrait emblématique de l'ancien premier ministre britannique Winston Churchill aurait commis ce crime pour trouver de l'argent afin d'aider son frère souffrant de problèmes de santé mentale, a déclaré le juge Robert Wadden au tribunal lors d'une audience de détermination de la peine lundi. 

Jeffrey Wood a gardé son sang-froid dans la salle d'audience lorsque le juge Wadden lui a annoncé sa peine de deux ans moins un jour.

Plus tôt cette année, Wood a plaidé coupable dans cette affaire, admettant avoir volé le portrait au Château Laurier d'Ottawa et avoir sciemment commis un acte de falsification en fabriquant un faux.

Le célèbre photographe Yousuf Karsh a pris ce portrait emblématique en 1941 dans le bureau du président de la Chambre des communes, juste après que Churchill eut prononcé un discours enflammé sur la guerre devant les députés fédéraux.

Le photographe a vécu dans l'hôtel et y a exploité un studio pendant près de deux décennies. Il a fait don du portrait de Churchill et de six autres à l'hôtel en 1998, lorsqu'il a déménagé.

Selon la police, le portrait a été volé au Château Laurier entre le 25 décembre 2021 et le 6 janvier 2022, puis remplacé par un faux.

La ruse n'a été découverte que plusieurs mois plus tard, en août, lorsqu'un employé de l'hôtel a remarqué que le cadre n'était pas accroché correctement.

Le portrait a été restitué à l'hôtel à l'issue d'une longue enquête internationale, la police ayant déterminé qu'il avait été acheté lors d'une vente aux enchères à Londres par un Italien qui ignorait qu'il avait été volé. S'il ne l'avait pas fait, a évoqué le juge, un artefact majeur de l'histoire canadienne aurait été perdu à jamais. 

Une peine difficile à déterminer

Lors de l'audience de détermination de la peine, lundi, le juge Wadden a déclaré que Wood prévoyait d'utiliser l'argent de la vente du portrait pour aider son frère.

«Mais son frère est décédé au printemps dernier avant que M. Wood ne reçoive le produit de la vente», a expliqué le juge. 

Ce dernier a ajouté qu'il était difficile de déterminer la peine exacte que Wood devrait purger pour ce crime, car il existe peu de jurisprudence sur des vols d'œuvres d'art similaires au Canada.

Au lieu de se concentrer sur quelques affaires nationales mentionnées par la Couronne, celui-ci s'est servi des affaires internationales qui lui ont été présentées pour décider de la meilleure approche.

Il a précisé que Wood n'avait aucun antécédent judiciaire et qu'il avait conservé un emploi tout au long de sa vie adulte, mais qu'il n'avait pas aidé la police à récupérer le portrait et qu'il a été endommagé.

«Ce portrait rappelle l'importance non seulement de Churchill, mais aussi de Karsh. Qu'un portrait réalisé par un photographe canadien ait atteint une telle renommée est une source de fierté nationale, a soutenu le juge. Il existe un élément de confiance dans notre société qui permet que de tels biens soient exposés et que tous les Canadiens puissent en profiter. Voler, endommager et trafiquer de tels biens constitue un abus de confiance.»

Le juge a admis qu'il aurait normalement ordonné une peine de trois ans. Or, il a accepté la proposition de peine de deux ans moins un jour, car Wood éprouve manifestement des remords et a plaidé coupable. Les cinq jours de détention provisoire de Wood, ainsi que plus d'un an de mise en liberté sous caution sous conditions strictes, ont également pesé dans la balance.

L'avocat de Wood, Lawrence Greenspon, a qualifié la peine de son client d'inutilement sévère, «étant donné qu'il s'agit d'un premier délit, d'un crime contre les biens et qu'il a plaidé coupable».

Interrogée sur la possibilité d'un appel quelques minutes après le discours de Me Greenspon, la directrice générale du Château Laurier, Geneviève Dumas, a répondu: «Bonne chance».

«Je pense que le dossier est solide, a-t-elle ajouté. Nous avons obtenu ce que nous voulions : deux ans moins un jour (…) Nous sommes donc très heureux.»

Alessia Passafiume

Alessia Passafiume

Journaliste