Début du contenu principal.
La Semaine de la sécurité civile se déroule sous le thème «Ma sécurité, ma responsabilité», afin de rappeler aux citoyens leur rôle à jouer dans le cas d’une catastrophe naturelle.
Verglas, pluie, et inondations : le Québec a été mis à rude épreuve ce printemps, mettant en lumière la vulnérabilité de certaines régions à des événements météorologiques. Pour des experts, la Semaine de la sécurité civile, qui s'amorce dimanche, est un bon moment pour sensibiliser les citoyens à leur responsabilité lorsqu'une catastrophe survient.
Selon Michel C. Doré, professeur associé à l’Université du Québec à Montréal, et co-fondateur du Réseau canadien d’étude des risques et dangers, les changements climatiques, la dépendance aux infrastructures essentielles, les changements démographiques et d’urbanisation provoqueront non seulement une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes, mais aussi une accentuation de leurs conséquences.
La Semaine de la sécurité civile se déroule sous le thème «Ma sécurité, ma responsabilité», afin de rappeler aux citoyens leur rôle à jouer dans le cas d’une catastrophe naturelle.
«Au Québec, dans notre loi, on a vraiment le principe de responsabilité partagée », précise Ursule Boyer-Villemaire, cheffe de l’équipe d’expertise en risques et adaptation climatiques chez Ouranos, un consortium sur les changements climatiques.
«Il y a une responsabilité qui est imputée au citoyen, notamment de se prendre en charge pour les 72 premières heures lors d’une catastrophe», ajoute-t-elle, précisant qu’une partie de la responsabilité est aussi attribuée aux différents ordres de gouvernement et au secteur privé, particulièrement dans un contexte de changements climatiques.
Pour M. Doré, il faut inciter les citoyens à agir en amont, pour ne pas être pris au dépourvu lorsqu’une catastrophe se présente. «La décision que l’on prend de s’installer pour louer un logement ou pour acquérir une propriété va avoir un grand impact sur notre vulnérabilité à une catastrophe», affirme-t-il. Il faut vérifier si sa propriété se trouve dans une zone inondable ou à risque de glissements de terrain, par exemple.
«C’est un peu là l’objet de la semaine de la sécurité civile, c’est d’encourager les gens à poser trois gestes simples. Le premier, c’est de connaître les risques dans leur région, le second de se faire un plan d’urgence familial, et le troisième, de se doter d’une trousse de 72h, contenant l’essentiel si on est appelé à évacuer notre domicile», détaille M. Doré.
Différents outils se trouvent sur les sites web du gouvernement du Canada et du Québec afin d’aider la population à préparer leur plan d’urgence et leur trousse. Par exemple, Québec recommande notamment de préparer de l’eau potable en quantité suffisante, de la nourriture non périssable pour trois jours, une lampe frontale et une trousse de premiers soins. Il faut toutefois adopter le bon ton pour sensibiliser la population, selon Ursule Boyer-Villemaire.
«De vivre dans un climat de peur ne sera pas constructif. Il faut trouver une manière d’encourager les foyers, les ménages, de se préparer un minimum», dit-elle. Les six mois suivant un événement météorologique important sont un bon moment pour inciter la population à changer certains comportements, selon Mme Boyer-Villemaire.
La Semaine de la sécurité civile se veut aussi un moment pour célébrer la résilience des citoyens, pour Michel C. Doré. «Dans la grande majorité des situations d’évacuation, la grande majorité des citoyens sont autonomes et résilients», évoque-t-il, en disant qu’une prise en charge individuelle permet aux autorités de se consacrer davantage aux personnes dans le besoin.
Les catastrophes naturelles ont un impact important sur l’économie. «On peut observer, notamment via la base canadienne des catastrophes, l’augmentation exponentielle des coûts liés aux événements extrêmes, en particulier ceux liés aux phénomènes météorologiques», explique Ursule Boyer-Villemaire.
Des investissements importants seront à prévoir afin d’entretenir les infrastructures essentielles, qui vieillissent prématurément en raison des disparités entre les températures au Québec, dit la cheffe d’équipe chez Ouranos.
Pour Mme Boyer-Villemaire, il faut agir en prévention. «Chaque dollar investi en adaptation proactive, nous permet d’éviter des dommages dans le futur de 15 $, fait-elle valoir. On a tout avantage comme société à investir en adaptation proactive, dans cette fenêtre d’opportunité de court terme, on parle de quelques années au maximum, afin d’éviter que la facture explose, et qu’on la transfère aux générations futures.»
Il est nécessaire d’agir à court thème, mais aussi à moyen et à long terme, selon la cheffe d’équipe. «On ne pourra pas faire l’économie de parler de prises de décisions collectives et collaboratives, d’être impliqués dans cette trajectoire d’adaptation. C’est-à-dire, de choisir, pour chacune des communautés, d’aller questionner les différents groupes, en particulier faire des efforts significatifs pour aller chercher la voix des groupes vulnérables» pour établir la vision d’un territoire résilient, avance Mme Boyer-Villemaire.