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La sécurité publique devrait faire partie du mandat de Radio-Canada, selon un rapport

Le rapport cite les incendies de forêt qui font à nouveau rage à travers le Canada comme l'une des raisons justifiant ce changement.

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35de4b27a66e5fef087c92263bd497750390659d5aa47de23cb587d5ea76da46.jpg L'édifice de la Maison de Radio-Canada, à Montréal, le mercredi 29 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

Les feux de forêt qui font rage partout au Canada sont l'une des raisons pour lesquelles la sécurité publique devrait être ajoutée au mandat de CBC/Radio-Canada, selon un nouveau rapport publié par un centre de recherche de l'Université McGill.

Le rapport indique que d'autres médias publics à travers le monde intègrent la préparation aux situations d'urgence nationale et la réponse aux crises dans leur rôle. Il recommande que cet aspect du mandat de CBC/Radio-Canada soit officialisé et renforcé.

«Au Canada, les feux de forêt et les inondations sont devenus une réalité quotidienne au cours des cinq dernières années», a souligné Jessica Johnson, qui est chercheuse principale au Centre pour les médias, la technologie et la démocratie.

«Ils ont toujours été une réalité si vous viviez dans des régions fortement boisées. Mais aujourd'hui, la fumée provenant de certaines régions affecte tout le pays et même nos voisins», a rappelé la coautrice du rapport publié mercredi.

Lundi et mardi, des bulletins météorologiques spéciaux sur la qualité de l'air ont été publiés pour de nombreuses régions du pays, Environnement Canada recommandant aux habitants de limiter leur temps passé à l'extérieur et de surveiller les symptômes d'exposition à la fumée.

Des milliers de personnes au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta ont été contraintes de quitter leur domicile au printemps et à l'été en raison des feux de forêt.

Le rapport indique que des recherches antérieures sur les fausses informations diffusées lors des incendies de forêt au Canada ont révélé que, sur les réseaux sociaux, «des groupes influents de droite et antisystème ont accusé les terroristes écologistes et le gouvernement d'être responsables des incendies, ce qui a encore alimenté la méfiance envers les médias à un moment où il était essentiel de disposer d'informations exactes».

En entrevue, Mme Johnson a mentionné que, «si des informations erronées circulent en ligne et disent aux gens qu'il s'agit d'un canular et qu'il n'est pas nécessaire d'évacuer, cela met la vie des gens en danger».

La désinformation suscite également des inquiétudes plus générales. Facebook, une plateforme sur laquelle beaucoup de gens comptent pour s'informer, bloque les contenus d'actualité au Canada. Certains Canadiens se tournent de plus en plus vers l'intelligence artificielle générative pour s'informer, même si ces systèmes peuvent commettre des erreurs et fournir de fausses informations.

«Nous avons perdu beaucoup de sources fiables, en plus de l'arrivée de sources d'information peu fiables», a soulevé Mme Johnson.

Si certains pays ont modifié le mandat de leurs médias publics ces dernières années en réponse à la crise climatique, d'autres l'ont fait pour des raisons de sécurité, comme les pays baltes, compte tenu de leur proximité avec la Russie, a-t-elle expliqué.

La responsable de la récente enquête publique sur l'ingérence étrangère a conclu que la désinformation et la mésinformation constituent une menace existentielle pour la démocratie canadienne, a souligné Mme Johnson.

«Quand on met tout cela bout à bout, on se rend compte que les médias publics ne sont plus un simple atout, mais qu'ils font partie intégrante de l'infrastructure de communication», a affirmé Mme Johnson.

L'importance de l'information locale

Lors des élections fédérales de cette année, les libéraux ont promis d'augmenter le financement de CBC/Radio-Canada de 150 millions $ par année dans un premier temps et d'apporter un certain nombre de modifications à son mandat. Cela comprend «la transmission claire et cohérente d’informations vitales en situation d’urgence».

Selon Mme Johnson, il est important de veiller à ce que CBC/Radio-Canada ne se contente pas de répéter les informations fournies par le gouvernement, mais qu'elle soit en mesure de demander des comptes au gouvernement.

Un autre élément clé est de veiller à ce que le radiodiffuseur public ait la capacité de mener à bien la mission qui lui est confiée, en particulier au niveau local.

Mme Johnson a donné l'exemple des habitants d'une région touchée par un incendie de forêt, qui devraient pouvoir trouver des informations sur les éventuelles évacuations concernant leur communauté, au lieu que les médias se concentrent sur l'information générale des Canadiens à travers le pays.

Elle a fait remarquer que, dans certaines régions du pays, CBC/Radio-Canada est «pratiquement le seul média présent dans la ville ou dans la ville la plus proche».

Une option, de l'avis de Mme Johnson, serait que CBC/Radio-Canada s'associe à des journalistes indépendants locaux, un modèle qui a été mis en place au Royaume-Uni et qui «pourrait être un excellent modèle pour le Canada».

Rejoindre toute la population

L'évolution des technologies implique également de prendre en compte des questions techniques: les réseaux Internet et de téléphonie mobile peuvent être interrompus, et de nombreuses personnes ne disposent plus d'une télévision ou d'une radio.

«Je pense qu'il incombe au gouvernement de faire ce travail, qu'il s'agisse de recherche, de déterminer si nous sommes réellement prêts et de déterminer qui doit participer à une discussion pour s'assurer que nous sommes prêts.»

Le CRTC, l'organisme canadien de réglementation des télécommunications et de la radiodiffusion, a annoncé mardi qu'il lançait une consultation sur la manière d'améliorer le système d'alertes publiques au Canada. Il exige des fournisseurs de services de téléphonie mobile, de câble et de satellite, ainsi que des diffuseurs de télévision et de radio, qu'ils diffusent les alertes d'urgence.

Le rapport de Mme Johnson et son équipe conclut que les besoins du Canada en matière de préparation aux situations d'urgence évoluent, ce qui signifie que «CBC/Radio-Canada devra peut-être être restructurée afin de servir le pays d'une manière différente de celle dont elle a dû le faire par le passé».