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La Russie pénètre dans une nouvelle région d'Ukraine: pourquoi est-ce important?

Explications.

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Des véhicules blindés de l'armée russe circulent près de la base aérienne de Hmeimim, une base aérienne syrienne actuellement exploitée par la Russie, située au sud-est de la ville de Lattaquié, dans la ville de Hmeimim, en Syrie, le lundi 16 décembr... Des véhicules blindés de l'armée russe circulent près de la base aérienne de Hmeimim, une base aérienne syrienne actuellement exploitée par la Russie, située au sud-est de la ville de Lattaquié, dans la ville de Hmeimim, en Syrie, le lundi 16 décembre 2024. (AP Photo)

Après des mois d'intenses combats à l'entrée de la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l'Ukraine, la Russie a revendiqué avoir enfin pris une localité dans cette zone industrielle.

Pourquoi cette avancée inédite, non confirmée par Kiev, est-elle importante après plus de trois ans d’invasion russe et d’hostilités sans relâche :

Que s’est-il passé?

À Moscou, le ministère de la Défense a été affirmatif lundi : les troupes russes se sont emparées de la localité de Datchné, juste à l’intérieur des frontières administratives de la région de Dnipropetrovsk.

C’est la première fois en plus de trois ans d’invasion que la Russie assure s’être installée dans cette zone, augmentant ainsi la pression sur les défenses ukrainiennes, déjà mises à mal depuis plusieurs mois.

Les autorités à Kiev n’ont pour l’instant pas commenté l’annonce de Moscou, mais une unité ukrainienne dans le secteur avait, quant à elle, affirmé dimanche que Datchné restait sous son contrôle.

Que disent Moscou et Kiev?

En juin, l’ancien président russe, Dmitri Medvedev, connu pour ses propos acides sur le conflit, a expliqué que la poussée russe dans la région de Dnipropetrovsk était le résultat du refus de Kiev et de ses alliés occidentaux d’accepter que les territoires ukrainiens occupés par Moscou fassent désormais partie de la Russie.

«Ceux qui refusent d’accepter les réalités de la guerre dans les négociations seront confrontés à de nouvelles réalités sur le terrain», a-t-il mis en garde.

Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a, pour sa part, reconnu que l’armée russe avait «une supériorité importante en termes de troupes et de ressources» sur le front.

«L’avancée (russe) n’était qu’une question de temps», a ainsi admis Serguiï Sternenko, un blogueur militaire ukrainien.

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Quelles conséquences pour l’Ukraine? 

La région de Dnipropetrovsk fait partie de la grande zone minière ukrainienne, importante notamment pour le charbon qui alimente le système électrique de ce pays. Une progression encore plus prononcée des forces russes pourrait ainsi affecter l’économie de l’Ukraine et son approvisionnement en énergie.

Les autorités locales ont déjà émis des ordres d’évacuation à l’intention des civils accompagnés d’enfants habitant près des zones de combats.

La grande ville régionale de Dnipro, située à environ 200 km du front, pourrait aussi davantage encore être la cible des bombardements russes.

Mais, selon des analystes ukrainiens, les Russes ne disposent pas de capacités militaires suffisantes pour enfoncer complètement les lignes de défense ukrainiennes le long du front, y compris à l’entrée de la région de Dnipropetrovsk.

«Ils n’ont pas — et n’auront pas — les ressources nécessaires pour avancer rapidement», pense ainsi Oleksiï Kopytko, un ancien conseiller au ministère de la Défense à Kiev.

Des effets sur les pourparlers?

En 2014, la Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée, ce que la communauté internationale ne reconnaît pas. Puis, en février 2022, elle a envahi l’Ukraine et revendiqué le rattachement à son territoire de quatre autres régions ukrainiennes.

Parmi de ses réclamations, Moscou exige que Kiev abandonne ces zones occupées pour parvenir à un arrêt des hostilités, alors même que son armée ne contrôle pas la totalité de ces régions officiellement annexées. L’Ukraine rejette de son côté ces prétentions.

Mais l’avancée russe dans la région de Dnipropetrovsk pourrait conduire le Kremlin à également revendiquer l’ensemble de ce grand territoire, dans une logique toujours plus maximaliste.

Ukrainiens et Russes se sont retrouvés mi-mai puis début juin en Turquie pour les premières récentes discussions directes de paix. Sans toutefois que ces pourparlers n’aboutissent à une percée majeure sur le front diplomatique.