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La récolte de citrouilles au pays est menacée par la sécheresse

«S'il ne pleut pas au cours des prochaines semaines, il serait difficile de s'en sortir.»

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Greg MacKenzie, propriétaire d'une ferme à l'Île-du-Prince-Édouard, montre des exemples de citrouilles. Greg MacKenzie, propriétaire d'une ferme à l'Île-du-Prince-Édouard, montre des exemples de citrouilles. (Photo fournie par Greg MacKenzie via La Presse canadienne)

La sécheresse et les chaudes températures menacent la récolte de citrouilles au Canada.

Des fermiers de l'ensemble du pays ont expliqué à La Presse Canadienne que la sécheresse et la chaleur extrême avaient diminué l'approvisionnement de citrouilles. Elles ont aussi provoqué une réduction de la taille de ces populaires légumes au temps de l'Halloween.

Greg MacKenzie, propriétaire d'une ferme à Straford, sur l'Île-du-Prince-Édouard, dit surveiller très attentivement la situation toutes les semaines.

«C'est vraiment une saison à donner le frisson», lance-t-il. 

Il raconte qu'il cultive une superficie réduite de sa ferme cette année. Un certain nombre de vignes sont mortes. Ces légumes orange ne sont pas aussi lourds qu'ils devraient, précise l'agriculteur.

«Nous comptons habituellement sur les pluies de septembre pour nous sauver, dit M. MacKenzie. S'il ne pleut pas au cours des prochaines semaines, il serait difficile de s'en sortir.»

Peu de régions ont été épargnées par les conditions climatiques.

Selon l'Outil de surveillance des sécheresses au Canada, environ 71 % du pays subissait un temps anormalement sec ou une sécheresse de modérée à exceptionnelle. Pas moins de 70 % des terres agricoles du pays vivaient une telle situation.

L'Institut climatique du Canada note que le réchauffement climatique augmente les risques et la sévérité des sécheresses dans les parties du pays déjà aux prises avec une pénurie d'eau.

Citant des données de Statistique Canada, l'Institut soutient que les sécheresses ont été un important facteur «de la récente augmentation spectaculaire des paiements d'assurance-récolte au Canada, qui sont passés de 890 millions $ en 2018 à 4,9 milliards $ en 2024.

Mike Williams, de Ponoka, en Alberta, dit que la sévérité de la sécheresse dans le centre de la province a transformé l'herbe en une forme boueuse brune.

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Il commence habituellement à arroser son plan en mai.

«J'ai dû transporter de l'eau. J'ai transporté près de 300 000 litres d'eau depuis mai», signale-t-il.

Malgré cela, 2025 sera une meilleure année pour son entreprise que l'année précédente. Ces citrouilles devraient peser de 30 à 40 livres.

Donna Warner, de la Warner Ranch and Pumpkin Farm, de Niagara Falls, en Ontario, s'émeut des difficultés de la présente saison.

Selon elle, il s'agit de la pire année de son entreprise fondée il y a 30 ans. Les plantes ne fécondent pas assez de fleurs, même si elles sont irriguées.

«Les plantes subissent des stress de chaleur. Sans fleurs femelles, il est impossible d'avoir des citrouilles. Une plante ne fécondera pas de fleurs femelles si toutes les conditions ne sont pas réunies», souligne Mme Warner.

Malgré la qualité de la récolte, Mme Warner a dû réduire son champ de 70 %. Les citrouilles sont aussi plus petites. Sa ferme ne produira pas de grosses citrouilles en 2025.

Elle est allée mercredi après-midi dans son champ. Elle a «eu envie de vomir» en regardant les environs.

«C'est tant d'argent et tant de travail.»

Danny Dill, propriétaire de Howard Dill Enterprises, à Windsor, en Nouvelle-Écosse, dit que les températures sont très chaudes depuis le mois de juin.

«C'est terrible. Le plus terrible. On n'a pas assez d'eau pour bien irriguer la terre. C'est comme cela depuis le 1er juin.»

La récolte de citrouilles n'est pas la seule à être affectée par les conditions climatiques. D'autres produits le sont également, comme les courges. Les gens achètent de grandes quantités de courges pour les geler et les entreposer pour l'hiver, raconte M. Dill.

Il dit vouloir encore attendre quelques jours avant de voir si la pluie viendra, mais il ne garde pas un grand espoir à ce sujet.

«Franchement, au cours des 10 dernières années, la météo s'est radicalement modifiée. Il y a deux ans, cela avait été l'inondation. Nous sommes passés d'un extrême à l'autre. Ce n'est pas une saison normale. Habituellement, nous en connaissons une tous les six ans.» 

Il s'interrompt avant de fredonner le thème du film «Ghostbuster» en modifiant légèrement les paroles: «There's something strange in the pumpkin fields. Who you gonna call?» (Il y a quelque chose d'étrange dans les champs de citrouilles. Qui appellerez-vous ?)

Hina Alam

Hina Alam

Journaliste