Deux patients canadiens souffrant de lésions de la moelle épinière ont reçu des implants cérébraux Neuralink qui leur ont permis de contrôler un ordinateur par la pensée.
Ils font partie du premier essai clinique mené en dehors des États-Unis pour tester la sécurité et l'efficacité de la puce cérébrale sans fil Neuralink d'Elon Musk, qu'il a présentée au public en 2020 et qui a été implantée pour la première fois sur un Américain paralysé en 2024.
Les deux Canadiens, âgés d'une trentaine d'années, l'un originaire de l'Ontario, l'autre de l'Alberta, ont une capacité limitée, voire nulle, d'utiliser leurs mains.
Le Dr Andres Lozano, neurochirurgien à l'University Health Network et chef de l'équipe chirurgicale au Toronto Western Hospital, a déclaré que les patients pouvaient déplacer un curseur d'ordinateur presque immédiatement après l'opération. Ils ont pu quitter l'hôpital le lendemain matin après leurs opérations respectives du 27 août et du 3 septembre.
Des électrodes ont été implantées dans la zone motrice du cerveau de chaque patient afin de capter les signaux des neurones et de les traduire en actions sur un appareil externe, sans qu'il soit nécessaire de bouger physiquement, a expliqué M. Lozano.
«Le premier patient a pu contrôler un curseur par la pensée en quelques minutes. C'est extrêmement rapide. Les signaux sont décodés et l'intelligence artificielle les lit puis les traduit en mouvements sur le curseur», a-t-il déclaré.
«Ils n'ont qu'à y penser et cela se produit.»
Les dispositifs d'interface cerveau-ordinateur (BCI) ne sont pas l'apanage de Neuralink, et d'autres sociétés, comme Synchron, basée à New York, mènent leurs propres essais cliniques.
La promesse de cette technologie est encourageante, mais les attentes doivent être tempérées, selon Barry Munro, directeur du développement de l'Organisation canadienne de recherche sur la colonne vertébrale.
M. Munro, qui est tétraplégique depuis un accident de plongée survenu il y a 38 ans, a déclaré qu'il avait consacré sa vie à la recherche sur les lésions de la moelle épinière et qu'il avait participé au recrutement pour l'essai de Neuralink aux États-Unis. La première personne à avoir reçu le dispositif l'année dernière a déclaré publiquement qu'il avait commencé à glisser hors de son cerveau quelques semaines après l'opération, ce qui avait ralenti ses progrès, mais qu'il s'était depuis stabilisé et que cela en valait toujours la peine.
M. Munro a déclaré qu'il avait été témoin de «faux espoirs» à plusieurs reprises dans ce domaine et qu'il encourageait plutôt un «espoir éduqué», à apprendre et à s'enthousiasmer, sans s'attendre à ce qu'un tel implant soit disponible dans les six mois à venir.
«Nous n'en sommes pas encore là, c'est tout», a-t-il dit.
Les patients canadiens seront suivis pendant au moins un an, l'équipe de recherche clinique étant autorisée à recruter quatre autres patients dans le pays qui ont été paralysés à la suite d'une lésion de la moelle épinière ou qui sont atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA).
L'équipe chargée de l'essai clinique évaluera si la technologie est sûre et si elle apporte une valeur ajoutée à la qualité de vie du patient. Les effets secondaires recherchés peuvent être des crises d'épilepsie, des infections ou des accidents vasculaires cérébraux.
Dans les semaines et les mois à venir, les patients apprendront à taper sur un ordinateur sans toucher de clavier. Ils sont déjà capables de jouer à des jeux vidéo.
«Il s'agit en fait d'une étape préliminaire pour déterminer s'il convient de l'étendre à une plus grande population», a fait savoir M. Lozano.
«Le dispositif actuel est un curseur, mais à l'avenir, vous pourriez conduire une voiture, un fauteuil roulant ou un robot.
