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La société d'État assure que son «plan de modernisation» dévoilé la semaine dernière n'a pas pour objectif d'«éliminer l'indépendance éditoriale et de programmation» des services anglais et français.
L'idée du Bloc québécois de séparer CBC/Radio-Canada en deux sociétés d'État distinctes plaît aux conservateurs qui veulent se débarrasser des services anglais, et jugent qu'à l'inverse le gouvernement libéral tente de leur mettre des bâtons dans les roues en se servant de Radio-Canada comme bouclier de CBC.
«C'est sûr que s'il y a deux sociétés séparées, c'est plus facile (de couper CBC). Est-ce que stratégiquement et politiquement parlant Mme St-Onge est en train de favoriser CBC avec la fusion afin de protéger CBC contre notre arrivée au pouvoir? (...) C'est carrément ça», a lancé le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, en entrevue avec La Presse Canadienne.
M. Godin réagissait alors aux échanges survenus lundi après-midi lors de la période des questions où la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, s'était dite choquée que le Bloc «adopte à peu près la même position que les conservateurs» en voulant scinder le diffuseur public au moment même où la haute direction envisage un rapprochement des deux réseaux.
Selon lui, le leader parlementaire du Bloc, Alain Therrien, avait même «raison» dans son plaidoyer. «Quand on rejoint le français et l'anglais, c'est souvent l'anglais qui englobe et le français se ramasse qu'avec les miettes», a-t-il insisté.
À son arrivée à la réunion hebdomadaire du cabinet, mardi matin, la ministre St-Onge a balayé du revers de la main la «proposition» du Bloc qui vise à encore mieux protéger Radio-Canada. «Je ne gouvernerai pas en fonction des conservateurs», a-t-elle lâché.
«Les Canadiens vont avoir un choix clair aux prochaines élections entre un parti (les conservateurs de Pierre Poilievre) qui pense que le Canada n’a plus besoin d'un diffuseur public, qui pense qu’il faut laisser les plateformes gérer la désinformation, la propagande, puis, en ce qui concerne Facebook, entre autres, de bannir les Canadiens de partager du contenu d'information», a-t-elle poursuivi.
La ministre a réitéré qu'elle entend s'assurer que malgré la restructuration à l'étude, il y a ait «une distinction totale» dans le contenu, la programmation et la direction des deux branches de CBC/Radio-Canada. Cela dit, «c'est normal» que la haute direction se penche sur sa structure interne et d'éventuels dédoublements ou problèmes d'efficience.
Son collègue Pablo Rodriguez, le lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, s'est également fait rassurant, affirmant que les libéraux vont «toujours défendre» l'esprit francophone de Radio-Canada.
Comment explique-t-il alors la levée de boucliers? «Parce que c’est normal, parfois, d'avoir des craintes lorsqu’il y a du changement», répond-il.
La société d'État assure que son «plan de modernisation» dévoilé la semaine dernière n'a pas pour objectif d'«éliminer l'indépendance éditoriale et de programmation» des services anglais et français. Il vise en fait, dit-on, à «assurer la pérennité» du diffuseur public en tirant «le meilleur parti possible de nos ressources limitées, notamment en matière de technologie».
Appelé à régir, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a jugé «extrêmement important» que les communautés francophones hors du Québec puissent compter sur des informations et du contenu en français de Radio-Canada puisque «dans plusieurs régions c'est le seul diffuseur».
«C'est important que peu importe la structure qu'on met en place, qu'on respecte toujours ce mandat», a-t-il insisté.
Les conservateurs, qui mènent largement dans les sondages, jurent de «définancer» la CBC s'ils forment le prochain gouvernement. Mais, encore lundi soir, ils affirmaient qu'ils s'assureraient que Radio-Canada «reste en place».
«Ils ont des besoins, ils ont des fonctions très différentes. Radio-Canada est une télévision publique francophone qui reflète la culture canadienne francophone à la grandeur de notre pays, ce que ne fait pas CBC», a dit Joël Godin.
Les élus questionneront directement la présidente et directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, en fin d'après-midi, alors que cette dernière comparaîtra devant le comité permanent du Patrimoine canadien pour traiter des suppressions de postes qu'elle avait annoncées dans les derniers mois avant de revenir sur sa décision tout récemment avec l'octroi de nouveaux fonds dans le budget fédéral.
Avec des informations de Lia Lévesque