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Cela totaliserait 258 millions de dollars annuellement
La population québécoise serait prête à payer 55$ par année pour protéger le caribou forestier.
Selon une étude de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais, cela totaliserait 258 millions de dollars annuellement. De plus, ce serait sur une durée de 20 ans.
L'étude démontre qu'il y a une forte acceptabilité sociale pour la mise en place de programmes financiers pour rétablir des espèces fauniques.
« Nos résultats permettent d’outiller le gouvernement du Québec dans ses prises de décisions afin d’assurer une plus grande protection au caribou et le rétablissement de son habitat. Notre étude réitère que le caribou des bois est une espèce très appréciée et que la population est prête à soutenir des actions de conservation », affirme Jérôme Dupras, professeur et titulaire de la Chaire.
Cet argent pourrait aider à mettre en place des actions pour soutenir le rétablissement des caribous et de leur habitat mais également pour appliquer des mesures d'accompagnement des communautés rurales directement concernées par les conséquences socioéconomiques de ces actions.
L'étude découle d'une commande effectuée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs il y a quelques années.
«C'était une étude sur la valeur économique des espèces menacées au sens large», a précisé Jérôme Dupras.
L'enquête portait également sur le rétablissement de la tortue des bois, le chevalier cuivré, le béluga et le bourdon à tache rousse.
«L'étude révisée par les pairs, elle est parue à l'automne dernier et ensuite, on est retourné dans cette base de données et avec nos traitements statistiques, on a pu isoler les données sur le caribou spécifiquement», parce qu'il s'agit d'une espèce que les Québécois affectionnent particulièrement, a expliqué le chercheur Jérôme Dupras.
Les répondants étaient également invités à donner leur avis, à partir de choix de réponses, sur les raisons pour lesquelles certaines espèces vulnérables les attiraient plus que d'autres.
La raison la plus souvent choisie (60 %) était «les espèces à statut précaire jouent un rôle écologique important», suivi de «les espèces à statut précaire sont très vulnérables' à 47 %, «les espèces à statut précaire sont emblématiques pour le Québec» à 38 %, «les espèces à statut précaire sont rares» à 31 % et «J'ai lu/écouté quelque chose sur ces espèces et ça m'a marqué» à 29 %, souligne l'enquête.
Les populations de caribous du Québec, fortement perturbées par l'activité humaine, poursuivent leur déclin selon les derniers inventaires publiés en début d'année par le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Ces inventaires ont été réalisés en 2021 et 2022 dans la région de la Gaspésie, du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord, et dans les trois régions les populations continuent de décliner, principalement en raison de la destruction de leur habitat. Seule la population de caribous de Caniapiscau serait en croissance.
Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, doit présenter sa stratégie de protection du caribou en juin prochain.
Mardi, lors d'une étude de crédits budgétaires à Québec, le ministre a expliqué que de nouvelles aires protégées seront bientôt annoncées.
«Il y aura des aires protégées, annoncées dans les prochaines semaines, je ne commencerai pas à nommer, au risque d'en oublier. Puis, il reste encore du travail à compléter de notre côté. Mais il y aura aussi des mesures de protection sur le côté du Pipmuacan. Ça, c'est un incontournable», a-t-il dit.
Le Conseil des Innus de Pessamit demande depuis longtemps que soit protégé le secteur du lac Pipmuacan pour empêcher notamment l'industrie forestière de décimer le cheptel de caribou dans cette région située au nord-est de la ville de Saguenay.
En août 2022, le conseil avait même envoyé une mise en demeure à Ottawa et Québec pour qu'ils protègent le caribou dans cette région.