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Rien n’est entièrement gagné, mais il y a un degré d’optimisme pour la communauté LGBTQ2s+ au pays.
Rien n’est entièrement gagné en matière de diversité sexuelle et de genre au Canada. Selon un vaste sondage* commandé par la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais (FJRSD), les personnes qui en sont issues subissent plus de violence, d’intimidation et de discrimination – particulièrement les jeunes et les personnes trans ou non binaires.
Mais il y a un degré d’optimisme pour la communauté LGBTQ2s+ au pays, selon ce coup de sonde de la firme CROP auprès de près de 8400 Canadiens et Canadiennes, dont 7500 viennent de la diversité sexuelle et de genre: la proportion de gens qui y sont ouverts semble en augmentation.
La proportion de personnes se disant à l’aise de côtoyer des personnes de la diversité d’identité de genre est passée de 60 % en 2017 à 66 % en 2024, découvre-t-on dans l’analyse des résultats.
En outre, quant à l’acception et à l’intégration de la diversité au sein de la société, 51 % de la population canadienne est d’avis que la situation s’est améliorée ces dernières années. Seuls 14 % estiment que les choses se sont détériorées. Ceci dit, la perception n’est pas du tout la même parmi les personnes de la diversité sexuelle et de genre: 39% voient une amélioration, alors qu’une proportion équivalente (39%) constate plutôt une détérioration.
D’autres données provenant des résultats du sondage tendent à montrer qu’il y a du travail à faire en matière d’acceptation et d’intégration de la diversité sexuelle et de genre au Canada.
Par exemple, la population canadienne a toujours relativement peu de rapports d’amitié avec des personnes issues de la diversité, selon la large étude qui suit un premier sondage pancanadien réalisé en 2017, Réalités LGBT. Alors que 91 % des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre comptent des personnes homosexuelles, bisexuelles ou pansexuelles parmi leurs relations amicales, elles sont 46 % au sein de la population en général.
Par ailleurs, «la population canadienne est généralement plus prude que les gens issus de la diversité sexuelle et de genre», lit-on dans un communiqué de la FJRSD. Selon les résultats du sondage, environ une personne sur deux de la population est très à l’aise de voir deux femmes se tenir la main (57 %), deux hommes se tenir la main (50 %) ou une personne trans ou non-binaire tenir la main d’une autre personne (49 %). Parmi la diversité, environ 9 personnes sur 10 sont très à l’aise avec ces comportements (respectivement 91 %, 89 % et 87 %).
Dans un caractère plus pressant, on découvre dans l’étude que les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre sont davantage l’objet de violence et de discrimination.
«Au cours des 12 derniers mois, 23 % de la population générale au pays a vécu de la violence, tandis que pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre, ce pourcentage s’élève à 46 % (à vie, 69 % de la population canadienne a connu une forme de violence ou de discrimination, comparativement à 89 % pour les personnes de la diversité)», est-il écrit dans le communiqué de la Fondation. «D’ailleurs, l’apparence physique (18 %), l’identité de genre et l’orientation sexuelle (tous deux à 15 %) sont les motifs principaux des violences et discriminations rapportées.»
Cet état des choses peut mener à de graves problèmes de santé mentale, facteur de risque du suicide, rappelle Jasmin Roy, président de la FJRSD. «Lorsque les idées suicidaires touchent quatre personnes sur dix faisant partie de la diversité sexuelle et de genre, il est absolument crucial de passer à l'action sans délai; nous parlons ici clairement d’une situation de vie ou de mort», dit-il.
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Donc, pour améliorer la place de la diversité sexuelle et de genre au Canada, la FJRSD pointe vers le soutien des programmes contre les violences en milieux de travail et scolaire, la bonification des cours à l’éducation à la sexualité, l’élaboration de mécanismes de prévention et de contrôle de la violence sur le web, ainsi que des mesures d’aides aux personnes de la diversité pour faciliter l’accès à du soutien en santé mentale.
La FJRSD, organisme communautaire basé à Montréal pour lequel l’égalité des sexes – mais principalement de la diversité sexuelle et de genre – ainsi que la diversité culturelle sont parmi les fers de lance, espère que ces données permettront notamment aux différents paliers de gouvernement de mieux déterminer leurs priorités et leurs plans d’action en lien avec la lutte contre l’homophobie et la transphobie.
Techniquement, le Québec est sur le cas. À la fin 2023, le gouvernement Legault a annoncé que Diane Lavallée, le Dr Jean-Bernard Trudeau et le professeur en droit constitutionnel Patrick Taillon allaient composer le «comité des sages» qui devait se pencher sur les questions entourant l’identité de genre au Québec.
La création de ce comité avait suivi des manifestations et contre-manifestations houleuses qui s'étaient déroulées au Québec en lien avec les directives scolaires sur l’identité de genre. Le premier ministre François Legault avait dû lancer un appel au calme en raison de dérapages.
Cependant, la création du «comité de sages» chapeauté par la ministre de la Famille, Suzanne Roy, a reçu un accueil mitigé de la part d’organismes LGBTQ+. On a déploré notamment l’absence de consultations de Québec lors de son élaboration.
*Méthodologie
La collecte de données, qui s’est déroulée du 5 février 2024 au 11 juin 2024, a permis de recueillir les réponses de 1 000 personnes parmi la population canadienne âgée de 18 ans et plus ainsi que de 7 481 personnes canadiennes âgées de 15 ans et plus issues de la diversité sexuelle et de genre. Le sondage a été mené par la firme de sondage CROP, en collaboration avec Jasmin Roy, président de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, et Michel Dorais, sociologue de la sexualité et professeur émérite de l’Université Laval. BRP a assuré le financement de cette étude.