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«Nous avons des raisons de croire que si Jean René Junior Olivier avait été une personne blanche, il serait toujours vivant aujourd'hui.»
«Nous avons des raisons de croire que si Jean René Junior Olivier avait été une personne blanche, il serait toujours vivant aujourd'hui.»
C'est avec cette affirmation que Me Wilerne Bernard, l'une des deux avocates représentant Mireille Bence, a mis la table pour la poursuite à venir dans le dossier du fils de celle-ci, abattu par les policiers de Repentigny le 1er août 2021, alors que l’homme de 37 ans vivait un grave épisode de détresse psychologique.
Mme Bence réclame 430 000 $ à la Ville de Repentigny et à son corps de police en lien avec la mort de son fils. C'est Mme Bence elle-même qui avait appelé le 9-1-1, signalant que son fils était en détresse psychologique et qu'il était armé d'un couteau dont il refusait de se départir. Espérant une intervention médicale, Mme Bence avait plutôt vu six policiers et une ambulance se présenter chez elle alors que son fils était à l'extérieur.
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«J'ai demandé une ambulance pour l'emmener dans un hôpital psychiatrique, mais en arrivant sur les lieux, ce n'était pas ça du tout. On l'a tué», a-t-elle laissé tomber lors de la conférence de presse annonçant le dépôt, mardi, de la demande introductive d'instance au palais de justice de Joliette.
«Je sais, quelle que soit la situation, que mon fils ne retournera pas à la vie. Par contre, je suis ici pour (...) qu'une autre famille ne vive pas ce que je vis maintenant. C'est très douloureux», a ajouté Mme Bence.
Les policiers avaient tenté de le raisonner, mais l'homme s'était apparemment lancé vers eux, arme à la main, provoquant leurs tirs et, ultimement, son décès. Mais cette intervention n'était nullement justifiée, selon Mme Bence. «Mon fils avait un couteau à steak dans sa main. Il y avait six policiers. Alors un gars, tout mince, avec un couteau à steak dans sa main, les six policiers ne peuvent pas le maîtriser?»
Les avocates de Mme Bence estiment qu'il leur sera possible de démontrer qu'il y a eu faute dans ce dossier et que la Ville et son corps policier en portent la responsabilité.
«La Ville a déjà souligné l'importance de donner des formations à ses policiers en lien avec la santé mentale, en lien avec le profilage racial. Pourtant, lors de cette intervention, aucune de ces formations n'a paru être utilisée», a expliqué l'autre avocate de Mme Bence, Me Marie-Livia Beaugé.
Me Bernard, de son côté, a souligné qu'«en 2022, les personnes qui ont été tuées par la police, il n'y en avait pas une seule de blanche. Quand on regarde tous les cas, lorsqu'on combine la santé mentale, la peau noire, le statut social précaire, les chances de mortalité dans une intervention policière augmentent énormément.»
Au point, a raconté Me Beaugé, que la question est malheureusement devenue routinière: «Ce matin, avant de quitter le bureau, un avocat me demandait: lequel des Noirs je représentais.»
Mme Bence, de son côté, a dit n'avoir reçu aucun soutien, que ce soit d'un Centre d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC) ou de l'Indemnisation aux victimes d'actes criminels (IVAC), pas même une offre de soutien psychologique ou communautaire de la Ville de Repentigny. «Quand je suis seule, c'est là mon problème. Je pleure à tous les jours. Je ne cesse pas de pleurer. La Ville de Repentigny? Elle ne fait rien.»
Il y a un peu moins de deux semaines, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) concluait, sur la base du rapport du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), qu'il n'y avait pas matière à porter des accusations criminelles contre les policiers impliqués dans la tragédie. Me Bernard a toutefois fait remarquer qu'en matière civile, la démarche ne vise pas à prouver un crime hors de tout doute raisonnable, mais bien de voir s'il y a eu faute.
Par ailleurs, le groupe communautaire Lakay de Repentigny, qui soutient la communauté noire de la municipalité, et la Coalition rouge, qui lutte contre le racisme, réclament du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, d'ordonner la tenue d'une enquête publique sur la mort de Jean René Junior Olivier.