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«Quand il y a plusieurs partis compétitifs, il y a toujours des surprises».
Même si la Coalition avenir Québec semble se diriger vers une deuxième majorité consécutive à l'occasion du scrutin de lundi, les observateurs disent que plusieurs choses seront quand même à surveiller, notamment la lutte pour former l'opposition officielle.
Les experts prévoient une forte majorité à la CAQ au terme du scrutin. Ainsi, même si les appuis au parti ont chuté sous le seul des 40 % dans les sondages, les projections de sièges lui donnent une forte majorité à l'Assemblée nationale.
Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques de l'Université d'Ottawa, dit que les Québécois semblent avoir peu d'appétit pour du changement. Selon elle, cela s'explique par le fait que la CAQ ne forme le gouvernement que depuis quatre ans et par la pandémie de COVID-19.
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«La seule alternative est la suivante: voulons-nous continuer avec un gouvernement que l'on connaît au cas où il y aurait une autre crise majeure ou préférons-nous prendre une chance avec l'inconnu?», dit-elle en faisant remarquer le peu d'expérience des autres chefs.
Les observateurs s'entendent à une lutte serrée... pour l'opposition officielle. Les libéraux, les solidaires, les conservateurs et les péquistes se tiennent dans un mouchoir de poche, récoltant de 17% à 14% d'appuis, selon les différents sondages.
Des quatre partis se disputant le deuxième rang, seul le Parti québécois a réussi à grimper dans les sondages, récompensant les efforts de son chef Paul St-Pierre Plamondon qui, selon les experts, a mené une campagne positive axée sur les idées.
Autre fait remarquable: cinq partis récoltent un appui significatif de l'électorat. C'est un bon signe pour la démocratie, juge la Pre Tellier.
«On a des partis de gauche, on a des partis de droite. On a donc des débats qui portent l'électeur à réfléchir sur les diverses propositions et à prendre position», souligne-t-elle.
Éric Montigny, un professeur de sciences politiques de l'Université Laval, croit qu'il pourrait avoir bien des surprises au cours de la soirée électorale, même si la victoire de la CAQ paraît quasi certaine. Lui-même surveillera le sort réservé aux libéraux dans l'ouest de l'île de Montréal, une de leurs forteresses dans un passé pas si éloigné.
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Le Parti libéral y est menacé sur sa droite par les conservateurs et sur sa gauche par les solidaires.
Trois des chefs se retrouvent au cœur d'une lutte serrée dans leur propre circonscription: la libérale Dominique Anglade (St-Henri-Ste-Anne), le conservateur Éric Duhaime (Chauveau) et le péquiste Paul St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin).
Le Pr Montigny voit même des luttes à trois dans un certain nombre de circonscriptions. «Quand il y a plusieurs partis compétitifs, il y a toujours des surprises», fait-il valoir.
Le directeur du département de sciences politiques de l'Université Laval, Thierry Giasson, constate que le chef de la CAQ, François Legault, est parvenu à maintenir son avance, même s'il a mené une campagne sans lustre marquée par bien des controverses, notamment sur l'immigration.
«Elle est chanceuse d'avoir profité d'une forte avance au début de la campagne, a-t-il dit en parlant de la CAQ. Heureusement pour elle, la campagne se termine lundi.»
Malgré une campagne erratique, M. Legault semble toujours bénéficier de sa gestion de la pandémie, estime M. Giasson qui rappelle que les Québécois ont tendance à donner plus d'un mandat à un gouvernement sortant.
Le chef caquiste profite aussi du fait que ses adversaires ne sont pas parvenus à fédérer le vote de l'opposition. M. Legault y a sans doute contribué en affirmant qu'ils ne pourraient pas diriger efficacement la province. «C'est sans doute la seule réussite de la campagne de M. Legault: avoir discrédité les solutions de rechange qui s'offraient à l'électorat», souligne M. Giasson.