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Aux États-Unis, un membre de la Garde nationale aérienne au Massachusetts, qui serait la principale personne d’intérêt dans la divulgation de documents militaires hautement confidentiels sur la guerre en Ukraine, a été placé en garde à vue, jeudi, par des agents fédéraux, a annoncé le procureur général américain, Merrick Garland.
Les enquêteurs pensent que le militaire, spécialisé dans le renseignement, dirigeait le groupe de discussion en ligne où les documents ont été publiés. Il a été identifié comme étant Jack Teixeira, âgé de 21 ans.
Des agents du FBI ont convergé jeudi vers le domicile de Jack Teixeira dans le Massachusetts et des policiers de l'escouade tactique lourdement armés ont placé en garde à vue un homme vêtu d’un T-shirt et d’un short à l’extérieur de la propriété.
Il sera accusé de divulgation non autorisée d'informations classifiées relatives à la défense nationale, a précisé M. Garland, et comparaîtra pour la première fois devant un tribunal fédéral du Massachusetts.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si M. Teixeira avait un avocat qui pouvait parler en son nom, et un message vocal laissé à un numéro censé appartenir à sa mère n’a pas été immédiatement retourné.
Les forces de l’ordre ont bloqué la rue près de la maison. Selon le New York Times, qui a identifié M. Teixeira pour la première fois jeudi, un homme qui se tenait devant sa résidence a dit «qu’il devrait prendre un avocat si les choses se passent comme elles se passent actuellement. Les autorités fédérales ne vont pas tarder à arriver, j’en suis sûr».
L’émergence de M. Teixeira en tant que principal suspect ne manquera pas de soulever des questions sur la manière dont la fuite de renseignements la plus médiatisée depuis des années, qui se poursuit avec des révélations quasi quotidiennes de documents hautement confidentiels, a pu être causée par un membre des forces armées aussi jeune et peu élevé dans la hiérarchie.
L’administration du président Joe Biden s’est démenée pendant des jours pour contenir les retombées de cette fuite d’informations, qui a rendu publiques des vulnérabilités potentielles dans les capacités de défense aérienne de l’Ukraine et exposé des évaluations privées par des alliés sur toute une série de questions de renseignement.
La Garde nationale n’a pas confirmé d'identité, mais a déclaré dans un communiqué: «Nous sommes au courant de l’enquête sur le rôle présumé qu’un membre de la Garde nationale aérienne du Massachusetts pourrait avoir joué dans la récente fuite de documents hautement confidentiels».
Le porte-parole du Pentagone, le général de brigade de l’armée de l’air Pat Ryder, a renvoyé toutes les questions relatives à cette affaire au département de la Justice. Mais il a ajouté: «Nous avons des règles en place. Chacun d’entre nous signe un accord de non-divulgation. Il s’agit d’un acte criminel, d’une violation délibérée de ces règles».
L’administration Biden s’efforce d’évaluer les conséquences diplomatiques et de sécurité nationale des documents divulgués depuis qu’ils ont été signalés pour la première fois la semaine dernière. Un porte-parole du Pentagone a déclaré à la presse en début de semaine que ces révélations présentaient un «risque très sérieux pour la sécurité nationale», et le département de la Justice a ouvert une enquête pour identifier la personne responsable.
«Nous nous approchons du but», a dit le président Biden à des journalistes en Irlande, jeudi. Il a ajouté que, bien qu’il soit préoccupé par la divulgation de documents gouvernementaux sensibles, «il n’y a rien de contemporain qui, à ma connaissance, soit de grande conséquence».
Le département de la Justice s’est refusé à tout commentaire jeudi.
Il est possible que la fuite ait commencé sur un site appelé «Discord», une plateforme populaire auprès des joueurs de jeux vidéo en ligne. Le site «Discord» héberge des clavardages vocaux, vidéo et textuels en temps réel pour des groupes. Il se décrit comme un endroit «où tu pourrais faire partie d'un club scolaire, d'un groupe de 'gamers' ou d'une communauté artistique internationale».
Dans l’un de ces forums, créé à l’origine pour aborder un large éventail de sujets, les membres débattaient de la guerre en Ukraine. Selon un membre du clavardage, une personne non identifiée a partagé des documents qu’elle prétendait être classifiés, d’abord en les partageant avec ses propres opinions, puis, il y a quelques mois, en téléchargeant des images de papiers pliés.
«Discord» a indiqué coopérer avec les forces de l’ordre.
Il n’existe que peu de moyens d’accéder aux informations classifiées qui ont été divulguées, ce qui pourrait fournir des indices cruciaux sur les responsables. En règle générale, lors des réunions d’information classifiée, les informations sont partagées électroniquement, comme c’est le cas pour les diapositives qui ont été partagées sur «Discord».
Cela se fait soit par l’intermédiaire de terminaux informatiques sécurisés auxquels les utilisateurs ont accès en fonction de leurs identifiants, soit par l’intermédiaire de tablettes qui sont distribuées pour les réunions d’information et récupérées par la suite. Si les diapositives doivent être imprimées, elles ne peuvent être envoyées qu’à des imprimantes sécurisées capables de traiter des documents classifiés, et qui conservent un enregistrement numérique de toutes les personnes ayant demandé une impression.
Ce sont ces indices numériques, comme l’enregistrement des impressions, qui peuvent aider les enquêteurs à déterminer qui a pris les documents. La plupart des photographies de documents mises en ligne montrent des copies papier qui semblent avoir été pliées en quatre, comme si elles avaient été glissées dans la poche de quelqu’un.
Dans les jours qui ont suivi la révélation des fuites, le Pentagone a renvoyé les questions sur l’enquête au département de la Justice, déclarant qu’il s’agissait d’une affaire criminelle. Même si la personne qui a divulgué les fichiers est un membre actif de l’armée américaine, le département de la Justice conserverait probablement la direction des poursuites jusqu’à ce qu’il soit prêt à transférer l’affaire au département de la Défense, a précisé un fonctionnaire du Pentagone à l’AP sous le couvert de l’anonymat afin de discuter de questions sensibles.
Cela a été le cas dans des affaires criminelles antérieures, comme lorsque deux Marines de Camp Pendleton, en Californie, ont été arrêtés pour trafic de drogue en 2020, a rappelé le fonctionnaire. Si la personne responsable s’avère être un civil, le département de la Justice sera responsable, a-t-il ajouté.
— Avec des informations de Michelle R. Smith, à Swansea, Massachusetts; Nomaan Merchant et Zeke Miller, à Washington; Alanna Durkin Richer, à Boston; et Colleen Long et Darlene Superville, à Dublin