Début du contenu principal.
L'Association des employeurs maritimes a annoncé qu'elle ne s'était pas entendue avec le syndicat.
Quelque 320 débardeurs du port de Montréal ont amorcé lundi une grève de 72 heures qui pourrait être lourde de conséquences, alors que deux terminaux — par lesquels transitent environ 40 % des conteneurs qui passent par le port — seront paralysés jusqu'à jeudi matin.
Les travailleurs concernés, membres du Syndicat des débardeurs du port de Montréal, ont débrayé à 7 heures lundi matin, conformément au préavis qu'ils avaient soumis vendredi dernier. Leur grève doit durer jusqu'à 6 h 59 jeudi.
La grève partielle de trois jours au port de Montréal se poursuivra pour une deuxième journée mardi, alors que le tribunal a rejeté la requête de l'Association des employeurs maritimes visant à l'empêcher.
La grève entraîne la suspension des activités aux terminaux Viau et Maisonneuve, qui sont exploités par l'entreprise Termont. Selon l'Administration portuaire de Montréal, ces deux terminaux représentent 41 % des conteneurs transitant au port.
«Cette situation a pour effet de priver les entreprises du Québec et du Canada d’environ 40 % de la capacité de manutention de conteneurs du Saint-Laurent dans une période cruciale, alors que les marchandises destinées à la période des fêtes, tant en import qu’en export, doivent transiter par le port de Montréal», a déploré l'Administration portuaire de Montréal lundi matin.
«Nous continuons de souhaiter une entente dès que possible entre les parties, alors que tout retard engendre des coûts pour les entreprises utilisatrices des services portuaires, en plus de mettre à risque 90,7 millions $ d’activités économiques pour chaque jour d’interruption», a-t-elle ajouté.
Le syndicat, qui est une section locale du Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ, a indiqué qu'il vise spécifiquement l'entreprise Termont avec cette grève. Il accuse l'entreprise d'être un «opérateur délinquant qui ne respecte pas le contrat de travail dûment négocié».
Le syndicat s'était dit prêt à ne pas exercer cette grève selon certaines conditions, mais dimanche soir, l'Association des employeurs maritimes (AEM) a publié une déclaration confirmant qu'aucune entente n'avait pu être trouvée au courant de la fin de semaine.
«L'AEM a tenté par tous les moyens disponibles d'éviter la grève prévue (lundi) aux terminaux Viau et Maisonneuve de la compagnie Termont au port de Montréal, mais en vain», pouvait-on lire dans un communiqué.
«Que ce soit par la médiation, soutenue par le Service fédéral de médiation et de conciliation, ou devant le Conseil canadien des relations industrielles en audience d'urgence (dimanche) après-midi, nos démarches n'ont pas porté fruit», a ajouté l'AEM, qui s'est dite «très déçue de ce dénouement».
Les deux parties ont confirmé lundi qu'elles avaient été convoquées par le médiateur dimanche sans qu'il y ait eu de progrès. La grève a donc été déclenchée lundi matin à 7h. Et aucune autre rencontre de médiation n'est prévue pour le moment.
Lundi, la ministre fédérale des Transports, Anita Anand, a invité les parties à retourner à la table de négociation et à trouver un moyen de conclure une entente. «Le port de Montréal est essentiel à nos chaînes d'approvisionnement. Les parties doivent retourner à la table des négociations et faire le travail nécessaire pour parvenir à un accord. Je suis la situation de près avec mon collègue, le ministre du Travail Steven MacKinnon.»
Les négociations durent depuis un an; elles avaient débuté en septembre 2023. La convention collective est échue depuis le 31 décembre dernier.
Dimanche, l'Association des employeurs maritimes (AEM) s'est adressée au Conseil canadien des relations industrielles — le tribunal administratif spécialisé en droit du travail sur la scène fédérale — pour lui demander d'annuler l'avis de grève du syndicat et lui demander de déclarer que le syndicat avait contrevenu à son obligation de négocier de bonne foi.
L'Association des employeurs reprochait notamment au syndicat de viser Termont par son moyen de pression, alors qu'il n'est qu'un des employeurs membres de l'association et qu'il n'est pas la partie négociante face au syndicat.
Elle expliquait aussi que les amarreurs sur place «ne choisissent ni les terminaux ni les navires auprès desquels ils sont appelés à travailler. Les amarreurs en devoir ne peuvent choisir le travail qu’ils feront ni de ne pas travailler à Termont». Elle déplorait qu'en conséquence, elle «devra donc continuer de déployer des amarreurs, en leur versant leur rémunération, tandis que ceux-ci ont annoncé qu’ils refuseraient de faire la portion de leur travail qui concerne Termont».
Mais après avoir entendu la preuve, le Conseil canadien des relations industrielles a conclu que l'avis de grève était conforme au Code canadien du travail et qu'«aucun élément de preuve ne montre que le Syndicat a contrevenu à son obligation de négocier de bonne foi avec l’AEM».
La semaine dernière, les 1150 débardeurs du port ont rejeté la plus récente offre patronale à 99,63 %, tout en se dotant d'un mandat de grève. Une autre offre, déposée au printemps, avait aussi été rejetée presque à l'unanimité.
Un certain nombre de compagnies de transport maritime ont commencé à réacheminer leurs marchandises à destination du port de Montréal dès le mois de mai en raison de préoccupations liées à un possible conflit de travail.
En prévision du déclenchement de la grève de cette semaine, plusieurs groupes du milieu des affaires avaient exprimé des préoccupations.
Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, avait notamment fait valoir qu'il faut «envisager toutes les options possibles, de l’arbitrage exécutoire à la loi spéciale».
«Une fois de plus, une grève menace de prendre en otage nos chaînes d’approvisionnement, mettant en péril la survie de centaines d’entreprises. C’est inacceptable», a-t-il dénoncé la semaine dernière.
Pendant ce temps, aux États-Unis, une importante menace de grève plane sur plusieurs ports de la côte est. Le débrayage pourrait avoir lieu dès mardi.