La grève a officiellement été déclenchée dans le secteur de la construction résidentielle, à 00 h 01 mercredi, alors que les négociations survenues dans les dernières heures n'ont pas permis d'en venir à une entente.
À quelques heures du déclenchement de la grève, mardi, l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) avait déposé une «dernière offre» à l'Alliance syndicale.
Celle-ci, selon la partie patronale, était une «offre bonifiée à 18 %», qui représentait une hausse de 1,5 % sur quatre ans par rapport à l’offre déposée le 22 avril et de 6 % sur les offres initiales.
Réunis mercredi pour le point de presse de l'Alliance syndicale, on pouvait entendre les travailleurs et travailleuses de la construction du secteur résidentiel scander différents slogans dont : «Au cul l’APCHQ» et «L’argent il y en a dans les coffres du patronat».
«Malgré les discussions et les propositions, il n’y a pas eu de changement de leur part, donc on n’a eu une offre écrite […] qui comprend des reculs considérables par rapport à certaines dispositions de la convention collective, c’est important de le mentionner, c’est pour ça que les travailleurs et les travailleuses du secteur résidentiel sont en grève», a toutefois mentionné mercredi en point de presse Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale de l’industrie de la construction.
«Je pense que c’est inacceptable les offres qui sont sur la table présentement de l’APCHQ, il est plus que temps qu’on arrive à un règlement […]»
La grève illimitée dans la construction résidentielle s'est donc amorcée dans la nuit de mardi à mercredi.
«Il doit se tenir à l'écart»
À Québec, le ministre du Travail, Jean Boulet, a prévenu qu'«on ne peut pas se permettre d'être patient», dans le contexte où il y a pénurie de logements. «On ne sera pas patient; les Québécois ont le droit d'accéder à des logements, à des maisons.» Du même souffle, il a toutefois assuré qu'«on ne parle pas de loi spéciale» pour le moment. Il dit préférer «analyser les impacts jour après jour».
En réponse, M. Ricard lui demande de rester en retrait.
«J’inviterai le ministre Boulet à prendre connaissance du jugement de la PL142 de 2017 où nous avons contesté la loi spéciale. Le juge est clair sur l’intervention du gouvernement dans les conflits de travail, il doit se tenir à l’écart et nous laisser régler», a-t-il mentionné.
«Plus son intervention va se faire sur la place publique, plus ça va retarder la résolution de ce conflit», a par ailleurs prévenu le leader syndical.
Le ministre du Travail a par ailleurs réitéré son offre aux parties de confier le dossier à un arbitre, qui résoudrait le litige, ce qui mettrait fin au conflit de travail.
Il a ajouté qu'une médiatrice était toujours affectée au dossier, dans le but de faciliter le dialogue entre les parties.
Sa collègue responsable de l'Habitation, la ministre France-Élaine Duranceau, n'y est pas allée par quatre chemins: une grève dans la construction résidentielle, «c'est la dernière chose dont on avait besoin en ce moment, et pour l'abordabilité et pour le temps. Le temps qu'on perd en construction, c'est de l'argent».
Questionné à savoir si les travailleurs en grève disposent un fonds de grève, Alexandre Ricard a répondu par l’affirmative. Le fonds leur permet-il de tenir longtemps? «Sans problème», a-t-il confirmé.
L'Alliance syndicale regroupe tous les syndicats de la construction, soit, par ordre d'importance décroissante: la FTQ-Construction, le Syndicat québécois de la construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction.
Par l'intermédiaire des cinq, elle représente 200 000 travailleurs, dont une partie travaille dans le secteur résidentiel.
Les trois autres secteurs de l'industrie de la construction ont renouvelé les conventions collectives 2025-2029, à savoir le génie civil et la voirie, l'industriel et l'institutionnel/commercial.
«Résolution rapide et responsable»
En réaction au conflit opposant l'APCHQ et les travailleurs de la construction du secteur résidentiel, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) appelle «à une résolution rapide et responsable» alors qu'il juge que cette interruption des activités survient «dans un contexte déjà tendu, marqué par une guerre tarifaire persistante, une instabilité économique croissante et une crise du logement».
«Le CPQ appelle toutes les parties à reprendre les négociations de bonne foi et à privilégier une solution équitable et durable», exprime-t-on dans un communiqué.
Rappelons que le CPQ avait demandé que l'industrie de la construction soit expressément incluse dans l'application du projet de loi 89.
«Exclure cette industrie revient à accepter que des arrêts de travail puissent s'étirer indéfiniment, au détriment des chantiers résidentiels, des projets d'infrastructure et de la stabilité économique du Québec», estime le Conseil du patronat du Québec.
Avec des informations de La Presse canadienne.

