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Les recherches suggèrent aussi que la pollution causée par la fumée des incendies de forêt peut produire un stress post-traumatique et même augmenter le risque de démence, d'Alzheimer et de maladie de Parkinson.
Un nombre croissant de recherches internationales suggèrent que la pollution causée par la fumée des incendies de forêt peut produire des déficits cognitifs, un stress post-traumatique et même augmenter le risque de démence, d'Alzheimer et de maladie de Parkinson.
Jusqu'à récemment, les effets des incendies de forêt ont été étudiés sur les poumons, le cœur et le sang des patients. Mais plusieurs chercheurs ont commencé à étudier comment les fines particules provenant de la fumée des incendies de forêt peuvent pénétrer dans le corps et se rendre au cerveau.
Kent Pinkerton, professeur de pédiatrie à l'Université de Californie à Davis, explique que le nez est généralement un bon filtre et retient un certain nombre de particules inhalées hors des poumons. Mais on craint que lors d'incendies de forêt, de minuscules particules de suie et d'autres produits chimiques contenus dans la fumée aient la capacité de pénétrer dans les cellules et les nerfs du nez. Les scientifiques ont démontré que ces deux éléments ont un lien direct avec le cerveau.
Les cellules et les nerfs reliant le passage nez-cerveau, mentionne M. Pinkerton, peuvent être enflammés et endommagés par la fumée des incendies de forêt.
«Il a été démontré que certaines particules provenant de la fumée des feux de forêt sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique et de provoquer une inflammation du cerveau», affirme-t-il en entrevue.
Cette année a été l'une des pires saisons des incendies de forêt au Canada, avec près de 137 000 kilomètres carrés de forêts brûlés. Actuellement, des incendies de forêt incontrôlables font rage dans les Territoires du Nord-Ouest et en Colombie-Britannique, forçant des milliers de personnes à quitter leur domicile.
La fumée des incendies de forêt n'est pas seulement composée de végétation provenant d'arbres et d'autres plantes brûlées, mais également de produits du quotidien pris dans les flammes, notamment des métaux provenant des véhicules et des maisons, du plastique et des vêtements.
Ray Dorsey, professeur de neurologie à l'Université de Rochester, dans l'État de New York, indique qu'une partie des particules provenant de la fumée des incendies de forêt est suffisamment petite pour pouvoir se propager dans les centres olfactifs du cerveau.
«Des morceaux de métaux toxiques sont transportés sur ces minuscules particules: le plomb de l'essence au plomb, le fer des plaquettes de frein et le platine des pots catalytiques», mentionne-t-il.
Le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et de la maladie d'Alzheimer présente des concentrations plus élevées de métaux lourds, souligne le professeur Dorsey. Les dommages aux centres olfactifs du cerveau sont constatés presque universellement chez les patients atteints de ces deux maladies, ajoute-t-il.
Une étude datant de juillet 2018 publiée dans la revue «Environmental Research» relate qu'un groupe de chercheurs internationaux a découvert que les personnes exposées à la pollution de l'air à Mexico présentaient des signatures d'Alzheimer et de Parkinson dans leur cerveau.
«L'exposition aux polluants atmosphériques joue un rôle majeur dans le développement et/ou l'accélération de la maladie d'Alzheimer», indique l'étude, intitulée «Les caractéristiques de la maladie d'Alzheimer évoluent sans relâche chez les nourrissons, les enfants et les jeunes adultes de la métropole de Mexico».
M. Dorsey déclare avoir vu des rapports récents suggérant que la pollution de l'air causée par les incendies de forêt présente une concentration de particules plus dense ou plus élevée que la pollution de l'air causée par la circulation automobile.
«En bref, que vous soyez un nouveau-né ou une personne âgée atteinte de la maladie d'Alzheimer, la pollution de l'air est probablement nocive pour votre cerveau», dit-il.
Une étude publiée en janvier dans la revue PLOS Climate a révélé que les personnes exposées à la fumée de l'incendie de Camp — l'incendie de forêt le plus meurtrier et le plus destructeur de l'histoire de la Californie —, en 2018, présentaient «significativement» plus de symptômes chroniques de trouble de stress post-traumatique, d'anxiété et de dépression que ceux qui n’ont pas été exposés au feu.
«L'étude des capacités cognitives est importante, car elles sont essentielles au fonctionnement de la vie quotidienne et peuvent être essentielles à la compréhension des besoins individuels lors de la reconstruction et de la réhabilitation des communautés touchées par une catastrophe», indique l'étude.
L'exposition aux incendies de forêt a également entraîné une diminution des performances cognitives, c'est-à-dire la capacité à supprimer les distractions et à se concentrer sur la tâche à accomplir, mentionne Jyoti Mishra, auteure principale de l'étude sur les incendies en Californie et professeure agrégée de psychiatrie à l'Université de Californie à San Diego.
L’étude a commencé six mois après l’incendie de forêt et la disparition de la fumée. Les particules pourraient avoir pénétré dans les poumons au plus fort des incendies de forêt et affecter le cerveau de manière chronique, a-t-elle déclaré.
«Nous ne connaissons pas le lien exact quant à la façon dont les particules peuvent affecter les systèmes cérébraux à long terme, mais ce que nous avons découvert dans une série d'études, c'est qu'il y avait bel et bien une prévalence de traumatisme climatique», souligne-t-elle.
Il y a «beaucoup d'interactions complexes» lorsqu'une personne souffre d'une perte de propriété, d'une famille ou d'une blessure, ajoute-t-elle. Les incendies de forêt peuvent déclencher des réactions émotionnelles généralement associées au trouble de stress post-traumatique. Les particules provenant de la fumée des incendies de forêt font réagir le corps de la même manière qu’en cas d’inflammation.
«Nous voyons le résultat final, nous voyons qu'il y a des déficits cognitifs, des changements cérébraux, des symptômes psychiatriques, mais comment passer de la fumée des incendies de forêt à ce genre de point final? demande Mme Mishra. Ces complexités et mécanismes intermédiaires ne sont pas bien compris.»