Début du contenu principal.
«On doit agir vite, parce que plus on attend, plus il sera difficile pour le Canada et pour les personnes revenant au pays de s'intégrer de nouveau à la société.»
Une psychiatre québécoise, qui contribue aux efforts visant à soutenir les enfants de femmes détenues dans des camps en Syrie pour s'être jointes à Daech, exhorte le gouvernement fédéral à accélérer leur rapatriement.
La Dre Cécile Rousseau, une psychiatre pédiatrique à l'Université McGill, dit que plus on attend, plus dur sera le processus pour tous ceux qui y sont impliqués.
Cette experte sur la radicalisation violente et l'extrémisme a été membre d'un comité d'experts réuni par la GRC au Québec après la chute de Daech en 2017. Ils ont réfléchi sur ce qui peut être fait pour accueillir ces jeunes à leur retour au pays.
La Dre Rousseau ne croit pas que cette poignée de femmes qui reviennent au pays avec de jeunes enfants représenteront un danger pour la société si elles sont bien supervisées et bien soutenues.
«On doit agir vite, parce que plus on attend, plus il sera difficile pour le Canada et pour les personnes revenant au pays de s'intégrer de nouveau à la société, affirme-t-elle. Attendre n'est pas une bonne idée, surtout pour de jeunes enfants. Ce sont des citoyens canadiens, alors ramenons-les à la maison. C'est la meilleure solution pour eux et pour nous.»
Âgée de 27 ans, Oumaina Chouay, est revenue mercredi au Québec avec ses deux enfants.
À lire également:
Mme Chouay fait face à des accusations d'avoir quitté le Canada pour participer à des activités d'un groupe terroriste, d'avoir participé à des activités de groupes terroristes, d'avoir fourni ou rendu disponibles des biens ou services à des fins terroristes et d'avoir comploté pour participer à des activités d'un groupe terroriste. Elle doit comparaître de nouveau le 8 novembre.
Une autre Canadienne est revenue au Canada cette semaine. Il s'agit de Kimberly Polman, de la Colombie-Britannique. Elle a obtenu jeudi une libération sous condition en attendant une audience en vue d'obtenir un engagement de ne pas troubler l'ordre public.
La Dre Rouleau ne peut parler précisément des enfants de Mme Chouay. Elle a pu toutefois discuter des efforts de réintégration de la famille avant leur arrivée du nord-est de la Syrie, surtout de la perspective des tout-petits.
Les autorités québécoises s'étaient préparées au retour de certains citoyens qui s'étaient rendus au Moyen-Orient pour se joindre au groupe terroriste Daech (État islamique). Elles étaient plus particulièrement préoccupées des enfants nés outre-mer qui viendraient en sol canadien pour la première fois.
La Dre Rousseau raconte que les autorités ont examiné les cas précédents vécus en Angleterre et en France où les mères étaient automatiquement séparées des enfants après le rapatriement. Elles ont étudié d'autres modèles qui impliquaient une stratégie plus communautaire permettant aux enfants de rester avec leur mère et une intégration rapide à l'école et à la collectivité.
«L'idée était de conserver le plus possible une relation d'attachement, explique-t-elle. Avec un parent si possible, sinon avec un membre de la famille ou la famille étendue, aussi longtemps que les enfants seront en sûreté. Nous ne voulions pas imiter les pays européens qui croient que la famille étendue doit être considérée comme suspecte jusqu'à preuve du contraire.»
Les autorités espèrent éviter aux enfants de devoir passer d'une famille d'accueil à une autre, notamment «pour des enfants ayant vécu des traumatismes cumulatifs, ayant été séparés plusieurs fois de leur mère et d'avoir vécu sous de difficiles conditions au cours des trois dernières années, si ce n'est pas pendant toute leur vie.»
Au cours d'une conférence de presse, l'inspecteur David Beaudoin, responsable de l'Équipe intégrée sur la sécurité nationale (EISN) de la GRC, a dit mercredi que la situation des enfants a été une préoccupation constante pour les enquêteurs de la GRC. «Dans le présent dossier, la GRC s'est assuré de solliciter la contribution du CIUSSS et de la famille pour s'assurer que les enfants bénéficient du meilleur encadrement possible à partir du moment de leur retour en sol canadien», a-t-il précisé.
La Dre Rousseau signale que les autorités avaient tout prévu pour le retour de Mme Chouay: de la nourriture et des jouets avaient été apportés pour les enfants pendant l'interrogatoire des parents. Un endroit avait été installé pour le repos. Elles avaient aussi discuté de la possibilité de l'absence d'une famille étendue au Canada et de trouver une famille d'accueil pouvant fournir un environnement sain, une sécurité tout en assurant une continuité culturelle et religieuse.
Dans un premier temps, il fallait aussi s'assurer si les mères pouvaient s'occuper des enfants d'un point de vue psychologique et émotionnel, souligne la Dre Rousseau. Une mère dépressive et traumatisée peut s'occuper d'un enfant, mais pas nécessaire de leur donner un bien-être émotionnel.
«Nous savons que c'est ça qui permet aux enfants de se sentir en sûreté. C'est absolument essentiel», lance la Dre Rousseau.
À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé que de «voyager pour aller soutenir le terrorisme est un crime au Canada et quiconque voyage pour soutenir le terrorisme devrait faire face à des accusations criminelles».
M. Trudeau s'est bien gardé de commenter le dossier de Mme Chouay, mais il a ajouté qu'il «est important que les gens sachent qu'on ne peut soutenir impunément le terrorisme dans ce pays, peu importe les circonstances».