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La diffusion en continu prend le pas sur le cinéma, selon un sondage aux États-Unis

Environ les trois quarts des adultes disent avoir regardé un nouveau film sur une plateforme de diffusion en continu plutôt qu'au cinéma.

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2bfabebdf9e69e73db958f7cbbb350f93eb0647ac01596fae8b5bfb3d5b2024f.jpg ARCHIVES - Des piétons passent devant le cinéma Cinerama Dome, barricadé et fermé, le 12 avril 2021, à Los Angeles. (AP Photo)

Les Américains sont plus enclins à visionner les derniers films dans le confort de leur maison plutôt qu'au cinéma, selon un nouveau sondage.

Environ les trois quarts des adultes américains disent avoir regardé un nouveau film sur une plateforme de diffusion en continu plutôt qu'au cinéma au moins une fois au cours de l'année écoulée, selon l'enquête du Centre de recherche sur les affaires publiques Associated Press-NORC. Parmi eux, environ trois sur dix ont regardé de nouveaux films avec la diffusion en continu au moins une fois par mois.

Parallèlement, environ les deux tiers des Américains ont déclaré avoir vu un film récemment sorti au cinéma au cours de l'année écoulée, et seuls 16 % ont déclaré y être allés au moins une fois par mois. 

Les résultats suggèrent que, globalement, les cinéphiles américains sont plus susceptibles de regarder un film chez eux que de le voir au cinéma, une tendance qui s'est accélérée pendant la pandémie de COVID-19. 

La commodité et le coût sont deux facteurs importants pour de nombreuses personnes qui n'ont pas le temps d'aller au cinéma ou qui n'ont pas les moyens de payer le prix toujours plus élevé du billet.

Une option plus pratique

Depuis la pandémie, les films arrivent plus rapidement sur les plateformes de diffusion en continu. En 2017, une période d'exclusivité de 90 jours était courante. De nos jours, les cinémas se battent pour une norme de 45 jours pour l'ensemble du secteur.

Pour les studios, la stratégie semble être différente pour chaque film. Le lauréat du meilleur film de cette année, «Anora», a bénéficié d'une exclusivité de 70 jours en salles. «Wicked», quant à lui, était disponible à la demande seulement 40 jours après sa sortie en salles, et dans ce cas, le film a été, et est resté, un succès au box-office. Il a également été rentable sur les services de diffusion en continu.

Il existe un certain chevauchement entre les cinéphiles et les adeptes de diffusion en continu: 55 % des adultes américains ont vu un nouveau film au cinéma et l'ont abandonné au profit de la diffusion en continu au moins une fois au cours de l'année écoulée. Cependant, regarder uniquement les nouveaux films en diffusion en continu est plus courant que d'aller uniquement au cinéma.

L'une des répondantes du sondage, Sherry Jenkins, âgée de 69 ans, affirme qu'elle fréquentait régulièrement le cinéma il y a environ 20 ans. Mais en tant que retraitée férue de technologie, elle n'avait aucune raison suffisante pour aller au cinéma. Abonnée à Acorn, BritBox, Paramount+, Peacock, Netflix et Hulu, Jenkins ne voit même plus l'utilité du câble.

«On me dit: "Oh, il faut absolument aller au cinéma voir Top Gun: Maverick", explique Jenkins. Mais ma télé fait 75 pouces et je suis à l'aise. Je suis à la maison.»

Le prix du cinéma est un facteur

Maryneal Jones, âgée de 91 ans, confie qu'elle aime aller au cinéma, mais qu'elle le trouve trop cher.

«Il y a des films que j'aimerais voir, et je me dis: j'attendrai qu'ils soient diffusés à la télé ou j'irai voir un ami qui a ces applications, a expliqué Mme Jones. Mais je ne veux pas payer 12 dollars.»

Selon la société de données EntTelligence, le prix moyen d'une place de cinéma aux États-Unis est de 13,17 $. En 2022, il était de 11,76 $.

Le sondage AP-NORC indique également que le service de diffusion en continu pourrait être une option plus accessible pour les Américains à faibles revenus. Les adultes à revenus élevés sont plus susceptibles que les adultes à faibles revenus de fréquenter le cinéma au moins occasionnellement pour les nouvelles sorties. Mais l'écart est plus faible pour regarder des films en diffusion en continu plutôt qu'au cinéma.

Les jeunes adultes regardent plus de nouveaux films

Les nouveaux films sont plus populaires chez les jeunes adultes, quel que soit leur choix de visionnement. Mais le service de diffusion en continu est davantage une option privilégiée par la jeune génération.

Un peu moins de la moitié des adultes de moins de 30 ans déclarent avoir regardé un film récemment sorti en diffusion en continu au lieu d'aller au cinéma au moins une fois par mois au cours de l'année écoulée, contre environ deux sur dix qui ont regardé un film au cinéma à cette fréquence.

Eddie Lin, un étudiant texan de 18 ans, raconte qu'il regarde principalement des films à la maison, sur des plateformes comme Crunchyroll, Hulu, HBO Max et Prime Video, mais qu'il va au cinéma pour des films plus importants, comme «Minecraft, le film», le film le plus regardé de l'année en Amérique du Nord.

«Quelques amis voulaient le voir, a-t-il relaté. Et il y avait les mèmes. J'avais l'impression que le public serait plus interactif et que la présence de plusieurs personnes serait enrichissante.»

Si la diffusion en continu reste une concurrence redoutable pour attirer l'attention du public et les budgets, l'intérêt pour certains films en IMAX ou sur d'autres écrans en format premium, comme «Sinners» («Pêcheurs») ou «Oppenheimer», est en hausse. Le box-office nord-américain est actuellement en hausse de plus de 4 % par rapport à l'année dernière, mais l'industrie peine à retrouver son niveau d'activité d'avant la pandémie. Par rapport à 2019, le box-office annuel est en baisse de plus de 22 %.

«J'y allais plus souvent quand j'étais plus jeune, avec ma famille, pour voir tous les films Marvel», a relaté Eddie Lin.

«J'aime les cinémas. C'est une expérience. Pour moi, c'est surtout une question de temps. Mais j'ai l'impression que le charme des films au cinéma a disparu. »

Le sondage AP-NORC a été réalisé du 21 au 25 août auprès de 1182 adultes, à partir d'un échantillon issu du panel probabiliste AmeriSpeak de NORC, conçu pour être représentatif de la population américaine. La marge d'erreur d'échantillonnage pour l'ensemble des adultes est de plus ou moins 3,8 points de pourcentage.