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Une femme qui allègue avoir été agressée sexuellement par cinq anciens membres de l'équipe canadienne de hockey junior dans une chambre d'hôtel de London, en Ontario, n'était ni trop ivre pour consentir, ni un «automate» incapable de prendre des décisions, a soutenu mardi un avocat de la défense dans ses observations finales.
La plaignante a décrit plusieurs états d'esprit différents pour expliquer son comportement au cours de cette nuit de juin 2018 et démontrer qu'elle n'était pas consentante à l'activité sexuelle à l'hôtel. Cependant, il faudrait une «gymnastique mentale» pour les concilier avec les preuves vidéo et d'autres témoignages, a soutenu Me Daniel Brown, qui représente Alex Formenton.
La vidéo du bar où la femme a rencontré plusieurs joueurs pour la première fois contredit son témoignage selon lequel elle a été sous l'influence de l'alcool, séparée de ses amis et extrêmement ivre, a-t-il avancé.
Par ailleurs, aucun des autres joueurs présents dans la chambre et appelés à témoigner n'a corroboré son témoignage selon lequel il régnait une «atmosphère oppressante», a-t-il ajouté.
Le témoignage de la plaignante, selon lequel son esprit s'est déconnecté de son corps et qu'elle avait l'impression d'observer les événements se dérouler, est incompatible avec le fait qu'elle a fait des choix dans la pièce, comme refuser de s'allonger par terre jusqu'à ce qu'un drap soit étalé, a affirmé l'avocat.
Les états d'esprit qu'elle a décrits n'étaient «pas sincères», mais plutôt «destinés à masquer le consentement», a soutenu Me Brown, qui a répété à plusieurs reprises que la femme avait menti ou embelli les événements de cette nuit-là, y compris sous serment.
«Consentir à une activité sexuelle avec un quasi-inconnu constitue toujours un consentement. Consentir alors qu'on est sous l'influence de l'alcool, mais sans incapacité constitue toujours un consentement. Consentir à une activité de groupe ou à une activité sexuelle de groupe constitue toujours un consentement, et le consentement donné par une femme à plus d'un homme à la fois constitue toujours un consentement», a soutenu Me Brown.
Formenton, Michael McLeod, Carter Hart, Dillon Dube et Callan Foote ont plaidé non coupables d'agression sexuelle.
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McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de complicité d'agression sexuelle.
Les procureurs allèguent que McLeod, Hart et Dube ont obtenu des relations sexuelles orales de la femme sans son consentement, et que Dube lui a giflé les fesses alors qu'elle se livrait à un acte sexuel avec une autre personne.
Foote est accusé d'avoir fait le grand écart sur le visage de la femme et d'y avoir «frôlé» ses parties génitales sans son consentement. Formenton aurait eu des relations sexuelles vaginales avec la plaignante dans les toilettes sans son consentement.
Les cinq accusés faisaient partie de l'équipe canadienne de hockey junior en 2018 et se trouvaient à London avec plusieurs de leurs coéquipiers pour une série d'événements célébrant leur victoire au championnat, dont un gala organisé par Hockey Canada, a appris le tribunal.
Après le gala, la plupart des membres de l'équipe ont poursuivi les festivités dans un bar du centre-ville, où la plaignante buvait et dansait avec ses collègues.
La femme, qui avait 20 ans à l'époque, a finalement quitté avec McLeod pour se rendre dans sa chambre d'hôtel, où ils ont eu des relations sexuelles, a appris le tribunal. Cette rencontre ne fait pas partie du procès, qui se concentre plutôt sur ce qui s'est passé après l'entrée de plusieurs autres joueurs dans la pièce.
Le tribunal a pris connaissance d'un texto envoyé par McLeod à un groupe de discussion de l'équipe peu après 2 heures du matin, demandant si quelqu'un souhaitait un plan à trois. Seul Hart a répondu, affirmant qu'il était partant.
La femme a témoigné qu'elle était ivre, nue et effrayée lorsque des inconnus sont entrés dans la pièce, et qu'elle avait senti son esprit se fermer. Elle a eu des rapports sexuels en mode «pilote automatique», a-t-elle dit, et a estimé n'avoir d'autre choix que de se plier aux désirs de ces hommes.
Deux des coéquipiers des joueurs présents dans la pièce, Tyler Steenbergen et Brett Howden, ont témoigné que la femme avait à un moment demandé au groupe si quelqu'un accepterait d'avoir des relations sexuelles avec elle, tout comme Hart, qui était le seul des accusés à témoigner pour sa propre défense.
La plaignante, quant à elle, a mentionné ne pas se souvenir de ces propos, mais que, si elle les avait tenus, c'était un signe qu'elle était ivre morte.
Selon Me Brown, les preuves démontrent «de manière écrasante» que la plaignante avait consenti à des relations sexuelles avec son client. La femme a demandé à quelqu'un d'avoir des relations sexuelles avec elle, et Formenton a accepté son offre, même s'il ne voulait pas le faire devant les autres, a déclaré son avocat.
«Ils ont tous deux accepté. Ce n'est pas compliqué», a-t-il fait valoir.
La femme, dont l'identité ne peut être révélée en raison d'une ordonnance de non-publication, a témoigné se souvenir que quelqu'un l'avait accompagnée aux toilettes et qu'elle se sentait «résignée» à l'idée que des relations sexuelles allaient avoir lieu.
La plaignante a non seulement commis de nombreuses erreurs dans son témoignage, mais a également menti à la barre, a ajouté Me Brown dans ses plaidoiries.
Elle a indiqué au tribunal qu'elle pesait 54 kg à l'époque, mais a reconnu lors du contre-interrogatoire que ce poids était proche de 63 kg, ce qu'elle savait après avoir examiné son dossier médical, a-t-il précisé. Elle a ensuite expliqué avoir donné ce chiffre inférieur, car c'était ce qu'elle avait mentionné dans une déclaration précédente, a-t-il souligné.
Me Brown a soutenu que cela suscitait des inquiétudes quant au non-respect du serment de la femme et qu'il était plus important pour elle d'être cohérente avec ses déclarations antérieures que de dire la vérité.
L'avocate de Dube a déclaré mardi que le sexe oral reçu par son client était consensuel. Lors d'un entretien en 2018, Dube a dit à la police avoir reçu du sexe oral pendant environ 10 secondes avant de réaliser que c'était une «mauvaise idée» et de reculer.
Cet entretien est crédible et établit qu'il y a eu une communication entre Dube et la plaignante au sujet de l'activité, a soutenu son avocate, Lisa Carnelos.
Dube n'a pas mentionné avoir touché les fesses de la plaignante lors de l'entretien, a reconnu Me Carnelos, précisant qu'il avait peut-être simplement oublié de le faire. Elle a noté que l'enquêteur chargé de l'entretien ne l'avait pas interrogé à ce sujet.
La plaignante n'a pas identifié l'auteur présumé de la gifle et seul un coéquipier, Steenbergen, se souvient avoir vu Dube gifler les fesses de la femme, décrivant la gifle comme ni dure ni douce, selon Me Carnelos. Steenbergen a reconnu, lors du contre-interrogatoire, qu'il s'agissait d'un acte ludique et non abusif, a-t-elle mentionné.
«Il ne reste qu'un acte ludique très mineur, comparable à des préliminaires» entre deux personnes déjà engagées sexuellement, a-t-elle ajouté.
La juge Maria Carroccia de la Cour supérieure de l'Ontario devrait rendre sa décision le 24 juillet.