Lorsque dirigeants mondiaux, diplomates, chefs d'entreprise, scientifiques et militants se rendront au Brésil en novembre pour les négociations annuelles des Nations Unies portant sur le climat, la pauvreté, la déforestation et une grande partie des problèmes mondiaux leur seront visibles – et c'est voulu.
Dans les villes où se sont tenues les conférences précédentes – y compris les stations balnéaires et les terrains de jeux pour les riches comme Bali, Cancún, Paris, Charm el-Cheikh et Dubaï –, les pays hôtes ont mis en avant leurs infrastructures et les actions de leurs communautés face au changement climatique.
Mais la conférence de cet automne se déroule dans une ville très pauvre, aux portes de l'Amazonie, afin de démontrer ce qui doit être fait, a expliqué le diplomate qui dirigera les méga-négociations à Belém, où se déroulera la COP30, ou Conférence des parties.
Quelle meilleure façon de s'attaquer à un problème que de l'affronter de front, aussi inconfortable soit-il? C'est ce qu'a déclaré le président désigné de la COP30, André Corrêa do Lago, diplomate brésilien chevronné, lors d'un entretien avec l'Associated Press au siège des Nations Unies.
«Nous ne pouvons pas occulter le fait que nous vivons dans un monde marqué par de nombreuses inégalités et où la durabilité et la lutte contre le changement climatique doivent se rapprocher des citoyens. C'est ce que le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, a en tête.»
«À Belém, vous découvrirez un pays et une ville en développement confrontés à d'importants problèmes d'infrastructures, avec encore, en termes relatifs, un pourcentage élevé de pauvreté. Le président Lula estime qu'il est essentiel de parler du climat, de penser aux forêts, à la pauvreté et au progrès», a expliqué le diplomate brésilien. «Il souhaite que chacun voie une ville capable de s'améliorer grâce aux résultats de ces débats.»
Les riches et les puissants, ainsi que les pays les plus pauvres, les militants et les médias, ressentent déjà un certain malaise avant même d'arriver à Belém. Même avec deux ans de préavis, le Brésil est très en retard pour ce qui est de la disponibilité des chambres d'hôtel et autres hébergements nécessaires à une conférence mondiale qui a accueilli jusqu'à 90 000 participants.
Le site officiel de la COP30 des Nations Unies indique que le Brésil disposera d'un portail de réservation officiel d'ici fin avril. Mais les plans précis n'ont été annoncés que la semaine dernière, lorsque le Brésil a annoncé avoir mis à disposition deux navires de croisière de 6000 lits pour faciliter l'hébergement, affirmant que le pays pourra héberger les participants de «tous les pays». Le plus grand pays d'Amérique du Sud compte également lancer un système qui permettra aux 98 pays les plus pauvres de réserver en priorité.
La hausse des tarifs d’hébergement constitue un défi, a admis M. do Lago. Certains établissements facturent 15 000 $US par nuit pour une personne. Il a affirmé que les prix «baissaient déjà», même si les médias locaux affirment le contraire.
M. do Lago a annoncé qu'il s'agirait d'un jour férié local permettant aux habitants de louer leur logement, ajoutant ainsi «une offre importante d'appartements».
Une année importante pour les négociations climatiques
C'est une année importante pour les négociations climatiques. L'accord de Paris sur le climat de 2015 imposait aux pays d'élaborer leurs propres plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel, puis de les actualiser tous les cinq ans.
Cette année, presque tous les pays doivent soumettre leur première mise à jour de plan. La plupart de ces mises à jour sont déjà en retard, mais les Nations Unies souhaitent que les pays les finalisent d'ici septembre, lorsque les dirigeants mondiaux se réuniront à New York. Cela leur donnerait le temps de calculer dans quelle mesure elles freineraient le changement climatique futur si elles étaient mises en œuvre – avant la COP six semaines plus tard.
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Dans une entrevue accordée à l'AP, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réitéré les attentes des responsables concernant ces plans: qu'ils couvrent l'ensemble de l'économie de chaque pays, qu'ils incluent tous les gaz à effet de serre et qu'ils soient conformes aux efforts visant à limiter le réchauffement climatique à long terme d'origine humaine à 1,5 °C (2,7 °F) depuis l'ère préindustrielle. Cet objectif est celui de l'Accord de Paris. Et c'est difficile, car la planète n'en est qu'à quelques dixièmes de degré et a même temporairement dépassé la barre des 1,5 °C l'année dernière.
M. do Lago s'attend à ce que les plans des pays ne parviennent pas à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 degré. Combler cet écart sera donc un élément crucial des négociations.
Certains points importants ne sont pas à l'ordre du jour
Certains des travaux les plus importants des négociations ne figureront pas à l'ordre du jour officiel, y compris ces plans, a averti le diplomate brésilien. Un autre point concerne l'élaboration d'une feuille de route visant à fournir 1300 milliards $US d'aide financière aux pays les plus pauvres pour lutter contre le changement climatique. Enfin, a-t-il ajouté, le Brésil «souhaite vivement parler de nature, de forêts».
L'Amazonie, située à proximité, a joué un rôle important dans l'écosystème de la planète, absorbant de grandes quantités de dioxyde de carbone de l'atmosphère, mais la déforestation constitue une menace majeure pour ce système. Selon une étude de 2021, certaines zones de l'Amazonie sont passées d'une réduction à une augmentation des concentrations de dioxyde de carbone dans l'air.
Mercredi, la plus haute juridiction des Nations Unies a statué qu'un environnement propre et sain est un droit humain fondamental. Cette décision pourrait renforcer les efforts visant à élaborer des mesures plus fermes lors de la conférence sur le climat de novembre, ont déclaré certains militants.
«L'incapacité d'un État à prendre les mesures appropriées pour protéger le système climatique (…) peut constituer un acte internationalement illicite», a soutenu le président de la Cour, Yuji Iwasawa, lors de l'audience.
Selon M. do Lago, le défi pour les pays est de considérer ces plans de réduction des émissions non pas comme un sacrifice, mais comme une occasion de changer et de progresser.
Il espère que les gens se souviendront de cette COP «comme une COP de solutions».

